Narval du duc d’Orléans

Avec le narval s’ouvre un monde de fantasmes et de convoitises, suscité par cette étrange pointe d’ivoire torsadée qui valut des rançons royales. Unicorne… la licorne est parée de multiples vertus tout au long de l’Occident chrétien, jusqu’à un jour de 1638. Le médecin du roi de Danemark, Ole Worm, savant qui constitua l’un des plus fameux cabinets de curiosités de son temps, affirme que cette « corne » provient du Narval, un mammifère marin arctique. Exit la licorne et les sirènes… les légendes laissent place au savoir naturaliste qui se met en place durant la Renaissance dans toute l’Europe. Mais l’espèce reste secrète, difficile à observer.

Le mystère demeure, car le duc d’Orléans ne parle pas de chasse au Narval dans ses récits consacrés à l’Arctique. Tout à son souhait de pédagogie, il est probable qu’il a fait réaliser cette reconstitution de l’animal pour mieux présenter la défense acquise par ailleurs.

Défi réussi ! Vers 1907-1909, peu de gens savaient à quoi ressemblait un Narval. La représentation, exécutée par la firme de taxidermie londonienne Rowland Ward, est entièrement faite de bois, de treillage métallique et de plâtre, à l’exception des yeux de verre. Quelques erreurs anatomiques indiquent que l’animal n’était pas assez connu des modeleurs, de même que la mise en teinte incomplètement documentée. La restauration en 1990 a gardé ces imprécisions en témoignage d’une époque.

Jacques Cuisin