Buste de Saïd Abdallah
Seïd Enkess « Saïd Abdallah »
Seïd Enkess « Saïd Abdallah »
Sculpture en bronze réalisée par Charles Cordier, 1848
Arrivé en France en 1838, Seïd Enkess – un ancien esclave soudanais – devient modèle professionnel pour des peintres et sculpteurs. Charles Cordier réalise son buste sous le nom de Saïd Abdallah, qu’il expose au Salon de l’Académie des beaux-arts en 1848, année de l’abolition de l’esclavage.
À écouter
Écoutez l'histoire de l'envolée des bustes racontée par André Delpuech, directeur du Musée de l’Homme.
D'autres histoires fabuleuses sur nos collections sont à retrouver dans Les Curieuses histoires du Muséum, un podcast original co-produit par France Culture et le Muséum national d'Histoire naturelle.
Un esclave devenu homme libre
Seïd Enkess naît en 1821 dans une région connue à l'époque sous le nom de Mayac, au sud du Soudan. Capturé à l'âge de 7 ans dans une razzia organisée par des Égyptiens et des Turcs, il quitte l'Afrique avec un négociant qui l'avait acheté au Caire, direction l'Italie. Après de nombreuses péripéties, il arrive en France en 1838. C'est dans ce pays qu'il s'affranchit de l'esclavage.
Pour gagner sa vie, il commence alors par exercer comme modèle professionnel. Progressivement, il se fait un nom dans le milieu artistique parisien en posant pour des peintres et des sculpteurs. Pierre-Marie Dumoutier réalise son buste en 1845 et, deux ans plus tard, il fait la rencontre de Charles Cordier. Le sculpteur est alors frappé par une révélation esthétique ! « En quinze jours je fis ce buste et l'envoyais au Salon ». C'était en 1848, l'année même de l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises. À cette occasion, Charles Cordier le renomme Saïd Abdallah de la tribu Mayac, royaume de Darfour.
L'homme esthétisé
Charles Cordier occupe une place à part dans la sculpture française de la seconde moitié du 19e siècle. Sensible à la démarche ethnographique qui émerge alors, il se rend en Algérie, en Grèce et en Égypte. De ses rencontres avec les habitants naissent des portraits vivants et nobles, qui puisent notamment leur beauté dans le regard du sculpteur. En 1848, année de l’abolition de l’esclavage en France, sa réalisation du buste d’un Soudanais est remarquée au Salon de l’Académie des beaux-arts.