Ours blanc sur la banquise
Mammifère

Ours polaire

Ursus maritimus

L’ours blanc est un mammifère vivant dans les régions autour du pôle Nord. Cousin de l’ours brun, il est le plus grand carnivore terrestre ! C’est un habile chasseur bien adapté à son environnement maritime. Il est aujourd’hui gravement menacé par le changement climatique et la pollution environnementale.

Ours blanc sur la banquise

Ours polaire (Ursus maritimus)

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L’ours blanc, un cousin de l’ours brun

Aux origines de l’ours polaire

Les origines de l’ours polaire sont fortement liées à l’histoire de l’ours brun actuel : en effet, les premières traces de différenciation entre les 2 espèces datent d’il y a 1,3 million d’années. On considère que l’espèce de l’ours polaire se serait complétement individualisée il y a 300 000 ans, à partir d’un groupe d’ours bruns originaire du sud de l’Alaska (plus précisément de l’Archipel Alexander). Isolés de leurs congénères par des glaciations successives, ces ours auraient évolué de façon spécifique et c’est ainsi que l’ours polaire serait né.

Au cours de son évolution, l’ours polaire a évolué pour occuper une niche écologique étroite et s’est spécialisé au milieu arctique. L’ours polaire est la seule espèce d’ours considérée comme un mammifère marin, ce que rappelle d’ailleurs son nom scientifique : Ursus maritimus. Cette spécialisation, nécessaire à sa survie dans ce milieu si extrême, entraîne une grande fragilité de l’espèce. En effet, l’ours polaire doit faire face aux modifications rapides de son habitat liées au changement climatique global.

Cap au Nord

L’ours polaire est une espèce endémique de l'Arctique. Son aire de répartition est circumpolaire, c’est-à-dire qu’il vit autour du pôle Nord. On estime à 26 000 individus la population d’ours blancs, subdivisée en 19 sous-populations géopolitiques : Svalbard et mer de Barents, Groenland, Canada, Alaska et Russie. L'ours blanc est toujours inféodé à la banquise, ce qui signifie que ce milieu lui est vital car c’est à la fois son lieu de chasse, de repos et de reproduction. Toute la vie de l’ours polaire est donc liée à la banquise.

Ours blanc sur la banquise

Ours blanc (Ursus maritimus)

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Parfaitement adapté à son milieu

Son physique en fait un animal parfaitement adapté aux conditions climatiques extrêmes de l’Arctique. Il a une fourrure épaisse (avec 2 types de poils : des poils de jarre longs et imperméables et des poils de bourre, fins et laineux), une couche de graisse protectrice (qui augmente la protection thermique), de petites oreilles rondes (qui limitent la déperdition de chaleur) et un long museau. Par l’augmentation de la surface d’échange des fosses nasales, l’air inspiré est bien réchauffé et son odorat est particulièrement performant : il est même capable de détecter une proie jusqu’à 10 km ! Le dessus de ses larges pattes semi-palmées est couvert de poils qui l’isolent du contact avec la glace : cela permet à ce grand vagabond de marcher sur la neige sans s’enfoncer, comme nous lorsque l’on porte des raquettes. Sur les coussinets plantaires, de petites rugosités servent d’antidérapants. Les griffes, courtes et massives, sont idéales pour s’agripper à une plaque de banquise ou à une proie : voilà qui l’empêche de glisser !

L’ours polaire est un très bon nageur, très à l’aise dans l’eau, il peut nager sur plusieurs dizaines de kilomètres sans difficultés. Il utilise ses pattes de devant comme des rames, ses pattes de derrière agissent comme un gouvernail.

Un ours albinos ?

L'ours polaire n'est pas un ours brun albinos, puisque sa blancheur n’est pas le résultat d'une mutation génétique qui induit un déficit de la production d'un pigment nommé mélanine. Ses poils ne sont pas non plus pigmentés en blanc. Ils sont incolores, translucides et…creux ! C'est la réflexion de la lumière visible sur la surface interne de ces poils creux qui les fait apparaître blancs (exactement comme les flocons de neige) ou jaunâtres (selon l’intensité de la lumière extérieure, la présence d’algues dans les poils…). Sous son pelage, l'ours polaire a une peau complètement noire ce qui lui permet d'absorber l'énergie du spectre infrarouge et donc de conserver sa chaleur.

Des chasseurs aux sens aiguisés

Ours blanc en train de chasser

Ours blanc (Ursus maritimus) venant de chasser un phoque en Norvège

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L’ours polaire est le plus grand carnivore terrestre du monde ! Il chasse principalement des phoques (de 50 à 70 phoques par an) et en dehors de cette proie habituelle, il se contente de charognes, végétaux et oiseaux à terre. L’ours possède 3 techniques de chasse différentes pour capturer des phoques selon la période de l’année.

  • En hiver, l’ours chasse à l’affût, couché sur la banquise devant le trou par lequel les phoques viennent respirer. Un violent coup de patte brise le cou du phoque remonté à la surface, ce qui permet à l’ours de réussir à le hisser sur la banquise.
  • Au printemps, l’ours détecte les tanières dans lesquelles les phoques mettent au monde leurs petits. L’ours saute de tout son poids sur ces abris de neige et peut ainsi se saisir des blanchons (les bébés phoques).
  • À la fin du printemps, les phoques s’exposent au soleil sur la banquise, à proximité de leurs trous de respiration. L’ours s’approche alors en rampant, face au vent, et se précipite sur ses proies lorsqu’il est à une vingtaine de mètres.

Eternel vagabond, l'ours polaire est à la recherche constante de nourriture. En hiver, il n’hiberne pas mais erre sur la banquise en quête de proies (à l’exception des femelles gravides). Il est solitaire, ne vit donc pas en communauté et n’est pas territorial. En étant au sommet de la chaîne alimentaire, ce prédateur très spécialisé est un indicateur sensible de la santé de l’écosystème arctique et nous aide à surveiller et à comprendre les changements climatiques rapides que connaît cette région. On dit qu’il est un "bio-indicateur".

L’année bien rythmée de l’ours blanc

Son alimentation est essentiellement composée de phoques, des animaux qu’il ne peut chasser que sur la banquise. Cela rend l’ours polaire directement dépendant du cycle biologique des espèces chassées, elles-mêmes fortement liées à la formation de la banquise (l’embâcle, en novembre) et à sa fonte (la débâcle, en juin). Par conséquent, l’ours polaire a dû s’adapter : il se nourrit un peu en hiver (lorsqu’il y a de la banquise), principalement au printemps (durant la saison de reproduction des phoques), tandis que l’été est une période de disette (absence de banquise et donc de phoques). L’été, l’ours polaire rejoint la terre ferme pour sillonner le littoral à la recherche de nourritures opportunistes (carcasses, œufs, oiseaux…) jusqu’à la prochaine formation de la banquise.

Ours blanc sur la banquise fondue

Ours blanc (Ursus maritimus) face à la fonte de la banquise

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Changements climatiques et impacts sur la vie de l’ours blanc

La fonte précoce de la banquise et sa formation de plus en plus tardive, liées aux bouleversements climatiques qui touchent l’Arctique, allongent les périodes de jeûne de l’ours polaire, réduisent son territoire de chasse et les privent de ressources alimentaires. Or l’ours polaire doit constituer des réserves de graisse importantes pour survivre pendant les périodes de disette. Tout leur rythme annuel est donc remis en cause par les effets du réchauffement climatique. La possibilité d'accumuler des réserves de graisse et de calories avant la période de disette estivale se réduit entrainant aussi une diminution du rythme des naissances et le nombre de petits par portée.

Petit ourson deviendra grand

L’ourse a en général sa première portée entre ses 5 et 6 ans. Elle donne naissance en décembre ou début janvier, soit 210 à 260 jours après l’accouplement. Pour se faire, elle va dans une tanière, et accouche de 2 à 3 oursons qui ne pèsent que 450 à 800 grammes. À la naissance, les petits oursons sont aveugles. Ils se nourrissent d’un lait très riche en graisse, ce qui leur permet de rapidement se développer. C’est grâce à l’importante réserve de graisse de l’ourse, accumulée pendant les 4 mois d’alimentation, qu’elle peut survivre pendant cette période de jeûne durant de 6 à 8 mois consécutifs, durant lequel elle perd entre 40 à 50 % de son poids ! Si les oursons sortent de leur tanière pour la première fois entre fin février et mi-avril et seront sevrés au bout de 14 à 18 mois, la majorité des oursons restent avec leur mère jusqu’à leurs 2 ans et demi. Cette période d’apprentissage est d’ailleurs nécessaire à leur éducation.

Femelle ours blanc et ses petits

Femelle ours blanc (Ursus maritimus) et ses petits

© U. Sergey - stock.adobe.com

Devenir autonome

Voilà le cap le plus difficile à passer dans la vie d’un ours polaire qui doit chasser et affronter son premier hiver en ayant constitué assez de réserves pour survivre ! Le taux de croissance est faible chez l’ours polaire : les femelles ne se reproduisent que tous les trois ans, et souvent seul un ourson survivra. Durant le premier hiver, beaucoup des oursons ayant survécu meurent. Passé les premiers mois de vie solitaire qui sont les plus durs, le jeune qui a survécu peut vivre jusqu’à une trentaine d’années. Mais d’autres facteurs de mortalité peuvent intervenir : le changement climatique, la pollution chimique et le développement de nouvelles activités économiques qui perturbent la vie des ours.

Lire aussi

Le changement climatique

L'ours polaire, une espèce vulnérable

L’Ours polaire est inscrit sur la liste rouge de l’UICN en tant qu’espèce vulnérable, avec 8 des 19 populations du monde en déclin. Aujourd’hui, l’ours polaire est principalement menacé par la perte de son habitat liée au changement climatique et à la fonte des glaces.

La fonte des glaces, une menace pour l’ours polaire

En effet, le réchauffement climatique provoque la fonte des glaces, il y a donc moins de banquise, ce qui réduit le territoire de chasse de l’ours polaire. Autre conséquence du réchauffement climatique : la banquise se forme de plus en plus tardivement. Cela oblige l’ours polaire à patienter plus longtemps sur les côtes, puisant un peu plus dans ses réserves de graisses, en attendant la formation de son territoire de chasse. Ces conséquences du réchauffement climatique entrainent un phénomène de malnutrition chez l’ours polaire.

La pollution chimique

Les polluants chimiques sont également une menace pour l’ours polaire. Atteignant les régions arctiques via les transports aériens et océaniques, les polluants se dégradent peu voire pas du tout dans l’environnement. Cela signifie qu’ils ne font que s’y accumuler dans la nature. Dans son organisme, l'ours polaire accumule des substances chimiques issues de nos activités industrielles et agricoles (telles que le mercure, le plomb, ou des polluants organiques persistants, les hydrocarbures, ou les pesticides). Concentrés par les différentes espèces tout au long de la chaîne alimentaire, les polluants s’accumulent dans la graisse de l’ours pouvant atteindre des doses très toxiques entrainant des anomalies congénitales. On note, par exemple, un dysfonctionnement du système endocrinien et le développement de maladies chroniques chez ces animaux.

Le plastique

En plus de la pollution chimique, la pollution au plastique perturbe la biodiversité arctique dans sa totalité. On a retrouvé 17 formes du polymère, contenus dans des produits de la vie quotidienne, comme le vernis à ongles, les filtres à cigarettes, les peintures, les emballages ou les bouteilles, ont été détectés dans des échantillons d’eau arctique. Ces particules microscopiques peuvent flotter à la surface de l’eau ou même couler jusqu’à se déposer dans les profondeurs avec des conséquences graves sur la santé des animaux marins et notamment de l’ours, qui en absorbent en grande quantité.

Bateau de touristes venus observer les ours polaires (Ursus maritimus​​​​​​​)

Bateau de touristes venus observer les ours polaires (Ursus maritimus)

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Nuisances et chasse

Le développement de nouvelles activités économiques comme l’exploitation de ressources naturelles (pétrole et gaz), la chasse à des fins commerciales encore maintenue dans certaines régions et un tourisme hivernal autour des tanières, zones de reproduction (au Canada) entraine une nuisance environnementale destructrice pour l’ours polaire mais aussi pour l’ensemble de l’écosystème arctique.

L’ours polaire est aujourd'hui un animal hautement menacé dont l’extinction est annoncée pour la fin du siècle.

Article rédigé en septembre 2023. Remerciements à Aude Lalis, Chercheuse en génétique à l'Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité, et chargée de la Collection de Mammifères marins au Muséum national d’Histoire naturelle, pour sa relecture et sa contribution.

Notes de bas de page