
Partager sur
Le programme des sociétés humaines actuelles ressemble plus à une course démographique par obligation de chacun à se reproduire, qu’à une rébellion contre l’idée que procréer soit un bien inaliénable.
L'humain, individu conscient
« La nature est une vaste machinerie de reproduction aveugle » dit le théoricien de l’évolution Richard Dawkins. Dans le monde vivant, les individus sont les instruments de la somme des gènes qui favorisent leur propre réplication. Des gènes qu’il a qualifiés d’« égoïstes ».
« Nous, c’est-à-dire nos cerveaux, sommes suffisamment séparés et indépendants de nos gènes pour nous rebeller contre eux. […] Nous sommes les seuls sur Terre à pouvoir nous rebeller contre les gènes égoïstes » dit Dawkins. En effet, la conscience du lien entre sexualité et reproduction que les humains ont développé est une réalisation absolument extraordinaire qui seule permet de contrecarrer la course suicidaire à la reproduction que mènent, en théorie, toutes les espèces (dès lors où elles ne sont pas limitées par des prédateurs ou les ressources).
Tamarin-lion doré
© MNHN - E. BarilUne course démographique aveugle
Les humains, s’ils savent pratiquer la sexualité pour le seul plaisir, sont aussi les seuls sur Terre à pratiquer le coït dans le but d’avoir des enfants. L’espèce a, on le sait, atteint les 7 milliards. Qui nous arrête ? Le programme des sociétés humaines actuelles ressemble plus à une course démographique par obligation de chacun à se reproduire, qu’à une rébellion contre l’idée que procréer soit un bien inaliénable ! Nous sommes donc, culturellement, une espèce qui singe consciemment ce que fait la Nature, avec toutes les conséquences de cet aveuglement égoïste.
Priscille Touraille, socio-anthropologue au Musée de l’Homme