Définition

Qu'est-ce qu'une zoonose ?

Une zoonose est une maladie humaine dont l’agent infectieux est originaire d’une autre espèce animale dite « espèce réservoir ». Les zoonoses représentent la majorité des maladies infectieuses que nous connaissons : la grippe, la peste, la rougeole, la rage, et bien d’autres.

D'où viennent les zoonoses ?

Les zoonoses se développent suite à la fréquentation ou à la domestication d’animaux sauvages. Plus les humains sont proches de façon constante ou répétée avec certains animaux, plus ils ont de chances d’être confrontés à des pathogènes.

Les agents pathogènes (qu’ils soient des virus, des bactéries ou autres) ne peuvent pas vivre dans toutes les espèces animales, ni provoquer une maladie dans toutes les circonstances. Il faut donc qu’il y ait une évolution du pathogène ou une préadaptation afin qu’il puisse infecter le corps humain.

Y'a-t-il de plus en plus de zoonoses ?

Déforestation

Déforestation en forêt tropicale

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Une augmentation de la promiscuité

Depuis plusieurs décennies, la promiscuité entre animaux réservoirs de pathogènes et humains a augmenté significativement.

D’une part, étant plus nombreux et pourvus de moyens techniques grandissants, les humains investissent de plus en plus de milieux naturels, ce qui les confronte davantage à la faune sauvage. En effet, 200 millions d’hectares de forêts tropicales ont disparu en 40 ans avec des milieux forestiers de plus en plus fragmentés. La taille des lisières a ainsi beaucoup augmenté, ce qui a eu pour conséquence d’augmenter la surface de contact entre la faune sauvage et les humains. Ainsi, pour trouver de la nourriture, les animaux sauvages doivent sortir des forêts. À l’inverse, les humains y entrent pour chasser voire braconner. Par ailleurs, les animaux sont en moins bonne santé car leurs populations sont moins régulées par leurs ennemis naturels. Ils auraient ainsi une charge potentiellement plus élevée en pathogènes.

Le virus Ebola suit tout à fait le schéma : les pics épidémiques de la maladie les plus hauts étaient localisés en zone de déforestation récente, là où chauves-souris réservoirs étaient directement en contact avec les humains.

Moustique tigre au corps rayé noir et blanc.

Moustique tigre (Aedes albopictus)

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Le développement des transports

La disparition progressive de l’isolement des populations a également favorisé le développement des zoonoses. En effet, il y a quelques décennies, une population infectée dans un village serait restée dans ledit village. La contamination vers d’autres humains serait donc restée relativement limitée géographiquement. D’autre part, les animaux aussi sont présents sur de nouveaux territoires : certains sont braconnés tandis que d’autres sont transportés involontairement. C’est le cas du moustique tigre, par exemple.

D’autre part, les élevages d’animaux, en très forte croissance, provoquent à leur insu la sélection d’agents pathogènes qui deviennent donc de plus en plus virulents. En effet ces animaux sont très nombreux mais n’ont qu’une faible diversité génétique, sachant qu’ils ont une forte promiscuité entre eux et avec les humains. Cela favorise le développement de zoonoses et sa transmission, comme nous avons pu le voir avec le virus Nypah parmi les porcs.

Depuis le début du XXe siècle, une dizaine de maladies virales ont émergé. Leur point commun : toutes proviennent de la confrontation entre les humains et des espèces animales autrefois contingentées dans leur milieu naturel.

© MNHN - 2021. Réalisation : S. Pagani, X. Simon

Comment éviter la multiplication des zoonoses ?

Pour empêcher le développement et la multiplication des zoonoses, il faut directement traiter les causes de leur apparition : diminuer la conversion des milieux sauvages et l’interfaçage entre animaux réservoirs et humains ainsi que réduire l’introduction d’espèces exotiques vectrices. Il faudrait également limiter les élevages industriels et le braconnage d’animaux.

Article rédigé en avril 2023. Remerciements à Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique au CNRS, chercheur à l'Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (UMR 7205), pour sa relecture et sa contribution.

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