Recherche scientifique

Lettre à Zootaxa : la taxonomie doit reposer sur des spécimens, pas sur des photos

La taxonomie a pour objet de classer les organismes vivants en entités appelées taxons (espèces, genres, familles, etc.), de les nommer et de fournir les moyens de les identifier. 

Il a récemment été proposé que de nouvelles espèces animales puissent être décrites à partir de photographies, en l'absence de spécimens « types » déposés dans des collections pérennes comme celles des muséums.

Or les types, spécimens de référence, sont porteurs de nombreux caractères qui ne peuvent être observés sur des photos et sont donc indispensables pour conférer à la taxonomie l’objectivité, la répétabilité et la réfutabilité qui en font une discipline scientifique. Ces spécimens effectuent un lien matériel entre les noms et les populations naturelles dont ils sont issus.

Faire reposer la taxonomie sur des photos, comme elle le faisait à ses débuts sur de simples descriptions et dessins, serait préjudiciable à tous les domaines de la biologie qui en dépendent, notamment en rendant plus difficile l’obtention par les taxonomistes de permis de récolte de spécimens – un fléau actuel pour la discipline –, en encourageant la description d’espèces imaginaires et en augmentant l’instabilité et l’inexactitude taxonomiques.

Le Code international de nomenclature zoologique doit être modernisé pour éviter que certains de ses articles hérités d’une époque révolue soient employés pour justifier des pratiques dépassées menaçant la science et la conservation de la biodiversité.

Afin d’effectuer cette mise au point, 493 chercheurs internationaux, dont une vingtaine travaillant au Muséum national d’Histoire naturelle1 ont cosigné une correspondance publiée aujourd'hui dans le journal Zootaxa.

Pour en savoir plus : biotaxa.org

Notes

1 - À l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (ISYEB : Muséum national d’Histoire naturelle, CNRS, EPHE, UPMC / Sorbonne Universités), au Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (CR2P : Muséum, CNRS, UPMC / Sorbonne Universités) et au laboratoire Mécanismes adaptatifs et évolution (MECADEV : Muséum, CNRS / Sorbonne Universités)