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Le Rhône transformé

Au deuxième étage de la Grande Galerie de l'Évolution, un nouvel espace d'exposition vous invite à explorer le Rhône et l'impact des activités humaines sur la biodiversité de ce grand fleuve de l'Hexagone.

Quelle est l’emprise de l’humain sur la nature pour répondre à ses besoins toujours croissants ? Navigation, production d'énergie et irrigation : en parcourant le Rhône, découvrez comment ces activités cumulées pèsent sur les milieux naturels et quelles solutions existent.

Ce nouvel espace propose une visite autour de l’impact de trois activités phares : la navigation, l’irrigation (prélèvements et rejets) et la production d’énergie. Après le visionnage d’un film introductif dédié à chaque thème, munissez-vous de la tablette tactile mise à votre disposition. Grâce à la réalité augmentée, la maquette du fleuve s’anime et vous accédez aux contenus. Prenez le temps d’observer l’animal emblématique associé à chaque thématique, et ne manquez pas les espèces communes ou spécifiques qui ponctuent votre parcours. Elles sont abritées dans des vitrines encadrant le dispositif central.

L'impact des activités humaines

La navigation

Saviez-vous qu'avant d’être dompté par l’ingénieur Girardon entre 1880 et 1920 pour faciliter sa navigation, le Rhône comptait de multiples bras, se frayant un chemin entre de petites îles formées de sédiments.

« Les casiers installés sur les berges pour canaliser ce fleuve ont modifié son lit puis, une fois comblés, favorisé l’apparition d’une nouvelle végétation et empêché sa connexion au réseau secondaire, y compris en période de crue » raconte Aude Pinguilly, chef de projet au Muséum.

Le gardon, freiné dans sa circulation, et le brochet, contrarié dans sa reproduction, en ont payé le prix. Le castor aussi : au fil du temps, les aménagements ont impacté son habitat, en plus d’autres menaces, dont la chasse. Vous en apprendrez davantage sur cet animal qui a besoin d'eau en permanence (au moins 60 cm), bâtisseur aguerri de digues pour la retenir.

Mais qu’en est-il des intentions de l’Homme aujourd’hui ? Plusieurs actions de restauration écologique en faveur du vieux Rhône et de son écosystème d’origine sont développées le long du fleuve.

Gardon

Gardon

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Castor

Castor (Castor canadensis)

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Vue aérienne du Rhône

Vue aérienne d'Avignon, sur le Rhône

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Les prélèvements et rejets

La prochaine étape vous transporte à Étoile-sur-Rhône pour aborder l’exploitation à grande échelle des ressources du fleuve et leurs conséquences. On évoque par exemple les graviers prélevés pour les besoins de la construction, dont certaines espèces peuvent difficilement se passer. C’est le cas de la lamproie de Planer, qui se reproduit et grandit au sein des dépôts sableux et limoneux, où elle filtre divers micro-organismes composant sa nourriture.

Découvrez le milan noir, un charognard amateur de poissons morts et de déchets, victime de la pollution. « Celle-ci provient de l'agriculture (engrais et pesticides chimiques), de l'industrie (rejets de molécules toxiques nécessaires pour la production et présentes dans les produits finis) ou bien des usages domestiques (cosmétiques, médicaments, fibres de tissus synthétiques, détergents, désinfectants…), précise Yvanne Dam, chargée de conception muséographique. Si nos activités pèsent sur la nature, il nous appartient d’inverser la tendance. »

Aujourd'hui, plusieurs actions sont mises en place pour restaurer l'écosystème du fleuve : réglementation, mesures de réduction de la pollution et de la dégradation des milieux, amélioration des infrastructures de traitement et d’épuration, ou encore des techniques alternatives et biologiques expérimentant l’agriculture de demain, au rang desquelles figure l’agroforesterie.

Milan noir

Milan noir

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Lamproie de Planer

Lamproie de Planer (Lampetra planeri)

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L'énergie 

Vous voici arrivés à Bollène pour aborder la dernière thématique : l’énergie. Le réchauffement des eaux, dû au refroidissement des centrales nucléaires et au changement climatique, engendre une féminisation de certaines populations de poissons.

Quant aux installations hydrauliques et hydroélectriques le long des fleuves, elles pèsent sur de nombreux animaux migrateurs. Les anguilles, par exemple, naissent très loin du Rhône, au large de la Floride, puis leurs larves sont portées par les courants de l'Atlantique jusqu’à notre continent. Lors de cette traversée, elles se métamorphosent avant de coloniser les bassins-versants des grands fleuves d'Europe, dont le Rhône, où elles vont encore grossir. Ce trajet vers l’amont, en empruntant les passes, n'est pas sans risque. Tout comme celui du retour vers la mer des Sargasses, une fois à maturité, pour se reproduire. Malgré l'aménagement de passes à poissons, les barrages font obstacle à leur migration.

« Combiné à un meilleur contrôle de la qualité de l’eau, l’aménagement de passes à poissons spécifiquement étudiées à plusieurs niveaux vise désormais à sécuriser leur voyage vers les lieux de ponte. La recherche du bon équilibre entre production d'énergie pour les activités humaines et sauvegarde des espèces a donc commencé. Il faut poursuivre », conclut Aude Pinguilly

Ce dispositif a été produit grâce au soutien de la CNR.