Le corps a-t-il une date de péremption ?

Les avancées de la médecine rallongent sans cesse l’espérance de vie humaine. Mais le corps humain a ses limites et passé 100 ans, la machine s’enraye irrémédiablement.

Les centenaires ne datent pas d'hier

L’espérance de vie de l’Homme a fait un bond spectaculaire ces cent dernières années. Dans les conditions de mortalité de 2013, une Française vivait en moyenne 85,0 ans et un Français 78,7 ans. « L’augmentation de l’espérance de vie de l’homme ces dernières décennies s’explique surtout par la baisse de la mortalité infantile », souligne Alain Froment. « C’est vrai qu’il y aura de plus en plus de centenaires, mais il y en avait déjà dans l’Antiquité ». « On retrouve beaucoup de restes de personnes âgées parmi les fossiles anciens, même si on était certainement âgé plus jeune », confirme Evelyne Heyer, professeur en anthropologie génétique. S’il vivait à notre époque, un homme de Cro-Magnon, Homo sapiens tout comme nous, vivrait sans doute aussi longtemps que nous !

Le cap des 100 ans

Chromosomes

Les télomères, aux extrémités des chromosomes.

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« Si l’on échappe aux maladies de la vie, les progrès scientifiques peuvent nous permettre de vivre centenaire voire un peu plus longtemps », précise Alain Froment. En France, le record de longévité est détenu par Jeanne Calment, morte en 1997 à l’âge de 122 ans et 164 jours. La France comptait en 2013 plus de 15 000 centenaires. Ils seront 200 000 en 2060. Une augmentation que l’on doit bien sûr aux progrès de la médecine et à une meilleure connaissance du corps humain. Mais les percées scientifiques vont-elles pouvoir repousser indéfiniment l’âge de la mort ?

Passé 100 ans, il semblerait que notre corps passe bien un cap fatidique. « Les cellules ont du mal à fonctionner », explique Alain Froment. « Les télomères, une partie de l’extrémité des chromosomes, dont le raccourcissement progressif est associé au vieillissement, sont irrémédiablement altérés ». Dans 100 ou 200 ans, il est tout à fait possible que les biotechnologies, ou le « remplacement » d’organes clés de notre organisme, repoussent encore un peu plus l’âge de la mort. Mais le rêve d’une immortalité chère au transhumanisme semble hors de portée.

Article rédigé en 2015. Alain Froment, Associé au Muséum d’histoire naturelle (UMR 7206, Éco-anthropologie)

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