Mammifère

Lamantin des Antilles

Trichechus manatus manatus

Mammifère de l’ordre des Siréniens, le lamantin des Antilles est une sous-espèce peu connue du grand public. Exclusivement herbivore, il se nourrit d’algues et de plantes aquatiques qu’il broute à la manière d’un ruminant, ce qui lui vaut d’être surnommé « vache de mer ».  

Le lamantin, un « ruminant » aquatique atypique ?

Le lamantin des Antilles (Trichechus manatus manatus) est une sous-espèce du lamantin des Caraïbes (Trichechus manatus), un mammifère atypique dont l’aire de répartition s’étend de l’est des État-Unis à la région nord-est du Brésil. Strictement herbivore, le lamantin se nourrit de nombreuses espèces d’algues et de plantes aquatiques : il peut passer entre 6 et 8 heures par jour à manger près de 50 kg de nourriture !

Mais méfiez-vous des apparences : même s’il est souvent observé en train de brouter des herbiers marins, le lamantin est loin d’être un ruminant. C’est même plutôt l’inverse puisque, contrairement à la vache, qualifiée de ruminant pour son estomac complexe, le lamantin ne dispose que d’un estomac simple et la digestion s’effectue dans la partie terminale de son tube digestif, à la manière d’un cheval ou d’un rhinocéros. Le secret qui lui permet d’ingérer d’énormes quantités de nourriture réside, tout comme la vache, dans son tube digestif, d’une longueur exceptionnelle : près de 40 m, soit l’équivalent d’un immeuble de 15 étages !

Le saviez-vous ?

En biologie, le terme « sous-espèce » permet de désigner des populations d’individus d’une même espèce capables de se reproduire entre elles mais qui diffèrent par des caractéristiques morphologiques, écologiques, éthologiques ou autres.

Une autre particularité du lamantin est qu’il a besoin d’eau douce pour s’abreuver : il peut trouver cette eau dans sa nourriture ou autour de lui s’il vit dans un fleuve. Les lamantins qui vivent en mer élisent quant à eux souvent domicile à proximité de sources d’eau douce.

Un système de détection au poil

Tinus le lamantin

© MNHN - F.-G. Grandin

Son nom de genre, Trichechus, vient du grec trikhos (poil) et ékho (avoir). Il fait référence aux poils (les vibrisses) qui recouvrent son museau et son corps. Ces prolongements kératinés transmettent les vibrations de l’eau à des organes sensoriels situés à leur base, permettant au lamantin de se repérer facilement dans son environnement, même lorsqu’il est amené à évoluer dans des eaux sombres et troubles

Sa lèvre supérieure, semblable à une moustache, est souple, riche en fibres musculaires et préhensile. Elle peut être utilisée pour manipuler la nourriture mais aussi comme moyen de communication lors d'interactions sociales.

Une histoire évolutive éléphantesque

47 millions d’années : c’est l’âge des plus anciens fossiles de Siréniens ! À cette période (que l’on appelle l’Éocène), ces mammifères vivaient principalement le long des côtes, fleuves et estuaires d’Afrique du Nord. Et, alors qu’ils sont aujourd’hui strictement aquatiques, ils possédaient à l’époque quatre membres et pouvaient marcher sur terre. Pas étonnant lorsque l’on sait que leurs plus proches parents vivants sont aujourd’hui… les éléphants !

Ce n’est qu’il y a 34 millions d’années (à la fin de l’Éocène) qu’une dispersion transatlantique en direction du sud de l’Amérique du Nord et des Caraïbes a eu lieu, donnant également naissance à l’ancêtre commun des Siréniens actuels. De nombreuses espèces ont vu le jour, cohabitant parfois au sein de larges communautés d’individus ! Parmi les espèces issues de cette dispersion, la rhytine de Steller (Hydrodamalis gigas), un Sirénien qui vivait dans la mer de Béring, pesait près de 11 tonnes pour 8 mètres de long ! Malheureusement, la chasse intensive a conduit à l’extinction de ce mammifère… seulement 27 ans après sa découverte en 1741.  

Aujourd’hui, seules quatre espèces de Siréniens subsistent : trois espèces de lamantins (Trichechus manatusTrichechus senegalensis et Trichechus inunguis) et une espèce de dugong (Dugong dugon).

Le saviez-vous ?

Les lamantins sont souvent confondus avec les dugongs, des mammifères marins appartenant eux-aussi à l’ordre des Siréniens. Mais, contrairement au lamantin, le dugong est exclusivement marin. De plus, il possède une nageoire caudale triangulaire qui se distingue de celle des lamantins, de forme arrondie.

Des lamantins particulièrement vulnérables

Si le lamantin des Antilles est une sous-espèce peu connue du grand public, c’est en partie à cause de sa disparition progressive de son aire de distribution historique au cours des derniers siècles : alors que son habitat s’étend du sud-est des État-Unis à la région nord-est du Brésil, il existe un véritable trou dans sa distribution, particulièrement localisé aux Petites Antilles. La cause ? Le développement de l’activité humaine entraînant une augmentation du flux maritime, de la pêche, la détérioration de la qualité de l’eau ou encore la destruction des herbiers marins

Alors que l’espèce est classée vulnérable dans la liste rouge mondiale de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), la sous-espèce du lamantin des Antilles ne compte désormais plus que quelques milliers d’individus dans la nature ! 

C’est pourquoi elle fait partie d’un plan d’élevage européen (EEP) associant plusieurs parcs zoologiques dont le Parc zoologique de Paris qui œuvre à l’amélioration des connaissances biologiques et méthodologiques de recensement des lamantins et à la réintroduction de la sous-espèce en Guadeloupe.

Nourrissage des lamantins

© MNHN - F.-G. Grandin

Kalina, femelle lamantin

© MNHN - F.-G. Grandin
Lamantins dans un bassin

Lamantins

© MNHN - F.-G. Grandin

Herbert, le lamantin

© MNHN - F.-G. Grandin

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Relecture scientifique

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Alexis Lécu

 Directeur scientifique du Parc zoologique de Paris

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