Météorite d'Orgueil : une chute exceptionnelle

Dans la soirée du 14 mai 1864, un météore est observé dans le Sud-Ouest de la France. Des fragments de météorites sont retrouvés tout autour de la commune d’Orgueil, à proximité de Montauban, avant de rejoindre rapidement les collections du Muséum national d’Histoire naturelle, à Paris. Après moult analyses, hypothèses et controverses au cours du dernier siècle et demi, il a été démontré que cette météorite ne portait pas trace de vie. Elle est malgré tout exceptionnelle en raison de sa composition chimique semblable à celle du Soleil et de sa provenance cométaire.

Météorites de la chute d'Orgueil, planche 1. Nouvelles archives du Muséum d'histoire naturelle ; Bulletin des Nouvelles archives du Muséum, 3, 1867

© MNHN

Une météorite pleine de secrets

Météorites de la chute d'Orgueil, planche 1. Nouvelles archives du Muséum d'histoire naturelle ; Bulletin des Nouvelles archives du Muséum, 3, 1867

© MNHN

Le 14 mai 1864, une météorite tombe au sud de Montauban. Elle explose en de multiples fragments dont la majorité est récoltée dans la commune d’Orgueil, d’où son nom : la météorite d’Orgueil.

Deux jours après la chute, le spécialiste des météorites et titulaire de la chaire de géologie du Muséum Gabriel-Auguste Daubrée informe ses collègues de l’Académie des Sciences du spectaculaire évènement, tandis que le Courrier de Tarn-et-Garonne en donne un compte-rendu détaillé.

Dès les premières analyses, Daubrée et ses collègues remarquent l’extraordinaire richesse de la pierre en matière organique. Alors que la plupart des chercheurs demeurent circonspects, Camille Flammarion envisage "l’existence d’êtres organisés sur les globes d’où [elle vient]". Quelques années plus tard, Louis Pasteur cherche lui aussi à percer le mystère mais, ne trouvant pas de traces de vie sur la météorite, il ne publiera jamais ses résultats.

Météorites de la chute d'Orgueil, planche 1. Nouvelles archives du Muséum d'histoire naturelle ; Bulletin des Nouvelles archives du Muséum, 3, 1867

© MNHN

Représentation (gravure) de la chute de la météorite d’Orgueil, en 1864

CCO

Rebondissements scientifiques

Près d’un siècle plus tard, en 1962, Bartholomew Nagy, de l’université de Fordham, et le microbiologiste George Claus, de l’université de New York, déclarent, après analyse, qu’ils auraient trouvé dans la météorite des "éléments organisés" provenant de "quelque chose de vivant". Cette découverte est reprise dans la presse, notamment le New York Times, mais aussi en France, dans le magazine Planète. Mais ces observations sont infirmées par leurs collègues : il ne s’agirait que de minéraux dont la morphologie imite celle de certains fossiles… Parallèlement, Ed Anders, de l’université de Chicago, découvre une arnaque qui pourrait être centenaire : la météorite aurait été contaminée par des pollens, probablement de façon intentionnelle, pour faire croire à l’existence de vie extraterrestre !

Des analyses plus récentes

Météorite d'Orgueil. Exposition "Météorites, entre ciel et terre"

© MNHN - J.-C. Domenech

C’est en 2005 que Matthieu Gounelle (Muséum national d’Histoire naturelle), Pavel Spurny et Phil Bland parviennent, grâce aux témoignages de l’époque, à reconstituer avec précision l’orbite du bolide, démontrant ainsi que celui-ci était en fait une comète. Cette roche dont plus de 10 kg sont conservés au Muséum serait donc la première météorite d’origine cométaire !

Mais l’histoire ne s’arrête pas là : un scientifique de la NASA a en 2011 déclaré avoir trouvé des formes de vie dans la météorite d’Orgueil. Ses travaux ont été rapidement infirmés et la Nasa s’est d’ailleurs désolidarisée du chercheur…

La vie est donc absente de la météorite d’Orgueil. Le caractère exceptionnel de cette météorite vient de sa composition chimique unique et de sa provenance. En effet, la météorite d’Orgueil a la même composition chimique que le Soleil. Elle est d’ailleurs prise comme référence chimique cosmique. Cette roche, contemporaine de la formation du système solaire, serait donc une des briques de construction de la Terre et des planètes !

La météorite d’Orgueil, conservée au Muséum, est une des météorites les plus étudiées aujourd’hui.

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Dossier rédigé en octobre 2018, revu en 2022. Remerciements à Matthieu Gounelle, Professeur au Muséum national d'Histoire naturelle (Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie, UMR 7590), pour sa relecture et sa contribution.

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