Exploration scientifique
La Planète Revisitée en Guyane
Les scientifiques de La Planète Revisitée se sont rendus en Guyane pour faire l’inventaire de sa biodiversité mal connue, sur terre et en mer. De juillet 2014 à mars 2015, ils se succèdent sur le terrain pour trois mois d’explorations impliquant de nombreux partenaires guyanais, nationaux et internationaux.
Mission terrestre
Entre février et mars 2015, c’est sur le Grand Sud guyanais et plus particulièrement sur le massif du Mitaraka que les chercheurs et chercheuses se sont penchés. Cette zone se distingue par sa flore très riche, assez différente du reste de la Guyane car elle est proche de l’Amazonie. Cette région faisait également partie des moins connues sur le plan entomologique : il y aurait seulement 18 000 espèces recensées contre 100 000 attendues. On considère que si la diversité est grande, il y a une faible abondance d’espèces.
Une zone isolée
Aucune piste ni rivière navigable ne permet de pénétrer aussi loin dans les zones au sud de la Guyane. Cet isolement a pour conséquence un manque de données flagrant. Grâce au soutien du Parc amazonien de Guyane, des Forces armées et de la Société entomologique Antilles-Guyane, le terrain a pu être étudié.
Mission marine
De juillet à octobre 2014, la mission s’est concentrée sur le plateau continental et ses entourages, ainsi que l’archipel des Iles du Salut. Sur moins de 10 % des fonds du littoral guyanais se présente la richesse spécifique la plus diversifiée, ce qui justifiait la nécessité de ce volet de la mission.
L’exploration
8 chercheurs et chercheuses ont embarqué sur un navire océanographique vénézuélien pour étudier les fonds marins jusqu’à 800 mètres de profondeur. Ils ont navigué entre la frontière maritime avec le Suriname jusqu’à celle avec le Brésil. Ensuite, 16 scientifiques se sont basés sur l’Île Royale dans un laboratoire installé pour traiter les échantillons prélevés. Près de 400 espèces d’algues et d’invertébrés ont été récoltées sur les côtes. La campagne en haute mer a permis de montrer une diversité importante d’espèces rares ou très rares qui n’ont été vues qu’une seule fois durant l'exploration.
Les premiers résultats (fin 2015)
La Guyane a une biodiversité terrestre très riche. L'exploration le confirme, mais elle n’était pas nécessaire pour le démontrer. Cependant, l'exploration aura montré les grandes lignes de cette biodiversité amazonienne, et notamment dans le massif du Mitaraka jusqu’alors sous-exploré. L’addition d’espèces nouvelles pour la Guyane et la découverte d’espèces nouvelles pour la science sont importantes, mais elles ne sont pas révolutionnaires. Elle n’a en effet pas permis de découvrir un « monde perdu » différent du reste de la Guyane.
Par contre, concernant la biodiversité marine, la Guyane avait la réputation d’être d’une grande pauvreté. En effet, l’eau est turbide et dessalée, ce qui explique la faible diversité des habitats et donc des espèces dans les écosystèmes côtiers. Il existe malgré tout une certaine abondance d’invertébrés et d’algues. L'exploration le confirme quand on la compare aux îles de l’arc antillais, par exemple. Mais, paradoxalement, l'exploration aura permis de doubler, de tripler, voire même de décupler les inventaires guyanais de tous les groupes (ou presque), et de découvrir des dizaines de nouvelles espèces.
Après un travail de 6 mois, les scientifiques ont considéré avoir recensé au moins 375 nouvelles espèces. Nombre d’entre elles sont des invertébrés (notamment 300 espèces d’insectes). En dehors des espèces nouvelles pour la science, les informations rassemblées sur le comportement, la distribution d’espèces déjà connues en Guyane sont nombreuses.