Arrivées d’animaux

Des diables de Tasmanie à la Ménagerie

Deux diables de Tasmanie viennent de rejoindre la Ménagerie du Jardin des Plantes. Emblèmes d’une espèce menacée et d’un projet de conservation ambitieux, ils feront l’objet de toutes les attentions. 

Il s’agit du plus grand marsupial carnivore encore en vie avec près de 14 kilos pour les plus gros d’entre eux. Fourrure noire, oreilles rouges, queue épaisse, longues moustaches, dents pointues, gueule immense et cri strident, le diable de Tasmanie est pour ainsi dire un mythe… désormais visible à la Ménagerie !

Deux mâles âgés d’un an viennent de rejoindre un enclos aménagé rien que pour eux.

Un enclos sur mesure

Ce dernier a été préparé selon un cahier des charges rigoureux transmis par le centre de conservation de l’espèce afin de satisfaire au moindre besoin des animaux. Mais, en réalité, le diable de Tasmanie s’adapte très bien : surtout actif la nuit, il peut tout à fait se nourrir le jour, il est à l’aise à la fois en milieu boisé et en zone découverte, joue volontiers avec l’eau, se repose aussi bien dans un terrier qu’un gros buisson, et les plus jeunes peuvent même grimper aux arbres. Le nouvel enclos est ainsi composé d’herbes, de branches, d’un point d’eau et d’un abri.

Il est prévu d’y dissimuler des proies mortes plusieurs fois par jour afin de stimuler leur instinct de chasseur et d’assouvir leur appétit car ces petits diables mangent beaucoup ! Environ l’équivalent du tiers de leur poids chaque jour en viande.

Dans la nature tout y passe : animaux vivants ou morts, volailles ou mammifères, peau, os, jusqu’à des carcasses de mouton ou même de vaches. Une mâchoire puissante et des dents acérées leur permettent de venir à bout de presque tout.

Diable de Tasmanie © Ghislain Balemboy

Diable de Tasmanie

© Ghislain Balemboy
Diable de Tasmanie © Ghislain Balemboy

Diable de Tasmanie 

© Ghislain Balemboy
Diable de Tasmanie © Ghislain Balemboy

Diable de Tasmanie 

© Ghislain Balemboy
Diable de Tasmanie © Ghislain Balemboy

Diable de Tasmanie

© Ghislain Balemboy

Diable de Tasmanie

© G. Balemboy

Diable de Tasmanie

© G. Balemboy
Diable de Tasmanie

Diable de Tasmanie © MNHN - F-G Grandin

© MNHN - F.-G. Grandin

L’équipe aux petits soins

Aude Bourgeois, vétérinaire chargée de les accueillir, prépare cette arrivée de longue date. Dès 2016, elle assistait à une formation au parc zoologique de Copenhague qui héberge cette espèce depuis plusieurs années et fournit des individus aux parcs européens.

Deux autres soigneurs de la Ménagerie ont également été formés depuis, et le reste de l’équipe de la Ménagerie a reçu toutes les informations nécessaires pour prendre soin de ces deux nouveaux pensionnaires à la biologie et aux instincts si particuliers.

« Il se pourrait qu’au début, il y ait un temps d’adaptation car ils vont voyager en avion depuis l’hémisphère sud où c’est actuellement l’été. Ensuite, nous allons devoir nous habituer à les manipuler même s’ils sont plutôt dociles. Leurs dents pointues peuvent blesser sévèrement s’ils se sentent en danger. Puis, nous devrons gérer des dents cassées en raison de la force de leur mâchoire, des plaies et des blessures fréquentes qui résultent des morsures entre eux, notamment lorsqu’ils s’affrontent face à la nourriture. Leur vieillissement n’est pas non plus évident. L’espérance de vie d’un diable de Tasmanie est d’environ 7-8 ans en captivité mais dès 4-5 ans, ces animaux développent naturellement des cancers et présentent des dégénérescences nerveuses provoquant des pertes d’équilibre. Cela nécessitera des soins et de l’attention. Nous sommes prêts ! », précise Aude Bourgeois.

Des diables ambassadeurs

À l’état sauvage, le diable de Tasmanie n’existe que dans ce pays situé au sud de l’Australie. S’il a vécu dans d’autres îles de la région comme des fossiles l’attestent, il en a disparu. Malgré sa protection par décret depuis 1941, sa population décline rapidement depuis 1996.

Ces animaux sont en effet victimes d’une terrible tumeur de la face transmissible par morsure qui a éliminé près de 80 % des individus. Aucun traitement n’est disponible et l’espèce est aujourd’hui classée en danger d’extinction.

En 2004, une population de « réserve » a été créée à partir de diables en bonne santé dans des zoos d’Australie et de Tasmanie. Cela permet d’envoyer des diables « ambassadeurs » en Amérique du Nord et en Europe pour faire connaître l’animal, les mesures de sauvegarde mises en œuvre, et contribuer à leur financement.

C’est dans ce contexte que la Ménagerie du Jardin des Plantes, qui privilégie des animaux de petite taille faisant l’objet de projets de conservation, a été sélectionnée par la Fondation tasmanienne pour la sauvegarde de l’espèce.

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