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Au terme de ses deux mandats de Président du Muséum, Bruno David revient sur son projet, en dresse le bilan et questionne le chemin qui reste à parcourir.
Un projet résolument intégratif, voué à rassembler, à mettre en synergie tous les métiers de cette grande maison, ses activités au large spectre, ses collections foisonnantes et l’ensemble de ses sites, franciliens et en région. Ma vision du Muséum est celle d’un établissement, certes divers, mais surtout unique. Elle implique de faire dialoguer toutes ses composantes, de favoriser le plus possible la transversalité pour que le tout soit supérieur à la somme des parties. C’est aussi celle d’une institution qui a vocation à s’inscrire davantage dans la société face aux défis auxquels nous sommes confrontés. J’ai ainsi privilégié trois axes stratégiques : la construction de la connaissance en mobilisant la recherche, nos collections ; la volonté de parler à tous les publics via nos musées, zoos et jardins. Ces deux missions ne sont pas nouvelles sur le fond, mais s’intensifient et s’illustrent différemment désormais. J’y ai ajouté une troisième ambition : l’engagement. À l’aube du XXIe siècle, dans le contexte d’une crise environnementale majeure, l’histoire naturelle a toute sa place et le Muséum doit faire entendre sa voix, porter sa parole scientifique. Il nous appartient d’apporter des clefs de compréhension du monde objectives dans le respect d’une valeur cardinale de la science : l’universalisme.
Nous avons œuvré pour la construction de la connaissance et sa diffusion, notamment à travers de grandes expositions comme T-Rex, Océans, Pierres précieuses, Néandertal. Le Muséum a aussi innové avec l’installation des Illuminations ou encore L’Odyssée sensorielle et le dispositif Revivre qui suscitent l’émerveillement. Une émotion propice à la mémorisation des messages scientifiques que nous nous attachons à délivrer. Nous avons aussi renforcé notre visibilité grâce à plus de 300 chroniques sur France culture, la tenue de conférences, le développement de nos éditions, le lancement des Tribunes et la création de nombreux podcasts. Pour la seule série Bestioles, nous atteignons les 10 millions de téléchargements ! La publication de manifestes permet en outre au Muséum d’aborder de manière rationnelle de vrais sujets d’actualité, comme la violence, les origines du genre ou, cette année, la justice environnementale. Aux questions émergentes sur la biodiversité, il nous faut également répondre, dire ce qui est, ce qui peut advenir, partager notre expertise. Notre engagement consiste à éclairer les décisions et s’arrête où commence la politique. Cette intégrité scientifique garantit notre rayonnement, l’écoute et le respect que l’on nous accorde.
Les problèmes dont nous nous sommes déjà emparés demeurent et nécessitent de persévérer, d’installer notre parole durablement dans la société. D’autres modes de contact avec les citoyens méritent d’être explorés, notamment en lien avec les sciences participatives, pour mobiliser plus de monde. De fortes attentes sociales émanant des entreprises, de l’État, des collectivités, en matière d’accompagnement sur la biodiversité s’accélèrent. Le Muséum a commencé à travailler sur des indicateurs dans le but de leur permettre d’intégrer la question en amont de leur stratégie ou d’évaluer l’impact des mesures prises. C’est loin d’être simple, car on ne mesure pas le vivant comme la température qu’il fait ! Il faut trouver des marqueurs pertinents car un seul ne peut suffire tant ce vivant est complexe. Reste aussi à conforter l’image de l’établissement. Un nouveau sceau et une charte graphique commune permettent de mieux identifier tous les sites de l’établissement, mais le Muséum reste encore trop assimilé au seul Jardin des Plantes. Il faudra encore quelques années pour une perception plus juste de l’institution mais le travail accompli en matière de communication commence à porter ses fruits, y compris avec la devise, Émerveiller pour instruire, avec laquelle je suis arrivé et qui a fait son chemin !