Définition

Qu'est-ce qu'un poisson ?

Depuis le milieu du siècle dernier, les poissons comprenaient les lamproies, les requins et raies, les poissons à nageoires rayonnées (comme la truite), le cœlacanthe et les dipneustes. Pour autant, pendant très longtemps, le terme "poisson" désignait tous les animaux vertébrés aquatiques ! Une baleine était tout autant un "poisson" qu’un crapaud, un crocodile ou une anguille.

Un terme générique inadapté

Si l’usage de ce mot est assez pratique, on se rend bien compte qu’il n’est pas très juste du point de vue de la zoologie. En effet, il réunit nombre d’animaux ayant un aspect similaire (vivant dans l’eau, avec des nageoires, des branchies et des écailles par exemple) mais en réalité ce groupe d’animaux ne forme pas un clade, c’est-à-dire la réunion d’un ancêtre et de tous ses descendants. Le groupe des poissons comprend bien un ancêtre, mais il lui manque une partie de ses descendants.

Parmi les poissons, on retrouve donc :

Petromyzon, lamproie marine

Petromyzon, lamproie marine

© 7activestudio - stock.adobe.com
  • Des Cyclostomes,

Des animaux ayant une corde dorsale et un crâne mais pas de mâchoires (comme les lamproies)

Dessin d'une raie beige à points bleus

Raie pastenague à points bleus

© MNHN - J. Montano
  • Des Gnathostomes, des animaux vertébrés à mâchoires.

Ce groupe comprend :

  • les Chondrichthyens (poissons à squelette cartilagineux comme les raies, les chimères ou les requins), leur nom vient du grec khondros, "cartillage" et ikhtus, "poisson",
  • des Ostéichthyens, à savoir les poissons osseux ainsi que... les tétrapodes ! Mais attention ! Ces derniers, animaux à quatre membres, ne sont jamais classés dans les poissons.

 

  • Mais aussi... Des poissons d'avril !

Ces derniers sont décrits par Pierre Michault en 1507 comme de jeunes garçons devant porter les lettres d’amour de leurs maîtres. Deux siècles plus tard, on donnera un poisson d’avril à quelqu’un lorsqu’on lui apprend une fausse nouvelle ou bien qu’on le pousse à faire quelque chose afin qu’il se ridiculise !

Grenouille feuille de Trinidad - Tétrapode

© MNHN - J. Montano

Espadon - Poisson osseux

© bekirevren - stock.adobe.com

Un terme ambigu

Les poissons posent donc un problème de classification en zoologie :

  • ou bien sont gardés les gnathostomes et il faut abandonner le terme de "poissons" (puisque les gnathostomes comprennent des poissons et des non-poissons),
  • ou bien on garde le terme de "poissons" mais alors on ne suit plus la règle de classification actuelle qui consiste à faire des clades (groupes qui comprennent un ancêtre et tous ses descendants).

Voilà pourquoi le terme de "poisson" est ambigu ! Ce terme est avant tout culinaire mais pas vraiment scientifique. En effet, lorsqu’on mange on n’est pas en zoologie ! On se réfère à la palette gustative des aliments. Le terme de poisson revêt alors une certaine utilité culinaire. Ainsi, on continuera à dire "poisson" chez le poissonnier et gnathostome, chondrichthyen, actinoptérygien en zoologie.

Poissonnerie

À la poissonnerie ...

© MNHN - P. Perret

Des poissons cartilagineux très sensibles

En plus du toucher, de la vue, de l’ouïe et du goût, tous les chondrichtyens ont un 6e et un 7e sens : ils peuvent ressentir avec une grande précision les variations de pression de l’eau et les champs électriques de leurs proies. Ils doivent pour cela ajuster en permanence leur cap en fonction de leurs ressentis.

Dessin de requin

Requin

© MNHN - G. Drouot

À la différence d’autres poissons, les requins ont une peau couverte de denticules dont la structure est similaire à celle des dents. Celles-ci apportent une très grande protection et les aident également à nager grâce à un écoulement laminaire le long des stries.

De la même façon que les dents, les denticules tombent et sont remplacées durant toute la vie du requin. Avant même d’être nés, les requins commencent à perdre leurs dents ! Celles-ci, ayant une taille très variable, sont remplacées très régulièrement (entre quelques jours et quelques mois).

Des noms hauts en couleurs !

Nombre de poissons jouissent de qualificatifs originaux. On rencontre ainsi une "raie-guitare", l'espadon est appelé "poisson-épée" de par son bec pointu, les "poissons-scies", le "requin-lézard", le "requin pèlerin" qui a l’habitude de parcourir de grandes distances, les "requins marteaux", le "poisson vache" et bien d’autres !

Comment les poissons ont-ils des petits ?

Les chondrichtyens connaissent plusieurs modes de développement de leurs embryons :

  • Certains sont ovipares : après une fécondation, les œufs sont déposés sur le fond marin, protégés par une capsule. Les embryons s’y développent et naissent jusqu’à un an après.
  • D’autres sont ovovivipares : cela signifie que la capsule contenant l’œuf reste au sein de l’utérus de la femelle après la fécondation. L’éclosion de l’œuf se passe donc dans l’utérus.
  • Enfin, certains sont vivipares : plus besoin de capsules ici car les œufs se développent dans l’utérus de la femelle, nourris par une sorte de placenta.

Des poissons incognito

Certains poissons (surtout des requins et des raies) ont une capacité d’homochromie, c’est-à-dire que leur couleur de peau imite celle du sédiment dans lequel ils s’enfouissent, ce qui leur permet de ne pas pouvoir être détectés.

Article rédigé en mars 2023. Remerciements à Guillaume Lecointre, zoologiste et systématicien au Muséum, pour sa relecture et sa contribution.

Notes de bas de page