Cas décrits
Pour le moment, seuls quatre cas ont été précisément décrits : deux chiens (à Hong Kong) et deux chats (un en Belgique, un à Hong Kong). Le point commun de ces quatre cas est que ces carnivores domestiques ont eu un contact durable et étroit avec leurs propriétaires malades. Pour l’un des chiens, un suivi a permis de constater que les seconds prélèvements étaient devenus négatifs.
L’analyse des cas permet assez facilement de suggérer un passage du virus de l'Homme vers l’animal, ce dernier vivant dans un environnement fortement contaminé par son maître (sol, meubles, gamelle...), qui de plus le caresse et est très proche de lui.
- Pour les deux chiens, il n’est pas encore prouvé que le virus, détecté dans le nez et la gueule, ne soit pas présent par simple portage « passif », transmis lorsque l’animal lèche ou renifle. Aucun des chiens n’a montré de signes cliniques. Sur l’un d’entre eux, une sérologie est annoncée comme positive (production d’anticorps par le chien) par les autorités sanitaires d’Hong-Kong, mais il n’y a pas de confirmation étayée par une publication scientifique.
- Pour l'un des chats, l’animal a présenté des signes cliniques modérés de manière passagère, ce qui peut vouloir dire qu’il a été infecté. Pour autant, il n’a pas été mis en évidence de reproduction active du virus chez l’individu, ce qui n’en fait donc pas une source de contamination à la lueur des informations recueillies.
Par ailleurs, il est important de noter qu’au-delà de ces trois cas particuliers, plusieurs études ont été menées sur plusieurs milliers de chiens et chats en zones contaminées et ont montré une majorité de résultats négatifs en sérologie (absence d’anticorps) ou en excrétion virale (pas de présence de virus dans l’arbre respiratoire ou les selles des animaux), avec des chiffres variant de 85 à 100 % d’animaux négatifs.
Le tigre malais du zoo du bronx
Le 5 avril dernier, l’USDA (Département de l'Agriculture des États-Unis) a confirmé un résultat positif sur le prélèvement respiratoire d’un tigre malais du Zoo du Bronx à New York. Ce tigre ainsi que deux autres tigres et trois autres lions ont présenté des signes de toux et de baisse d’appétit, compatibles avec une infection au SARS-CoV-2. La transmission aux animaux a probablement eu lieu via un soigneur excréteur « pré-symptomatique », ayant travaillé à leur contact quelques jours avant d’être lui-même malade. Les animaux sont suivis médicalement et leur état clinique s’améliore. Il est à noter que les autres félins du zoo, y compris un autre tigre malais vivant avec le tigre positif (le seul à avoir été testé pour le moment), ne présentent aucuns signes cliniques.
Dans les zoos du Muséum
Dans les zoos du Muséum national d'Histoire naturelle, des mesures sont prises pour assurer les même gestes barrières entre les carnivores et le personnel que ceux utilisés pour protéger l’Homme de la contamination : la distanciation de 1,5 - 2 mètres est ainsi appliquée entre les soigneurs eux-mêmes, mais aussi entre les soigneurs et les animaux connus comme sensibles. Des mesures d’hygiène et de désinfection sont mises en place pour éviter toute contamination depuis l’Homme envers nos animaux.
La sensibilité d’une espèce animale à ce virus n’en ferait pour autant pas forcément un « réservoir » ou un risque pour l’Homme, pour qui le danger est bien sa propre espèce humaine. Pour le moment, ces animaux infectés en marge de la pandémie humaine excrètent peu et pendant peu de temps, et il n’y a à ce jour aucun preuve de leur rôle dans l’épidémiologie de cette pandémie, dont le moteur majeur reste le contact inter-humain.
Dossier rédigé en avril 2020