La petite histoire de la chimie
Scrollez pour découvrir
près de 400 ans d'histoire
au Muséum national d'Histoire naturelle.
Quel est le point commun entre des flèches empoisonnées, la radioactivité et un collier de rubis ?
La chimie, pardi !
Ici, on vous raconte une multitude de petites histoires qui font la grande Histoire de la chimie.
Théâtre de grandes découvertes, c'est au Muséum national d'Histoire naturelle, à Paris, que la chimie est devenue une discipline à part entière.
XVIIe siècle - Le jardin avant le muséum
XVIIe siècle
Le jardin avant
le museum
Aux XVIe et XVIIe siècles, les savants européens se passionnent pour les végétaux.
Ils collectionnent et étudient des plantes rapportées d'expéditions lointaines, les utilisent pour leurs vertus médicinales, et créent des jardins botaniques.
C'est ainsi qu'en 1626, le Jardin du Roy est renommé Jardin royal des plantes médicinales.
« Édit du 6 janvier 1626 consacrant la création d’un Jardin royal des plantes médicinales à Paris - "Qu'il soit construit et établi un Jardin Royal en l'un des faubourgs de notre Ville de Paris, ou autre tel lieu proche d'icelle, de telle grandeur qu'il sera avisé, propre, convenable et nécessaire par le ledit sieur Herouard, pour y planter toutes sortes d'Herbes et Plantes Médicinales pour servir ceux qui en auront besoin. Mêmes pour l'instruction des Ecoliers de ladite Université de Médecine. »
Par ce geste, le roi Louis XIII symbolise l'importance que la monarchie accorde désormais à la médecine, et plus globalement à la science.
Plan du jardin en 1640
Par ce geste, le roi Louis XIII symbolise l'importance que la monarchie accorde désormais à la médecine, et plus globalement à la science.
Plan du jardin en 1640
Les plantes du Jardin sont cultivées pour être utilisées dans la préparation de remèdes et de médicaments, tandis que des études sont menées pour améliorer la compréhension de leurs propriétés médicinales et de leur utilisation thérapeutique.
Dès son ouverture, le Jardin a pour objectif de former les futurs médecins et apothicaires à travers l'enseignement de la botanique, de l'anatomie humaine et de la chimie.
Le laboratoire chimique de l'Académie, gravure de Sébastien Leclerc, dans Mémoires pour servir à l'Histoire des plantes, p. 4, 1761.
Les plantes du Jardin sont cultivées pour être utilisées dans la préparation de remèdes et de médicaments, tandis que des études sont menées pour améliorer la compréhension de leurs propriétés médicinales et de leur utilisation thérapeutique.
Dès son ouverture, le Jardin a pour objectif de former les futurs médecins et apothicaires à travers l'enseignement de la botanique, de l'anatomie humaine et de la chimie.
Le laboratoire chimique de l'Académie, gravure de Sébastien Leclerc, dans Mémoires pour servir à l'Histoire des plantes, p. 4, 1761.
le saviez-vous ?
Les apothicaires sont les précurseurs des pharmaciens. Ils préparent et vendent des remèdes à base de plantes pour les malades.
D'où vient le nom du
« Quartier latin »
d'après vous ?
Le Quartier latin doit son nom au fait qu'à l'époque, dans toutes les écoles et universités, seule la langue latine était utilisée pour l'enseignement.
Au Jardin, c'est une première, les cours sont dispensés en français. En outre, ils sont gratuits et ouverts à tous : cela leur vaut un succès immédiat.
Dubito ergo cogito,
cogito ergo sum,
sum ergo Deus est
« Je doute donc je pense,
je pense donc je suis,
je suis donc Dieu existe (est) » - René Descartes dans Méditations métaphysiques, 1641
Le Quartier latin doit son nom au fait qu'à l'époque, dans toutes les écoles et universités, seule la langue latine était utilisée pour l'enseignement.
Dubito ergo cogito,
cogito ergo sum,
sum ergo Deus est
Au Jardin, c'est une première, les cours sont dispensés en français. En outre, ils sont gratuits et ouverts à tous : cela leur vaut un succès immédiat.
C'est en 1647 que se tient le premier cours officiel de chimie jamais enseigné en France. Il est donné par le médecin et botaniste d'origine écossaise William Davisson.
La demonstration au coeur de l'enseignement
La
demonstration
au cœur de l'enseignement
Un siècle plus tard, Guillaume-François Rouelle, chimiste et apothicaire, rejoint les rangs des professeurs du Jardin et marque durablement l'enseignement de la chimie.
Pour lui, la chimie est
la science de l'analyse et de la synthèse.
Aussi charismatique que distrait, Rouelle est une véritable source de divertissement au Jardin.
Une explosion dans l'amphithéâtre après une erreur de manipulation devant ses élèves marquera les esprits.
Les explosions ne dissuadent pas d’assister aux cours de Rouelle : leur popularité est telle que la fine fleur de la pensée des Lumières y assiste.
On peut y croiser Diderot (écrivain, philosophe et encyclopédiste), Turgot (économiste), Malesherbes (magistrat) ou encore Rousseau (philosophe).
- Diderot -
- Turgot -
- Malesherbes -
- Rousseau -
Les explosions ne dissuadent pas d’assister aux cours de Rouelle : leur popularité est telle que la fine fleur de la pensée des Lumières y assiste.
On peut y croiser Diderot (écrivain, philosophe et encyclopédiste), Turgot (économiste), Malesherbes (magistrat) ou encore Rousseau (philosophe).
- Diderot -
- Turgot -
- Malesherbes -
- Rousseau -
Rouelle formera aussi l'auteur de la phrase la plus célèbre de la chimie :
Rien ne se perd,
rien ne se crée,
tout se transforme.
XVIIIe siècle - Les parents de la chimie moderne
Formé au Jardin, on dit d'Antoine Lavoisier qu'il est le « père » de la chimie moderne.
Il faut dire qu'au XVIIIe siècle, la chimie est encore habitée de croyances plus ou moins fantaisistes.
La principale croyance, datant de l'Antiquité, est que l'univers n'est composé que de quatre éléments (eau, terre, air, feu). En 1770, Lavoisier met fin à cette thèse en démontrant que ces supposés éléments sont eux-mêmes des corps composés.
Lavoisier conçoit un appareil qui permet de démontrer que l'eau n'est pas un élément, mais bien un corps composé d'hydrogène et d'oxygène. Par ailleurs, il met aussi en évidence le carbone et l'azote.
XVIIIe siècle
Les parents de la chimie moderne
Formé au Jardin, on dit d’Antoine Lavoisier qu’il est le « père » de la chimie moderne.
Il faut dire qu'au XVIIIe siècle, la chimie est encore habitée de croyances plus ou moins fantaisistes.
La principale croyance, datant de l'Antiquité, est que l'univers n'est composé que de quatre éléments (eau, terre, air, feu). En 1770, Lavoisier met fin à cette thèse en démontrant que ces supposés éléments sont eux-mêmes des corps composés.
Lavoisier conçoit un appareil qui permet de démontrer que l'eau n'est pas un élément, mais bien un corps composé d'hydrogène et d'oxygène. Par ailleurs, il met aussi en évidence le carbone et l'azote.
le saviez-vous ?
À l'époque, l'alchimie et la chimie sont encore très liées.
L'alchimie est une discipline ancestrale aux aspects mystiques, philosophiques et expérimentaux. L'un des buts poursuivis était le Grand Œuvre, à savoir la réalisation de la pierre philosophale qui permettrait de transmuter les métaux vils (des métaux sans valeur) en or, mais aussi de guérir et de conférer l'immortalité.
Pour mener ses expériences, le chimiste met au point des instruments sophistiqués, tous dessinés par son épouse, Marie-Anne Paulze, traductrice, scientifique et illustratrice, avec qui il travaille en étroite collaboration.
En 1789, Lavoisier crée avec un autre professeur de chimie du Muséum, Antoine François de Fourcroy, un journal qui existe encore aujourd'hui : les Annales de Chimie.
En 1794, Fourcroy tente en vain de sauver Lavoisier de la guillotine en intervenant auprès de Robespierre, au péril de sa vie.
C'est à cause de son statut de fermier général dans le tabac que Lavoisier a été exécuté. Pendant près d'un siècle avant la Révolution française, les fermiers généraux collectaient l'impôt pour le Roi.
Au moment de sa condamnation, Lavoisier demanda un sursis pour terminer une expérience importante. Le président du tribunal révolutionnaire lui répondit « la République n'a pas besoin de chimistes ! ».
Marie-Anne Paulze décide de publier en 1803 les mémoires scientifiques de son époux. Ce faisant, elle entend poursuivre l'œuvre de ce dernier et prend part à l'enrichissement des connaissances en chimie.
Fourcroy, quant à lui, s'engage dans la politique et devient conseiller de Napoléon 1er.
Chargé des réformes universitaires, il suit la création des lycées, des écoles de médecine, de pharmacie et de droit.
Le jardin devient le muséum d'histoire naturelle
Le jardin
devient
le muséum d'histoire naturelle
Les idéaux de vulgarisation scientifique portés par la Révolution française ont profondément et durablement modifié l’institution.
En 1793, un décret révolutionnaire donne une existence juridique propre au Jardin, qui devient le Muséum d’Histoire naturelle.
La réorganisation du Muséum reflète aussi les valeurs républicaines de diffusion du savoir au plus grand nombre.
Les enseignements sont répartis selon douze disciplines dont l’anatomie, la botanique, la zoologie, la minéralogie, la géologie et, bien sûr, la chimie.
Les idéaux de vulgarisation scientifique portés par la Révolution française ont profondément et durablement modifié l’institution.
En 1793, un décret révolutionnaire donne une existence juridique propre au Jardin, qui devient le Muséum d’Histoire naturelle.
La réorganisation du Muséum reflète aussi les valeurs républicaines de diffusion du savoir au plus grand nombre.
Les enseignements sont répartis selon douze disciplines dont l’anatomie, la botanique, la zoologie, la minéralogie, la géologie et, bien sûr, la chimie.
XIXe siècle - Le doyen des étudiants de France
XIXe siècle
Le doyen des étudiants de France
Né en 1786, Michel-Eugène Chevreul est l'un des chimistes les plus prolifiques de son temps.
Étudiant puis professeur, il a passé 86 ans entre les murs du Muséum, établissement qu'il a dirigé de manière discontinue de 1836 à 1879.
Les professeurs étaient alors nommés à vie. Chevreul aimait ainsi se surnommer « le doyen des étudiants de France ».
Il entre au laboratoire du chimiste Nicolas-Louis Vauquelin à l'âge de 17 ans, avant de devenir son assistant au Muséum.
Nicolas-Louis Vauquelin (à gauche) et Michel-Eugène Chevreul (à droite)
Entre autres choses, Vauquelin lui confie l'analyse d'un savon de graisse de porc : c'est ainsi que Chevreul commence à s'intéresser aux corps gras, qui constitueront le cœur de ses recherches.
Le chimiste des corps gras
Le chimiste des corps gras
Chevreul met en lumière le processus de saponification, une réaction chimique qui transforme la graisse en savon et en glycérine.
Cette découverte a un effet immédiat sur la fabrication des savons, mais surtout sur celle des bougies. Des bougies qui, à l'époque, sont la principale source de lumière dans les foyers.
Connaissez-vous la différence entre une bougie et une chandelle ?
Toutes les réponses sont justes !
La chandelle de suif, fabriquée à partir de graisse de mouton ou de bœuf, répand une mauvaise odeur et beaucoup de fumée.
L'alternative, c'est la bougie en cire d'abeille mais malheureusement, elle est chère et peu puissante.
Grâce à ses travaux de recherche, Chevreul invente, avec son collègue Louis-Joseph Gay-Lussac, la bougie stéarique (notre bougie actuelle !) qui remplace définitivement, en 1825, la chandelle de suif.
Sa découverte a ainsi amélioré le quotidien d'une grande partie de la population.
Les travaux de Chevreul sur les corps gras d'origine animale lui permettent également d'être le premier à identifier une substance pure qu'il nomme cholestérine, et qui sera étudiée sous le nom de cholestérol.
le saviez-vous ?
Tout au long du XXe siècle, de nombreux chercheurs européens étudient le rôle central du cholestérol, une molécule essentielle à la vie dans l'organisme. Leurs travaux révolutionnent la compréhension du métabolisme et des maladies cardiovasculaires, contribuant à pas moins de 17 prix Nobel.
Cela fait du cholestérol l'une des molécules les plus décorées par la plus prestigieuse des récompenses scientifiques.
Le chimiste de la couleur
le chimiste de la couleur
En plus de son travail au Muséum, Chevreul est nommé en 1824 directeur de l'Atelier des teintures à la Manufacture des Gobelins. À cette époque, les teinturiers ont des soucis avec certaines de leurs teintures qui n'ont pas le rendu attendu.
En plus de son travail au Muséum, Chevreul est nommé en 1824 directeur de l'Atelier des teintures à la Manufacture des Gobelins. À cette époque, les teinturiers ont des soucis avec certaines de leurs teintures
qui n'ont pas le rendu attendu.
Chevreul découvre que le problème n'est pas dû à la qualité de la teinture, mais à la perception que l'on en a. Une couleur est modifiée par les couleurs environnantes. Par exemple, elle paraît plus sombre si elle est sur un fond clair.
Il propose également une classification des couleurs basée sur leur luminosité et leur saturation. Chevreul établit un classement, matérialisé par un cercle chromatique de 72 secteurs qui remplacent les appellations de nuances (vert « de gris », « de saxe », « céladon »).
Cercle chromatique de Michel-Eugène Chevreul, 1867 © Mobilier national, photo Isabelle Bideau, 2019
Les résultats de ses travaux se retrouvent dans la teinture des étoffes, la tapisserie, l’imprimerie et influencent même le peintre Georges Seurat, qui donne naissance au courant pointilliste.
Un dimanche après-midi à l'île de la Grande Jatte, 1884-1886 - Georges Seurat
Les résultats de ses travaux se retrouvent dans la teinture des étoffes, la tapisserie, l’imprimerie et influencent même le peintre Georges Seurat, qui donne naissance au courant pointilliste.
Un dimanche après-midi à l'île de la Grande Jatte, 1884-1886 - Georges Seurat
Quand Chevreul s'éteint, à l'âge de 103 ans, des funérailles nationales sont organisées. Il laisse derrière lui un héritage scientifique de plus de 650 publications.
Son prestige est tel qu'il figure parmi les 72 noms d'éminents savants français inscrits au fronton du 1er étage de la tour Eiffel. Seuls lui et le physicien Hippolyte Fizeau ont eu cet honneur de leur vivant.
L'école de Fremy
L'école de Frémy
Alors que le pays entre de plain-pied dans l'ère industrielle, les chimistes sont encore peu nombreux.
Pour y remédier, Edmond Frémy décide en 1864 de créer au Muséum une école de chimie où l'enseignement sera à la fois théorique et pratique.
Frémy est alors professeur de chimie à l'École polytechnique. Avec le soutien de Chevreul, il convainc le gouvernement de soutenir son projet d'école.
Dans la France de Napoléon III, l'apprentissage de la chimie reste essentiellement théorique, cantonné aux amphithéâtres tandis que la pratique est négligée.
Frémy est convaincu que l'expérimentation est centrale dans l'enseignement de la chimie : c'est pourquoi, selon lui, elle ne peut s'enseigner qu'en laboratoire.
Il décide donc d'ouvrir les laboratoires de chimie du Muséum aux étudiants.
le seul engagement demandé aux élèves sera l'amour du travail
La durée des études est de 4 ans et les cours sont gratuits.
Pierre Petit, Groupe des élèves de M. Frémy vers 1880 © Muséum national d’Histoire naturelle (IC 807)
Il décide donc d'ouvrir les laboratoires de chimie du Muséum aux étudiants.
le seul engagement demandé aux élèves sera l'amour du travail
La durée des études est de 4 ans et les cours sont gratuits.
Pierre Petit, Groupe des élèves de M. Frémy vers 1880 © Muséum national d’Histoire naturelle (IC 807)
le saviez-vous ?
En parallèle de ses activités pédagogiques, Edmond Frémy mène des recherches sur le rubis. Cette pierre, très chère, est fréquemment utilisée en horlogerie. Frémy la synthétisera avec succès en 1875.
En 1891, un nouveau directeur, Alphonse Milne-Edwards, prend la tête du Muséum. Hostile à l'école de Frémy, il impose un âge de la retraite à 75 ans (jusque-là, les professeurs étaient nommés à vie !). Frémy doit donc quitter son poste. L'école est immédiatement fermée.
Au total, 1400 élèves ont été formés au Muséum entre 1864 et 1894. Parmi eux, Henri Moissan, qui se consacre à la chimie après avoir échoué à devenir auteur dramatique. En 1906, il devient le premier Français à obtenir un prix Nobel de chimie pour sa caractérisation du fluor.
Henri Moissan (à gauche) et Henri Becquerel (à droite)
Henri Becquerel, dont les travaux sur la radiation seront également récompensés par un prix Nobel est lui aussi passé par les bancs de l'école de Frémy.
En 1891, un nouveau directeur, Alphonse Milne-Edwards, prend la tête du Muséum. Hostile à l'école de Frémy, il impose un âge de la retraite à 75 ans (jusque-là, les professeurs étaient nommés à vie !). Frémy doit donc quitter son poste. L'école est immédiatement fermée.
Au total, 1400 élèves ont été formés au Muséum entre 1864 et 1894. Parmi eux, Henri Moissan, qui se consacre à la chimie après avoir échoué à devenir auteur dramatique. En 1906, il devient le premier Français à obtenir un prix Nobel de chimie pour sa caractérisation du fluor.
Henri Becquerel, dont les travaux sur la radiation seront également récompensés par un prix Nobel est lui aussi passé par les bancs de l'école de Frémy.
La dynastie des Becquerel
La dynastie des becquerel
Henri Becquerel est né en 1852 dans une famille de physiciens : son père, Alexandre-Edmond Becquerel, et son grand-père, Antoine-César Becquerel, ont tous deux travaillé au Muséum.
L'histoire commence avec Antoine-César Becquerel, né en 1788, qui a collaboré avec Chevreul sur les couleurs à l'atelier de teinture des Gobelins.
Il rejoint le Muséum après des études à l'École polytechnique.
Ses recherches portent sur l'électrochimie, c'est-à-dire les relations entre l'électricité et la chimie. Antoine-César Becquerel travaille notamment sur les premières piles électriques, l'ancêtre de la pile d'aujourd'hui.
Le phosphoroscope de Becquerel et la pile thermo-électrique
En parallèle, il s'intéresse à la phosphorescence, qui deviendra l'un des sujets de prédilection des Becquerel.
Son fils Alexandre-Edmond Becquerel réalise la première photographie couleur en 1848.
Edmond Becquerel, Spectres solaires, 1848, images photochromatiques © Musée Nicéphore Niépce
À seulement 19 ans, Alexandre-Edmond Becquerel découvre, toujours au Muséum, que certains matériaux produisent de l'électricité lorsqu'ils sont exposés à la lumière du soleil : on appelle cela l'effet photovoltaïque.
Ce phénomène est d'abord connu sous le nom d'« effet Becquerel ».
Henri Becquerel est né en 1852 dans une famille de physiciens : son père, Alexandre-Edmond Becquerel, et son grand-père, Antoine-César Becquerel, ont tous deux travaillé au Muséum.
L'histoire commence avec Antoine-César Becquerel, né en 1788, qui a collaboré avec Chevreul sur les couleurs à l'atelier de teinture des Gobelins.
Il rejoint le Muséum après des études à l'École polytechnique.
Ses recherches portent sur l'électrochimie, c'est-à-dire les relations entre l'électricité et la chimie. Antoine-César Becquerel travaille notamment sur les premières piles électriques, l'ancêtre de la pile d'aujourd'hui.
En parallèle, il s'intéresse à la phosphorescence, qui deviendra l'un des sujets de prédilection des Becquerel.
Son fils Alexandre-Edmond Becquerel réalise la première photographie couleur en 1848.
Edmond Becquerel, Spectres solaires, 1848, images photochromatiques © Musée Nicéphore Niépce
À seulement 19 ans, Alexandre-Edmond Becquerel découvre, toujours au Muséum, que certains matériaux produisent de l'électricité lorsqu'ils sont exposés à la lumière du soleil : on appelle cela l'effet photovoltaïque.
Ce phénomène est d'abord connu sous le nom d'« effet Becquerel ».
Son fils Henri, le troisième de la dynastie, consacre ses recherches à la fluorescence, soit la capacité de certains matériaux à absorber puis ré-émettre de la lumière.
le saviez-vous ?
La phosphorescence et la fluorescence sont des formes de luminescence. Cette propriété consiste en l'émission de lumière par certaines substances lorsqu'elles sont exposées à une source d'énergie (lumière visible, rayons UV…).
Pour la fluorescence, l'émission s'arrête rapidement quand la source est éteinte.
Pour la phosphorescence, la substance continue à émettre de la lumière lentement même après l'extinction de la source.
la découverte de la radioactivité devait être faite dans le laboratoire du Muséum, et si mon père avait vécu en 1896, c'est lui qui en aurait été l'auteur.
XXe siècle - La radioactivité
XXe siècle
La
radio
activité
Le 1er mars 1896, le temps est couvert, et Henri Becquerel ne peut pas utiliser le Soleil pour produire des rayons X comme il le fait d'habitude. Il range donc ses sels d'uranium et sa plaque photographique dans un tiroir de son laboratoire au Muséum.
Quand, plus tard, il développe cette plaque photographique, il remarque que l'uranium a laissé une impression sur la plaque, sans avoir été exposé aux rayons du Soleil. C'est ainsi qu'il comprend que l'uranium émet une sorte de rayonnement invisible capable de traverser des matériaux.
La découverte d'Henri Becquerel attire l'attention de Marie Curie, alors doctorante. Dès 1897, elle étudie les rayonnements d'uranium. En 1898, Pierre Curie la rejoint sur ses travaux sur la radioactivité. Cette découverte inattendue est un moment important pour la science.
L'unité physique de la radioactivité, le becquerel (Bq), sera nommée en l'honneur d'Henri Becquerel.
En 1903, les trois scientifiques reçoivent le prix Nobel pour leurs découvertes sur les radiations. Marie Curie devient ainsi la première femme à recevoir un prix Nobel.
Révolutionnaire dans le milieu scientifique, le radium devient populaire auprès du grand public, ce qui génère la production de produits en tout genre pendant la première moitié du XXe siècle.
Publicités pour des produits à base de Radium et ThoriumLe 1er mars 1896, le temps est couvert, et Henri Becquerel ne peut pas utiliser le Soleil pour produire des rayons X comme il le fait d'habitude. Il range donc ses sels d'uranium et sa plaque photographique dans un tiroir de son laboratoire au Muséum.
Quand, plus tard, il développe cette plaque photographique, il remarque que l'uranium a laissé une impression sur la plaque, sans avoir été exposé aux rayons du Soleil. C'est ainsi qu'il comprend que l'uranium émet une sorte de rayonnement invisible capable de traverser des matériaux.
La découverte d'Henri Becquerel attire l'attention de Marie Curie, alors doctorante. Dès 1897, elle étudie les rayonnements d'uranium. En 1898, Pierre Curie la rejoint sur ses travaux sur la radioactivité
Cette découverte inattendue est un moment important pour la science.
L'unité physique de la radioactivité, le becquerel (Bq), sera nommée en l'honneur d'Henri Becquerel.
En 1903, les trois scientifiques reçoivent le prix Nobel pour leurs découvertes sur les radiations. Marie Curie devient ainsi la première femme à recevoir un prix Nobel.
Révolutionnaire dans le milieu scientifique, le radium devient populaire auprès du grand public, ce qui génère la production de produits en tout genre pendant la première moitié du XXe siècle.
Des poisons thérapeutiques
la chimie est à la biologie ce que le solfège est à la musique
Après la physique et la chimie pour l'étude de la radioactivité, ce sont les liens entre chimie et biologie qui vont rythmer les recherches du XXe siècle.
Avec la colonisation, des spécimens de plantes jusqu'alors inconnues sont fréquemment rapportés au Muséum lors de grandes expéditions sur le continent africain.
Entré au Muséum en tant qu’assistant au laboratoire de Michel-Eugène Chevreul en 1872, le chimiste Léon-Albert Arnaud fait partie de cette nouvelle génération de scientifiques qui se passionne pour les végétaux d'origine coloniale.
Un explorateur lui rapporte des poisons de flèches de Somalie. En les étudiant, Arnaud isole la ouabaïne, qui sera utilisée pendant un temps comme médicament pour traiter certaines maladies cardiaques.
XXe siècle - chimie et medicaments
Les travaux de Gabriel Bertrand ont influencé des domaines très divers : la chimie, la médecine, l'hygiène ou encore l'agriculture.
Élève à l'école de Frémy, Gabriel Bertrand a suivi en parallèle des études de pharmacie. Il devient ensuite préparateur de Léon-Albert Arnaud au Muséum.
XXe siècle
chimie
et
médicaments
Les travaux de Gabriel Bertrand ont influencé des domaines très divers : la chimie, la médecine, l'hygiène ou encore l'agriculture.
Élève à l’école de Frémy, Gabriel Bertrand a suivi en parallèle des études de pharmacie. Il devient ensuite préparateur de Léon-Albert Arnaud au Muséum.
En faisant des expériences sur le jus de sorbes, Gabriel Bertrand s'aperçoit que le sorbose (qui permettra de fabriquer de la vitamine C à partir des années 1930) se forme, non pas par la fermentation alcoolique. Sa production est en fait permise par de petites mouches rougeâtres qui viennent pondre leurs œufs dans ce jus. C'est grâce aux micro-organismes présents sur leurs pattes que cette réaction chimique a lieu !
le saviez-vous ?
Gabriel Bertrand a aussi découvert la sérothérapie antivenimeuse, aux côtés de Césaire Physalix (1852-1906) et d'Albert Calmette (1863-1933).
XXIe siècle
la chimiothèque du muséum
En parallèle des activités de recherche, l'heure est aussi au partage et à la transmission de ces quatre siècles de chimie.
le saviez-vous ?
La salle de classe de l'école de Frémy est encore utilisée par les élèves du Muséum ! La pièce expose de grandes vitrines remplies à ras bord de milliers de flacons soigneusement rangés.
Plus de 7400 flacons de produits chimiques sont répertoriés dans la chimiothèque historique du Muséum. Parmi eux figure notamment le premier échantillon de cholestérol isolé par Chevreul en 1814.
Chimiothèque historique du laboratoire de chimie © MNHN - Agnès Iatzoura
Le Muséum conserve et valorise les instruments scientifiques, les échantillons et les flacons qui font partie de l'histoire du laboratoire de Chimie.
Spectromètre à prisme de Kirchhoff donnant des spectres de raies © MNHN - Bruno Jay
L'équipe à la manœuvre de la restauration et de la valorisation de la salle des collections de chimie, qui a bénéficié du soutien de la Fondation de la Maison de la Chimie, a remporté le prix Cristal collectif du CNRS en 2023.
Équipe de rénovation de la salle des collections de chimie © MNHN - Agnès Iatzoura
En parallèle des activités de recherche, l'heure est aussi au partage et à la transmission de ces quatre siècles de chimie.
le saviez-vous ?
La salle de classe de l'école de Frémy est encore utilisée par les élèves du Muséum ! La pièce expose de grandes vitrines remplies de milliers de flacons soigneusement rangés.
Plus de 7400 flacons de produits chimiques sont répertoriés dans la chimiothèque historique du Muséum. Parmi eux figure notamment le premier échantillon de cholestérol isolé par Chevreul en 1814.
Chimiothèque historique du laboratoire de chimie © MNHN - Agnès Iatzoura
Le Muséum conserve et valorise les instruments scientifiques, les échantillons et les flacons qui font partie de l'histoire du laboratoire de chimie.
L'équipe à la manœuvre de la restauration et de la valorisation de la salle des collections de chimie, qui a bénéficié du soutien de la Fondation de la Maison de la Chimie, a remporté le prix Cristal collectif du CNRS en 2023.
Spectromètre à prisme de Kirchhoff donnant des spectres de raies © MNHN - Bruno Jay
Équipe de rénovation de la salle des collections de chimie (De gauche à droite : Christine Maulay-Bailly, Elisabeth Mouray, Christine Bastard, Delphine Champeval, Arul Marie, Charlotte Duval, Alice Laforêt, Aurélie Méric, Didier Buisson, Brice Molinelli, Séverine Amand - Rémy Puppo (absent sur la photo)) © MNHN - Agnès Iatzoura
XXIe siècle - L'ère de l'écologie chimique
Filtration de spores de champignons microscopiques © Agnès Iatzoura
XXIe siècle
L'ère de l'écologie chimique
Filtration de spores de champignons microscopiques © Agnès Iatzoura
Le laboratoire de chimie du Muséum poursuit son activité, en association avec le CNRS, et continue d'enrichir les collections du Muséum.
Bien mieux équipés qu'au temps de Lavoisier, les chimistes qui y travaillent peuvent compter sur des outils très précis pour caractériser les molécules qu'ils étudient.
Spectromètre de RMN 400 MHz © MNHN - Agnès Iatzoura
Laboratoire MCAM - Mauranne Dolly © MNHN - Agnès Iatzoura
Désormais, le Muséum investit le champ de l'écologie chimique. C'est l'art de décrypter le langage universel de la nature, un langage qui permet aux organismes vivants de communiquer entre eux et avec leur environnement.
À l'échelle de l'évolution des sciences naturelles, cette discipline est très récente, puisqu'elle est apparue dans les années 1970.
Culture d'algues dans un incubateur - Laboratoire de culture cellulaire © MNHN - Agnès Iatzoura
Broyage de feuilles de millepertuis - Laboratoire de chimie bio-organique © MNHN - Agnès Iatzoura
Cosmétique, agronomie, thérapeutique... Les applications directes de la recherche en écologie chimique sont nombreuses et passionnantes. Rendez-vous dans quatre siècles pour la petite histoire de la chimie saison 2 !
Aller plus loin
Poursuivez votre expérience et découvrez d’autres contenus autour de la chimie au Muséum, d’hier à aujourd'hui.
en savoir plus