Recherche scientifique

Une fleur de plante tropicale piégée dans l'ambre Éocène de l'Oise

L’étude des environnements passés est un vaste champ disciplinaire réunissant une communauté diverse de scientifiques. La paléobotanique en particulier aide à reconstituer ces environnements par l'apport d'informations sur les climats passés. Les fleurs piégées dans l’ambre constituent un matériel rare et précieux jouant un rôle primordial dans la compréhension de la biodiversité passée.

Les fleurs incluses dans l’ambre sont rares. A ce jour, plusieurs centaines de fleurs ou inflorescences ont été découvertes, représentant moins de 70 espèces. Une nouvelle étude décrit une fleur issue de l’ambre Éocène (±56 Millions d'années) du Bassin de Paris, nommée Icacinanthium tainiaphorum Del Rio & De Franceschi.

Son épithète spécifique tainiaphorum fait référence aux longs poils rubanés présents sur la partie supérieure des pétales (tainia= ruban, phore= porter, littéralement porteur de rubans). Ces poils particuliers, dans leur forme et leur ornementation, sont caractéristiques de certains genres d’Icacinaceae, famille tropicale de lianes, d’arbustes grimpants et d’arbres. D’autres caractères telles que le diamètre de la fleur (seulement 3,5 mm), la forme et l’insertion des pétales confirment cette affinité. De plus, du pollen a été dégagé de la matrice d’ambre, via l'utilisation de solvants pour rendre la résine fossilisée malléable, et ensuite observé : les grains de pollen sont ornés d’échinules (petites épines) et présentent trois pores germinatifs, leur contenu cellulaire est, en outre, encore visible.

Cette fleur est un indice qu’une flore tropicale était présente en Europe il y a 56 millions d’années. L’environnement en France ressemblait alors aux flores actuelles malaises, c’est-à-dire de grandes forêts très diversifiées avec notamment de nombreuses formes lianescentes. N’ayant aucun équivalent aujourd’hui, ce fossile est également le témoin d’une diversité éteinte unique et à jamais perdue.

Holotype Icacinanthium tainiaphorum

© Creative Commons

Référence

First record of an Icacinaceae Miers fossil flower from Le Quesnoy (Ypresian, France) amber, Cédric Del Rio, Thomas Haevermans, Dario De Franceschi. Scientific Reports, 11 septembre 2017.

Note

Les laboratoires impliqués :

  • Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/UPMC/Sorbonne-universités)
  • Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/UPMC/EPHE/Sorbonne-universités)