Les baleines, ces incroyables cétacés

Colosses de la planète, les baleines ne cessent de nous fasciner ! Mammifères comme nous, elles évoluent pourtant dans un milieu bien différent du nôtre : l’océan. Découvrons ces géants des mers et leurs remarquables adaptations au milieu aquatique.

Les baleines ne sont pas des poissons !

Baleine bleue nageant à la surface de l'eau, le dos à l'air libre.

Baleine bleue

NOAA Photo Library

Malgré leur ressemblance avec les poissons, les baleines sont bien des mammifères. Elles appartiennent à l’ordre des cétacés, dont l’ancêtre était… un animal terrestre ! Leurs plus proches parents actuels sont les hippopotames.

Contrairement aux poissons qui respirent dans l'eau par des branchies, les cétacés possèdent des poumons, ils plongent en apnée et doivent remonter respirer à la surface.

Leurs membres, bien que transformés en palettes, ont conservé la même structure que ceux des mammifères terrestres : ils n’ont pas de nageoires mais des bras, des avant-bras et des mains ! Les mouvements de la queue et les ondulations du corps se font dans un plan vertical tandis que ceux des poissons se font dans un plan horizontal.

Enfin, comme les autres mammifères, les cétacés portent et allaitent leurs petits. La baleine bleue peut par exemple produire plus de deux cents litres de lait par jour au début de l'allaitement ! En général, les baleineaux sont sevrés vers six mois, notamment chez les espèces migratoires.

Baleine et baleineau nageant côte à côté à la surface de l'eau.

Baleine et baleineau

© G. Pozzi - Unsplash

Les baleines : des animaux hors norme

Rorqual bleu

Rorqual bleu exposé dans la Grande Galerie de l'Évolution

© MNHN - J.-C. Domenech

Les baleines sont connues pour leur taille impressionnante. Parmi elles, la baleine bleue – ou rorqual bleu – est le plus grand animal vivant sur Terre. La baleine bleue peut atteindre une longueur d’environ 30 mètres, soit près de 3 autobus accolés : une taille qui surpasse même celle des plus gros dinosaures. Avec une masse comprise entre 75 et 130 tonnes, soit l’équivalent d’une vingtaine d’éléphants, c’est aussi un véritable poids lourd ! 

Mais il n’y a pas que par leur taille ou leur poids que les baleines atteignent des records. Le record de longévité chez les mammifères serait détenu par la baleine boréale : alors que le plus vieux spécimen connu était estimé à 211 ans, une méthode scientifique permettant de calculer la longévité d’une espèce à partir de son ADN a montré que ces baleines franches pourraient vivre jusqu’à 268 ans !

Alimentation, sommeil, communication : des adaptations étonnantes

Des géants qui se nourrissent de proies minuscules

Krill, copépodes, anchois, hareng, sardine, maquereau, calmars, seiches… Le menu des baleines n’est composé que de toutes petites proies. 

Les techniques pour se nourrir varient selon les espèces. Les "écrémeuses", comme les baleines franches, filtrent l'eau de petits animaux marins grâce à leurs fanons. Les "engouffreuses", comme les rorquals et les baleines à bosse, prélèvent avec leur gueule ouverte un énorme volume d'eau chargée de proies.

Une ingénieuse technique de chasse

Pour piéger et concentrer ses proies, la population de baleines à bosse d'Alaska privilégie la stratégie collective. D'abord, elles se placent à une quinzaine de mètres sous le banc de poissons, puis elles remontent à la surface selon un mouvement de spirale qui se resserre et produisent un filet de bulles qui encercle leurs proies. Une fois à proximité du banc, elles n'ont plus qu'à ouvrir leur gueule et à « engouffrer ».

Baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) © Guillaume Marion

Pour s’alimenter, les baleines à bosse peuvent utiliser la technique du filet de bulles dans le but d’encercler leurs proies.

© G. Marion

Sous l’eau, un monde sonore

La perception et la communication sonore sont particulièrement développées chez les cétacés.
Selon le moment, selon leur espèce, et même selon le groupe auquel ils appartiennent, les cétacés émettent pour communiquer des sons d'une étonnante diversité, allant des vocalises (son avec une ou plusieurs fréquences) aux clics (sons brefs) : glapissements, grognements, grondements, grincements, gémissements, cris, sifflements, clins buzz.

Les sons émis par les baleines sont aussi très intenses. Il est possible d'entendre des baleines bleues à plus de 50 km. Quant aux chants des baleines à bosse, ils sont tellement forts qu'ils peuvent faire vibrer la coque d'un bateau à proximité.

Le rôle de ces émissions sonores peut avoir plusieurs fonctions : elles permettent la cohésion du groupe et la socialisation des individus (relation mère-petit, recherche de partenaire, défense d'un territoire ou affirmation d'une hiérarchie...) et seraient aussi utilisées pour rechercher de la nourriture, identifier des proies, des dangers, ou s'orienter.

L’audition est une fonction vitale pour les Cétacés qui ne peuvent vivre sourds. Les odontocètes (cétacés à dents) et certaines baleines peuvent faire appel à l'écholocalisation, sorte de sonar naturel.

Cétacés dans l'océan.

Visuel de l'exposition Incroyables cétacés !

© MNHN
Tête d'une baleine juste sous la surface de l'eau.

Tête d'une baleine

© D. Mark - Pixabay

Un sommeil en pointillé

Comment les baleines font-elles pour dormir sous l’eau ? Leur secret est de ne dormir qu’à moitié !

La respiration des cétacés n'est pas un acte réflexe, mais un acte commandé qui nécessite une organisation très particulière du sommeil. En effet, lorsqu'un cétacé dort, les deux hémisphères de son cerveau se relaient : l'un sommeille pendant que l'autre est en éveil et peut commander la remontée en surface pour respirer.

Les baleines, championnes de l’apnée ?

Les baleines sont aussi de vraies championnes de l’apnée, en particulier la baleine à bec qui est capable de rester plus de deux heures sous l’eau contre seulement quelques minutes pour les humains. 

Au cours de leur bref passage à la surface, les cétacés renouvellent 90 % de l'air dans leurs poumons, contrairement à la plupart des mammifères terrestres qui en renouvellent moins de 20 % lors de l'inhalation. En quatre secondes, un rorqual commun échange 3 000 fois plus d'air qu'un humain ! Force est de constater qu’une fois de plus, nous ne faisons pas le poids…

Les baleines : une espèce menacée

La gigantesque stature des baleines ne les protège pas des nombreuses menaces qui pèsent sur elles. Les baleines ont longtemps été une ressource économique importante, ce qui leur a valu d'être traquées avec des moyens de plus en plus considérables, amenant certaines espèces au bord de l'extinction.

Aujourd’hui, les populations de baleines bleues peinent à augmenter, d'autant plus que leur reproduction est lente, avec des petites portées tous les 2 à 3 ans. La chasse illégale, le trafic maritime, la pollution chimique et plastique, ou encore les impacts du réchauffement climatique menacent leur survie.

Une commission baleinière internationale pour protéger les cétacés

En décembre 1946, 14 États, dont la France, ont signé une convention internationale pour réguler la chasse aux grands cétacés. En 2007, elle réunit 75 pays signataires.

Cette convention s’est progressivement donné pour mission de conserver les baleines, en votant un moratoire, en vigueur depuis 1986, sur la chasse commerciale, en gérant les quotas des chasses traditionnelles actuellement autorisés ou encore en permettant la création de sanctuaires baleiniers, comme celui de l'Antarctique, d'où toute chasse commerciale est exclue.

Squelette de baleine australe exposé dans la Grande Galerie de l'Évolution

Baleine australe (Eubaleina australis) - Grande Galerie de l'Évolution

© MNHN - A. Iatzoura
 Squelette de baleine australe exposé dans la Grande Galerie de l'Évolution.

Baleine australe (Eubaleina australis) - Grande Galerie de l'Évolution

© MNHN - A. Iatzoura
Squelette de rorqual bleu vu de dessous, exposé dans la Grande Galerie de l'Évolution.

Rorqual bleu (Balaenoptera musculus) - Grande Galerie de l'Évolution

© MNHN - A. Iatzoura
Squelette de baleine australe vu de dessus, exposé dans la Grande Galerie de l'Évolution.

Baleine australe (Eubaleina australis) - Grande Galerie de l'Évolution

© MNHN - A. Iatzoura

Dossier rédigé en février 2022

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