Édition

Du rôle et de la nécessité de l’histoire naturelle dans les sociétés contemporaines

Dans une tribune au « Monde », Bruno David, président du Muséum, et Philippe Taquet, professeur émérite au Muséum, expliquent en quoi cette discipine est un remède contre l’affaiblissement du discours scientifique. 

À l’heure où le président américain fraîchement élu a décidé du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, et où les sciences sont mises à rude épreuve par des obscurantismes de tout bord, le constat est implacable : nous sommes entrés dans une ère de post-vérité qui étend ses ramifications dans de nombreux pays et dans les milieux sociaux les plus divers. Cet affaiblissement du discours scientifique dans l’opinion coïncide avec l’émergence d’un scepticisme global.

Pour endiguer l’extension de ces discours relativistes et ainsi freiner les tentations de soupçons injustifiés envers la science, l’histoire naturelle s’avère être un cadre précieux. Discipline d’observation, elle apprend à respecter les faits et à rejeter le dogmatisme. Elle est en cela une école de réalisme et d’humilité. Fondée sur la rationalité, elle doit contribuer à réinstaurer la confiance du public envers les messages scientifiques, confiance indispensable pour que la démocratie puisse penser le long terme, crucial ­notamment sur les questions environnementales. L’histoire naturelle contribue ainsi à construire les principes éthiques qui fournissent des orientations pour la conduite humaine, individuelle et collective.

À diverses reprises dans le passé, elle a d’ailleurs tenu une place majeure, contribuant à forger le regard que les sociétés posaient sur le monde qui les entourait et les aidant à mieux se construire.
En ce début de XXIe siècle, il convient d’être capable d’appréhender des échelles de temps et d’espace qui ­dépassent celles de notre quotidien, et dès lors de s’interroger sur l’utilité ­publique de l’histoire naturelle dans un monde de plus en plus instable et secoué par des revendications teintées de sectarisme et d’intolérance.

« Nous sommes entrés dans une ère de post-vérité qui étend ses ramifications dans de nombreux pays et dans les milieux sociaux les plus divers »

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