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Suite aux dernières annonces du gouvernement, les musées, jardins et zoos du Muséum restent fermés, à l'exception du Jardin des Plantes, de l'Arboretum de Versailles-Chèvreloup et du Jardin botanique Val Rahmeh - Menton.
La réouverture se fera en fonction de l'évolution de la situation sanitaire.
Cet été, The Conversation France et le Muséum vous emmènent battre le pavé des villes à la découverte d'arbres peu connus. Aujourd'hui, Koelreuteria paniculata.
Le savonnier de Chine (Koelreuteria paniculata Laxm.), également appelé « arbre à pluie d’or » ou « arbre aux lanternes », est une espèce de la famille des Sapindaceae ; il s’agit d’une vaste famille comportant environ 2000 espèces ligneuses, appartenant à plus d’une centaine de genres dont les importants Acer (les érables) et Aesculus (les marronniers) qui lui ont été rattachés suite à l’adoption d’une classification phylogénétique des êtres vivants.
Le savonnier de Chine est un petit arbre, atteignant au maximum 10 à 15 mètres de hauteur et présentant une cime étalée et un tronc avec une écorce brun grisâtre qui se fissure avec l’âge.
Cette espèce se reconnaît facilement à ses grandes feuilles composées, constituées de nombreuses folioles dentées ou crénelées.
Ses fleurs à 4 pétales apparaissent au début de l’été et constituent de superbes panicules élancées de 30 à 40 cm.
Les fleurs évoluent ensuite en fruits, capsules à 3 loges ayant des formes de petites lanternes, d’abord vertes, puis brunes cuivrées. Elles contiennent des graines noires qui persistent jusqu’à l’année suivante.
Le savonnier paniculé est un arbre indigène en Chine et en Corée. C’est au père jésuite français Pierre Nicolas Le Chéron d’Incarville, missionnaire en Chine de 1740 jusqu’à sa mort en 1757, qui fut correspondant du Jardin du roi, que nous devons l’introduction en Europe de cette espèce, comme d’un certain nombre d’autres espèces d’arbres de Chine (le sophora, le cédrèle, l’ailante, etc.).
Il fit parvenir en 1747 des graines de cette espèce à Stepan Kracheninnikov, professeur de botanique à Saint-Pétersbourg, et probablement aussi à Bernard de Jussieu, au Jardin du roi à Paris.
L’espèce fleurit pour la première fois en 1771, en serre à Saint-Pétersbourg, ce qui permit au naturaliste russe Erich Laxmann de la décrire dès 1772 et de la dédier à son confrère botaniste allemand Joseph Gottlieb Koelreuter, professeur d’histoire naturelle à Karlsruhe, qui avait passé cinq années (de 1756 à 1761) à l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg.
Comme il s’agit d’une espèce tolérante à la sécheresse et au froid, elle a ensuite été largement distribuée en Europe et dans les régions tempérées d’Amérique du Nord.
En France, c’est le grainetier Louis de Vilmorin qui l’a cultivée et diffusée à partir de 1789.
Le savonnier de Chine reste toutefois encore peu répandu dans nos villes.
La base de données de la ville de Paris fait état de seulement 659 mentions de cette espèce (sur plus de 200 000 enregistrements d’arbres), dont 327 en squares et jardins et 223 en alignements.
Pour la métropole de Bordeaux, il n’y a également que 88 indications de cette espèce, dont 50 en squares et jardins et 28 en alignements.
C’est donc une espèce décorative qui pourrait être plus largement utilisée dans de petits espaces urbains à végétaliser.
L’écorce du savonnier de Chine contient de la saponine, utilisée en Asie comme savon, ce qui explique son nom français. Ses graines noires sont parfois utilisées pour confectionner des colliers et des chapelets. L’espèce est en outre mellifère et abondamment fréquentée par les hyménoptères.
Mais ce sont surtout ses qualités esthétiques, tant de son feuillage qui prend une teinte cuivrée en automne, que ses fleurs jaunes très abondantes et vivement colorées, puis ses fruits en forme de lampions, qui expliquent sa plantation qui tend à s’étendre ces dernières années dans les parcs et jardins des villes.
Quelques beaux arbres sont présents au Jardin des plantes (Paris, Ve), en particulier un individu remarquable par ses dimensions à l’extrémité du « jardin écologique ».
Deux autres espèces seulement ont été décrites dans ce genre Koelreuteria : il s’agit de K. bipinnata et K. elegans, toutes deux à distribution spontanée également asiatique.
Mais elles sont beaucoup plus rarement plantées en France et présentes uniquement dans des jardins botaniques, par exemple dans le Jardin des plantes pour K. bipinnata.
De nombreuses autres espèces de la famille des Sapindaceae sont largement utilisées comme arbres d’agrément dans les villes.
C’est le cas en particulier des marronniers (Aesculus), comprenant une trentaine d’espèces, toutes originaires des zones tempérées de l’hémisphère nord (Amérique du Nord et Eurasie), dont l’espèce de loin la plus fréquemment plantée est le marronnier d’Inde (A. hippocastanum), en fait originaire des Balkans.
Cette espèce est infestée depuis quelques décennies par les chenilles d’un papillon, la mineuse du marronnier, ce qui provoque le dessèchement prématuré de son feuillage en été, mais heureusement pas la mort des arbres.
D’autres espèces de ce genre, actuellement non ou moins attaquées par la mineuse, mériteraient davantage d’intérêt, comme le marronnier hybride à fleurs rouges (A. x carnea), le marronnier de l’Himalaya (A. indica) ou encore le pavier jaune (A. flava).
Nous terminons cette série d’été consacrée aux arbres peu connus des villes, mais vous donnons rendez-vous dès l’automne pour poursuivre ces investigations et découvrir d’autres espèces d’arbres, qui mériteraient d’être mieux connus et valorisés dans nos cités urbaines et, en particulier, le plus extraordinaire de tous, le Ginkgo biloba…
Serge Muller, Professeur, chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité ((UMR 7205 ISYEB, CNRS, MNHN, SU, EPHE), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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