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L’Homme continue d’évoluer sous l’effet du hasard des mutations, de la reproduction et de son environnement. La sélection naturelle est toujours active, mais c’est maintenant l’Homme lui-même, en modifiant son environnement de vie, qui créé de nouvelles pressions de sélection.
Comment fonctionne l’évolution ?
L’environnement conditionne l’évolution des espèces et de leurs populations en sélectionnant les individus mieux adaptés à se reproduire. C’est la théorie de la sélection naturelle élaborée par Charles Darwin qui explique, couplée aux mutations de notre génome, que l’Homme n’a jamais cessé d’évoluer depuis qu’il existe, tout comme n’importe quelle autre espèce animale ou végétale.
De nouvelles mutations surviennent toujours de manière aléatoire à chaque génération. Leur fixation ou leur disparition dans une population au cours du temps dépend notamment du hasard de la reproduction (c’est ce qu’on appelle la « dérive génétique »). Dans des populations réduites et isolées, la vitesse à laquelle les mutations se fixent ou disparaissent est plus grande que dans les populations plus importantes. Ainsi, l’évolution due au hasard était probablement plus rapide lors de l’émergence de petites populations d’Homo sapiens, et plus lente aujourd’hui, maintenant que les populations humaines comptent beaucoup plus d’individus.
Déforestation
© M. Brooks - UnsplashDe nouvelles pressions environnementales
Mais la vitesse de notre évolution dépend aussi des pressions de sélection naturelle, qui ont également changé par rapport aux premiers Hommes. Au XXIe siècle, la sélection naturelle est aussi influencée par les propres actions de l’Homme. Même si nous prenons de plus en plus de médicaments comme les antibiotiques pour nous protéger, les maladies infectieuses continuent elles aussi d’évoluer. Bactéries et virus deviennent résistants aux traitements connus et exercent de nouvelles pressions de sélection sur nous. En outre, l’Homme a récemment introduit dans son quotidien une foultitude de nouvelles molécules, et ce cocktail chimique perturbateur de nos organismes devrait aussi sélectionner de nouveaux gènes chez l’Homme.
Ainsi l’Homme continue d’évoluer comme il l’a toujours fait au cours de son évolution, à la fois par le simple effet du hasard des mutations et de la reproduction, et sous l’effet de l’environnement. La nouveauté serait plutôt dans le fait que l’Homme a récemment très rapidement changé son environnement, et à donc créé de nouvelles pressions de sélection naturelle.
Seul l’avenir nous dira comment nous allons nous adapter, biologiquement et culturellement, à ces changements radicaux que nous avons nous-mêmes introduits.
Paul Verdu, éco-anthropologue et ethnobiologiste - spécialiste de la génétique des populations humaines