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Lamarck ou la conscience environnementale
À quel moment la conscience écologique, celle de l’impact de nos relations à la nature, est-elle apparue ? Au tournant des années 1960-1970, comme cela est généralement admis ? À l'invention du terme « écologie » par le biologiste allemand Ernst Haeckel, en 1866 ? En réalité, le sujet taraude les esprits les plus brillants dès le début du XIXe siècle.
La nature est encore considérée comme une ressource à exploiter lorsque le naturaliste Jean-Baptiste Monnet, chevalier de Lamarck, écrit en 1820 dans son "Système analytique des connaissances positives de l'Homme" :
L’homme, par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts […], semble travailler à l’anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce. […] En détruisant partout les grands végétaux qui protégeaient le sol […], il amène rapidement à la stérilité ce sol qu’il habite, donne lieu au tarissement des sources, en écarte les animaux qui y trouvaient leur subsistance […]. On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même après avoir rendu le globe inhabitable.
Prendre conscience en 1820 de la détérioration de la nature par l’homme est assez exceptionnel, voire visionnaire, même si ce paragraphe est une simple note de bas de page ! Lamarck s’éloigne ainsi de Buffon qui dit de la « bonne » nature qu’elle est celle qui est maîtrisée par la main de l’Homme… Rien de surprenant pourtant, car Lamarck est un précurseur dans bien des disciplines. C’est lui qui propose avant Darwin — il a 60 ans quand ce dernier vient au monde — l’une des premières théories de l’évolution : le transformisme.
En outre, il est aussi le concepteur du terme "Biologie", à savoir la science des êtres vivants. Progressiste, ami des philosophes des Lumières, il participe en 1793 à la création du Muséum national d’Histoire naturelle où il devient professeur de zoologie, chargé d’enseigner celle des invertébrés.
Son œuvre est plurielle : travaux botaniques, zoologiques, paléontologiques, météorologiques, chimiques, géologiques et philosophiques. Il est à l’histoire des sciences du vivant ce que Galilée est aux sciences physiques, avec son lot d’incompréhension et de jalousie de la part de ses pairs.
Sa tendance à s’enfermer dans un rôle de génie méconnu donne naissance à la légende du savant méprisé. Sur le monument qui lui est dédié au Jardin des Plantes, sa fille a fait graver « La postérité vous admirera, elle vous vengera, mon père ».
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