L'histoire du Muséum

Du jardin médicinal dessiné au XVIIe siècle à l’établissement de recherche et d’enseignement d’aujourd’hui, quatre siècles ont façonné l’originalité du Muséum national d’Histoire naturelle, un établissement unique. Notre histoire, modelée par des hommes éclairés et des textes fondateurs, nos collections, parmi les plus riches du monde, nourrissent notre passion de toujours pour la compréhension du vivant, l’étude de la relation Homme-Nature qui écrit dès à présent notre futur.

Du jardin école au pôle de recherche

Dans une Europe prospère convertie aux jardins botaniques, un édit du Roi Louis XIII enregistré au Parlement le 6 juillet 1626 autorise la fondation d’un Jardin des plantes médicinales dans un faubourg de Paris, à la demande de Guy de La Brosse. La surintendance en est confiée à Jean Héroard, premier médecin du roi. Le 15 mai 1635, un édit de Louis XIII décide de l’implantation, entre la Bièvre et la rue du Faubourg Saint-Victor (actuelle rue Geoffroy Saint-Hilaire), du Jardin royal des plantes médicinales placé sous sa protection et non sous l’autorité de la Faculté. Suivent cinq ans de travaux et d’ensemencements nécessaires, avant l’ouverture au public en 1640 et le succès immédiat. Et pour cause ! Son triptyque d'enseignements — botanique, chimie et anatomie — est gratuit, accessible à tous et, de surcroît, dispensé en français (et non en latin). La Faculté, dominée par le clergé, va s’opposer – sans succès – aux recherches menées par le Jardin, considérées comme hérétiques par l’Église, telle que l’étude de la circulation sanguine.

Statue de Buffon par Jean-Marie Carlus, Jardin des Plantes, Paris

Statue de Buffon par Jean-Marie Carlus, Jardin des Plantes, Paris

© MNHN - A. Iatzoura

L’art de guérir avec les plantes cède le pas à l'histoire naturelle au tournant du XVIIIe siècle. C’est le début du long règne — 50 ans — du comte de Buffon, nommé surintendant du Jardin en 1739. Sa notoriété internationale et son travail acharné font du Jardin des Plantes l’un des phares scientifiques de l’époque. Cet âge d’or voit aussi l’extension de ce morceau de nature en plein Paris, qui occupe 26 hectares descendant jusqu’à la Seine.

L’idéal de vulgarisation scientifique de la Révolution française incite la Constituante à donner à l'établissement une existence juridique propre : en 1793, un décret fait naître le Muséum national d’Histoire naturelle. La nouvelle institution est dès lors dirigée par un directeur et adopte déjà des préoccupations toujours d’actualité : la recherche, l’instruction du public et la gestion des collections. Les enseignements sont répartis selon douze chaires professorales.

Une révolution chasse l’autre, industrielle cette fois… Au cours de la première moitié du XIXesiècle, le Muséum connaît une période de grande prospérité et bénéficie de protections politiques de poids, comme celles des ministres Chaptal et Thiers. Avec la nomination du chimiste Chevreul à sa tête, en 1836, il se tourne vers les sciences expérimentales. Faisant jeu égal avec sa rivale : l’Université. Cette période prend fin avec la promulgation en 1891 d’un décret signant le retour en force de l'histoire naturelle, en vigueur jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En 1907, le Muséum franchit un nouveau pas vers l’autonomie. La loi de finance le dote d’un budget propre.

Anonyme, « Vue du jardin du roi (côté de l'Amphithéâtre) », [1808], lithographie en couleur, 214x278 mm, IC 3527

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Nouvelles terres d’investigation

Les XIXe et XXe siècles, temps forts des explorations scientifiques, voient les collections s’enrichir. Parallèlement à ces nouveaux champs d'activité, le Muséum amorce un déploiement hors de la capitale. Dès 1849, il se voit confier la gestion du Paléosite de Sansan, dans le Gers (ouvert au public en 2018). Pour favoriser ses activités de recherche liées à la mer, il implante en 1928 son laboratoire maritime à Dinard (Ille-et-Vilaine). Son activité botanique ayant le vent en poupe, il devient propriétaire par legs de l'arboretum de Versailles-Chèvreloup (Yvelines), en 1934. Il hérite aussi de la propriété de l’entomologiste Jean Henri Fabre à Sérignan-du-Comtat, près d'Orange, en 1822. Aujourd’hui, le Muséum regroupe 12 sites en France métropolitaine, dont 3 à Paris.

À la sortie de la guerre, il s’implique dans la prise de conscience des ravages infligés aux milieux naturels par l’expansion de l’espèce humaine, la pollution et la surexploitation des richesses de la Terre. En 1948, le Muséum est partie prenante dans la création de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Plus tard, il installe dans ses murs un service de conservation de la nature (1962), le secrétariat de la Faune et de la Flore (1979) et une délégation permanente à l'Environnement (1992). La province n’est pas oubliée, avec l’acquisition dans les années 1950-60 de l’Abri Pataud en Dordogne, du Parc animalier de la Haute-Touche dans l'Indre, du Jardin botanique Val Rahmeh à Menton et de la Station de marine de Concarneau. Enfin, des organismes comme le Service de conservation de la nature s’installent dans ses murs.

Aimé Jacques Alexandre Goujaud dit Bonpland (1773 - 1858) et Alexander von Humboldt (1769 - 1859), Schönberger et Turpin (dessinateurs), Bouquet et Beaublé (graveurs), « Géographie des plantes équinoxiales : tableau physique des Andes et pays voisins », Paris, Langlois, 1805, carte imprimée, 61 x 91 cm, CM 5171 – FA

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Dates-clés

  • 1626 Édit du roi Louis XIII autorisant la fondation d’un Jardin des plantes médicinales dans un faubourg de Paris, sous l'impulsion de Guy de la Brosse, médecin ordinaire du roi.
  • 1635 Édit royal confirmant l’implantation et l’établissement du Jardin royal des plantes médicinales.
  • 1640 Ouverture du Jardin après son aménagement et son ensemencement, qui propose un enseignement en botanique, en chimie et en anatomie, destiné aux futurs médecins et apothicaires.
  • 1699 Guy-Crescent Fagon accède à la charge de surintendant du Jardin du roi.
  • 1739 Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, est nommé intendant du Jardin.
  • 10 juin 1793 Un décret de la Convention donne naissance au Muséum d'Histoire naturelle, organisé en 12 chaires de professeurs-administrateurs, animées au fil des siècles par de grands scientifiques comme Cuvier, Jussieu, Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire, Gay-Lussac, Chevreul, Becquerel…
  • 1793 Gérard van Spaendonck dessine le sceau du Muséum.
  • 1794 Ouverture de la Ménagerie au Jardin des Plantes.
  • 1827 Zarafa, première girafe vivante en France, traverse le pays à pied depuis Marseille jusqu'à la Ménagerie, suscitant une passion populaire.
  • 1841 Ouverture de la Galerie de Géologie et de Minéralogie.
  • 1889 Ouverture de la Galerie de Zoologie.
  • 1898 Ouverture de la Galerie de Paléontologie et d'Anatomie comparée.
  • 1934 Ouverture du Parc zoologique de Paris au bois de Vincennes.
  • 1938 Inauguration du Musée de l'Homme.
  • 1994 Ouverture de la Grande Galerie de l'Évolution, ancienne Galerie de Zoologie, après rénovation.
  • 2013 Réouverture de l'Herbier du Muséum, après rénovation.
  • 2014 Réouverture du Parc zoologique de Paris, après une complète métamorphose.
  • 2014 Réouverture de la Galerie de Géologie et de Minéralogie, avec l'exposition Trésors de la Terre.
  • 2015 Réouverture du Musée de l'Homme, après rénovation.

    Le Muséum est l’un des lieux de naissance de la chimie. Dès sa création en 1635 sur ordre de Louis XIII, le Jardin royal présente...

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