Recherche scientifique

Curiosity au Muséum : les chercheurs de la mission martienne se réunissent pour la première fois en France

Du 9 au 11 juin, le Muséum national d’Histoire naturelle accueille le « All hands meeting » : 200 chercheurs internationaux travaillant « à bord » du robot Curiosity se réunissent pour faire le point sur les dernières avancées scientifiques. Cette grande réunion a lieu deux fois par an en Californie à Caltech et au Jet Propulsion Laboratory à Pasadena ; c'est la première fois que la réunion a lieu en France, les scientifiques français représentant la deuxième communauté la plus importante engagée dans le projet après les Américains. Le Muséum est notamment représenté sur Mars grâce à la présence à bord du robot d’une macusanite, un échantillon terrestre issu de ses collections.

Le robot géologue Curiosity évolue à la surface de Mars depuis août 2012 (mission Mars Science Laboratory organisée par la NASA), au fond du cratère de Gale au niveau de l’équateur martien. Son objectif principal est de déterminer si la vie a pu exister sur cette planète.

Pour mener à bien cette mission, Curiosity est équipé de dix instruments scientifiques dont deux sont franco-américains : SAM, un mini laboratoire (spectromètre de masse et chromatographie en phase gazeuse), et le laser ChemCam, qui constitue le principal éclaireur du robot.

En effet, ChemCam (Chemistry & Camera), composé d’un laser d’une portée de de 3 à 7 m situé au sommet du mât et de trois spectromètres abrités dans le corps du rover, peut analyser rapidement et à distance plusieurs échantillons de roche et déterminer s'il y a lieu de poursuivre l'analyse avec d'autres instruments. Toute la stratégie de déplacement du robot Curiosity sur le sol martien dépend donc du bon fonctionnement de cet instrument.

Afin d’en assurer le contrôle, des cibles de calibration ont été installées à bord de Curiosity. L’une d’entre elles a été choisie au sein des collections du Muséum : il s’agit d’une macusanite du Pérou (verre volcanique naturel), sélectionnée pour l’homogénéité de la répartition de ses éléments (eau, lithium, arsenic, bore) et sa résistance à de grandes différences de température et au bombardement des rayons solaires.

Le CNES, agence spatiale française, associé à plusieurs laboratoires français dont l’Institut de Minéralogie, de Physique des Matériaux et de Cosmochimie (UPMC/ Muséum national d’Histoire naturelle/ CNRS), assure, en alternance avec les américains, les opérations au jour le jour de l’instrument ChemCam. Ce sont au total 28 chercheurs français qui travaillent sur ce laser, seul instrument du rover à fonctionner tous les jours. Alors que Curiosity a effectué 10 km en trois ans, ChemCam a quant à lui déjà effectué 250.000 tirs et analysé près de 900 cibles…

Les derniers résultats récoltés grâce au rover seront présentés lors de ce rassemblement. Et la moisson promet d’être importante. En effet, les scientifiques ont notamment déjà découvert l’année dernière des lits de rivières fossiles et même un ancien lac. En trouvant des sites ayant contenu de l’eau douce, Curiosity a d’ores et déjà démontré que la planète Mars a été habitable : les conditions liées à l’eau (non saumâtre, basse température, pH neutre) étaient en effet réunies pour l’apparition de la vie. Autre élément indispensable : la matière organique ; celle-ci a récemment été mesurée à l’état de traces avec l’instrument SAM pour la première fois dans le cratère de Gale. (Fressinet et al. 2015. Journal of Geophysical Research. Organic molecules in the Sheepbed Mudstone, Gale crater, Mars. doi 10.10002/2014JE004654).

 

Autoportrait de Curiosity

© NASA / JPL-Caltech / MSSS