Le Jurassique, une évolution sur mesure
Deuxième période de l’ère Mésozoïque, le Jurassique voit les dinosaures dominer la terre ferme. C’est aussi le moment de l’apparition des premiers oiseaux.
Situation géologique
À la suite de la séparation en deux grands blocs du supercontinent dénommé Pangée, ces blocs se divisent à leur tour progressivement. Le Gondwana se subdivise notamment en une plaque ouest (ou plaque arabo-afro-sud-américaine) et une plaque est (Madagascar, Inde, Australie et Antarctique). Dès le Jurassique inférieur, l’océan Atlantique commence à s’ouvrir tandis que l’océan Téthys atteint sa largeur maximale.
Une terre en mouvement
Plus chaud et plus humide en général, le monde jurassique n’est pour autant pas très différent de celui du Trias. Côté climat, les scientifiques ont longtemps cru que la période était stable mais ils pensent aujourd’hui qu’il n’en est probablement rien et que des épisodes chauds et froids ont alterné.
Des courants marins bousculent le climat
Au sein de la Pangée, la dislocation des continents a une incidence sur le climat général. Selon les époques de la période jurassique, la Terre enregistre des variations importantes de température globale. Elles pourraient être dues à des modifications dans les courants océaniques à la suite de l’ouverture de l’océan Atlantique.
Redistribution des espèces
Ouverture des mers, séparation progressive des continents… les modifications géomorphologiques de la Pangée vont avoir des conséquences différentes selon les milieux : alors que la plupart des faunes marines profitent de l’ouverture des voies maritimes pour se disperser sur toute la planète, les faunes terrestres se heurtent, elles, à des barrières géographiques. Toutes deux vont ainsi évoluer de façon opposée. Les premières vont devenir cosmopolites (semblables dans toutes les régions du monde) tandis que les secondes seront de plus en plus caractéristiques d’une région géographique délimitée.
Les plantes s’enracinent dans le paysage
Le paysage du Jurassique n’est pas très différent de celui du Trias et la flore témoigne d’une période de stabilisation. De grandes forêts de gymnospermes (ou plantes à ovules) se développent, on y trouve des conifères, des Ginkgos, des Cycas et des Bennettitales aujourd’hui disparues. En sous-bois, les fougères et les prêles continuent d'occuper une place importante.
Entrées en scène : de nouvelles formes de vie apparaissent
Moins violente que la précédente, la crise Trias-Jurassique s’étend sur une durée dix fois plus longue, soit près de 17 millions d’années. Responsable de la disparition de près de 80 % des espèces, elle va également permettre l’apparition de nouvelles espèces.
Dinosaure, vole !
Il y a près de 150 millions d’années, le premier oiseau prend son envol. Issu d’une lignée particulière de petits théropodes, les droméosauridés, Archaeopteryx n’est pas le premier dinosaure à être couvert de plumes car certains de ses prédécesseurs s’en paraient déjà pour séduire leur partenaire ou réguler la température de leur corps. Mais il est, parmi les dinosaures connus, le premier à être capable de voler ! Cependant il ne battait probablement pas des ailes mais les déployait plutôt comme un nageur de brasse papillon. Il appartient, avec les oiseaux modernes, au groupe des dinosaures aviens.
Le Trias, après la crise
Des mammifères encore discrets
Apparus au Trias, presque au même moment que les dinosaures, les premiers mammifères doivent se faire discrets pour pouvoir cohabiter avec ces redoutables sauriens. Mais, si les scientifiques ont longtemps pensé que ces animaux terrestres étaient tous de très petite taille, semblables aux musaraignes actuelles, on sait aujourd'hui que leurs groupes étaient bien plus diversifiés y compris en matière de régime alimentaire ou de modes de locomotion. Pour la plupart recouverts de fourrure, ils pouvaient être fouisseurs (creusant des terriers) ou arboricoles, diurnes ou nocturnes, insectivores mais pas seulement…
Des océans pleins de vie
Largement peuplés au Trias par des reptiles retournés au milieu aquatique, les océans ne désemplissent pas. On y trouve de nouvelles sortes de céphalopodes, les ammonites, qui ont rejoint les bélemnites triassiques toujours présentes en grand nombre. Toutes ces espèces servent de repas aux reptiles marins, comme Ichtyosaurus, Pliosaurus et Plesiosaurus. Capables de réguler leur température corporelle, ce qui leur permet de nager en eaux froides, les plésiosaures semblent être aussi d’excellents nageurs à même de s’aventurer en pleine mer : au Jurassique, on retrouve leurs fossiles sur tous les continents et à toutes les latitudes.
Ammonites et bélémnites, des marqueurs temporels
Les fossiles de céphalopodes, comme les bélemnites et les ammonites, offrent de pratiques repères temporels pour les scientifiques lors des fouilles. Caractéristiques de périodes et de milieux bien définis, ils sont largement présents dans des couches géologiques délimitées. Ces fossiles stratigraphiques contribuent ainsi à dater l’ensemble des éléments qui les entourent.
Les dinosaures à la conquête des continents
Un climat relativement clément, une nourriture abondante et la disparition de groupes jusqu’alors prédominants laissent le champ libre aux dinosaures qui grossissent aussi bien en taille qu’en répartition et en diversité. Mais ils ne sont pas seuls pour autant…
Les dinosaures prennent du poids
Les dinosaures prennent possession des continents. Installés sur des territoires spécifiques, ils développent des morphologies très diverses, adaptées à chaque milieu. Avec en particulier à la fin du Jurassique, une tendance commune au gigantisme.
Théropodes carnivores et sauropodes herbivores dépassent souvent les 10 mètres de long. Stégosaures de 9 mètres hérissé de pointes, ankylosaures couverts d'armures de plaques osseuses, brachiosaures de près de 20 mètres… les herbivores sont les plus impressionnants. Chez les carnivores, les tailles sont légèrement inférieures, entre 6 et 8 mètres pour Allosaurus ou Ceratausorus. Mais leur vélocité compense leur petite taille. Parfois, ils s’associent en meute pour chasser d’autres dinosaures, y compris de gros herbivores. Ou, comme Compsognatus, des petits mammifères et des insectes.
Qu’est-ce qu’un dinosaure ?
Le saviez-vous ?
Qu’ils soient carnivores ou herbivores, les dinosaures perfectionnent leur dentition : leurs dents poussent en permanence. Et leur estomac digère n’importe quoi. De quoi faciliter leur essor…
Un fourmillement d’insectes
Connu pour être la période de développement des dinosaures, le Jurassique est en réalité l’âge d’or des… insectes. Aux côtés des familles propres à cette période, tous les grands groupes d’insectes d’aujourd’hui existaient déjà à cette époque, avec en plus une diversité inégalée. Chez les seuls odonates, les demoiselles et libellules, on a dénombré plus de 30 familles jurassiques comme les Protolindeniidae. À l’inverse des dinosaures, la taille des insectes a commencé à diminuer dès la fin du Trias et, à la fin du Jurassique, les derniers insectes géants ont disparu.
Les piqueurs-suceurs à l’attaque
Les plumes des dinosaures et les poils des petits mammifères offrent de nouvelles opportunités aux insectes qui s’accrochent facilement à ces nouveaux hôtes. Une aubaine pour les puces, des insectes hématophages (qui se nourrissent de sang), qui font leur apparition. Des petits insectes volants comme les phlébotomes et les moustiques profitent également de ces proies dépourvues de cuirasse pour se propager et se diversifier.
Comment les insectes ont conquis la Terre
Le Jurassique dans l'histoire de la vie
Dossier rédigé en octobre 2023. Remerciements à Peggy Vincent, paléontologue spécialiste des reptiles marins du mésozoïque, chargée de recherche CR2P - UMR 7207, Nathalie Bardet, paléontologue spécialiste des reptiles marins, directrice de recherche CNRS CR2P - UMR 7207, André Nel, paléo-entomologiste, Professeur Institut de systématique, Evolution, Biodiversité - UMR 7205, Olivier Bethoux, paleontologue, chargé de la conservation des collections d'insectes préservés en empreintes, maître de conférence, CR2P - UMR 7207, Ronan Allain, paléontologue chargé de la conservation des collections de reptiles et d'oiseaux fossile, maître de conférence CR2P - UMR 7207, Florent Goussard, ingénieur d'études CR2P - UMR 7207, Anaïs Boura, paléobotaniste, maître de conférence CR2P - UMR 7207 pour leur relecture et participation.
Jurassique en voie d'illumination
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