Événement

Le Président de la République annonce l’entrée au Panthéon de membres du réseau du Musée de l’Homme

Le Président de la République, Monsieur François Hollande, a dévoilé vendredi dernier lors d’une cérémonie au Mont Valérien, les noms des personnalités qui rejoindront prochainement "Les Grands Hommes", place du Panthéon. Résistants de la première heure, les personnalités plébiscitées par la Présidence de la République ont également participé aux premières heures du Musée de l’Homme. Porteurs d’un message de tolérance et de respect de l’Autre dans le contexte de la montée des fascismes, l’idéal universaliste des fondateurs du Musée de l’Homme s’est rapidement trouvé confronté aux idéologies les plus inhumaines. Aussi, parmi les premiers, les chercheurs du Musée de l’Homme ont choisi d’agir contre la barbarie nazie et ont été parmi les premiers à payer de leur vie leur liberté de pensée.

Jean Zay (1904-1944) Entré très tôt en politique, Jean Zay devient à 32 ans membre du gouvernement du Front Populaire comme Ministre de l’Éducation Nationale et des Beaux-Arts. Il soutient à ce titre la création du Musée de l’Homme et participe à son inauguration en présence du Président Lebrun le 20 juin 1938. Il meurt, assassiné par la milice en juin 1944. Au mois de juin dernier, le Musée de l’Homme a rendu hommage à Jean Zay lors d’un évènement dédié aux 75 ans de l’Institution.

Germaine Tillion (1907-2008) est une ethnologue spécialiste du peuple Chaouïa (Aurès, Algérie), élève de Marcel Mauss, elle rejoint la résistance dès 1940. Après l’arrestation des membres du Réseau du Musée de l’Homme, notamment de Boris Vildé et Anatole Lewitsky, elle poursuit leurs activités. Elle-même arrêtée en 1942, elle sera finalement déportée à Ravensbrück. Forte de son expérience d’ethnologue, elle s’attache à décrire le monde concentrationnaire. Elle écrit également pendant sa détention le livret d’une opérette, « Le Verfügbar aux enfers » qui décrit la condition des détenues. Ses travaux serviront de base au Ministère des Anciens Combattants pour établir les premières pensions. Elle fut également "liquidatrice nationale" chargée de constituer et avaliser les dossiers administratifs de ses camarades de résistance qui seront reconnus comme ayant appartenu au groupe auquel elle donnera le nom de "Réseau du Musée de l’Homme – Hauet-Vildé". A partir de 1954, elle retourne en Algérie en mission officielle, pour enquêter sur le sort des populations des Aurès. Au terme de sa mission, elle travaillera au Cabinet de Jacques Soustelle, Gouverneur Général, pour mettre en œuvre des réformes. Elle met en place le réseau des centres sociaux destinés à venir en aide aux populations.

Pierre Brossolette (1903-1944), journaliste et homme politique, il rejoint le Groupe du Musée de l'Homme présenté à Jean Cassou par Agnès Humbert. Il écrit le dernier numéro du journal "Résistance" et échappe de peu au démantèlement du réseau. Pierre Brossolette est aussi le porte-voix à Londres des combattants de l'ombre. Dans un discours à la BBC le 22 septembre 1942, il rend un vibrant hommage aux "soutiers de la gloire", expression qui deviendra par la suite usitée. Il prendra la parole à 38 reprises au micro de la BBC en remplacement de Maurice Schumann et écrira des articles, dont un dans La Marseillaise qui par la suite sera considéré par certains comme un des textes fondateurs du gaullisme de guerre. Après avoir échappé plusieurs fois à des arrestations, Pierre Brossolette est finalement arrêté sur dénonciation. Torturé, il décède le 22 mars 1944.

Geneviève De Gaulle (1920-2002) Résistante dès juin 1940 dans le Groupe du Musée de l'Homme, Geneviève de Gaulle multiplie les actions de renseignement et d’information, notamment au sein du réseau Défense de la France. Arrêtée le 20 juillet 1943 et emprisonnée à Fresnes, elle est déportée au camp de Ravensbrück le 2 février 1944 où elle rencontre et se lie d'amitié avec quatre autres résistantes : Jacqueline Péry d'Alincourt, Suzanne Hiltermann, Anise Postel-Vinay et Germaine Tillon. En octobre 1944, elle est placée en isolement au "bunker" du camp. Cette décision, prise par Himmler, vise à la garder en vie et l'utiliser comme monnaie d’échange. Elle témoigne en 1987 sur la barbarie nazie lors du procès de Klaus Barbie. Nommée en 1988 au Conseil économique et social, elle se bat pendant dix ans pour l’adoption d’une loi d’orientation contre la grande pauvreté.

Fermé au public pour rénovation depuis 2009, le Musée de l’Homme verra le retour de ses chercheurs à l’automne 2014, puis des collections avant une ouverture au public fin 2015. Rénover le Musée de l’Homme aujourd’hui, c’est renouveler la pensée sur l’Humain, adapter ses messages à une société qui a évolué et avancé depuis 1937 mais reste confrontée chaque jour à de nouveaux défis pour défendre la connaissance et la tolérance.