Quelle part d'ADN est partagée entre frères et sœurs ?

L’Homme et le chimpanzé ont bien 98 % de leur ADN en commun. Mais il en partage plus avec tous ses semblables, et d’autant plus avec les membres de sa famille. Pour autant, chacun d’entre nous reste unique.

Des idées admises qui sont loin d'être la vérité

L’Homme possède bel et bien des gènes en commun avec le chimpanzé, à hauteur de 98 %. Rien d’étonnant à cela… L’Homme et le chimpanzé ont un ancêtre commun, vieux de sept ou huit millions d’années, et nous possédons des points communs avec le chimpanzé, comme avec beaucoup d’autres êtres vivants : des cellules toutes composées d’une membrane, d’un noyau, qui ont les même fonctions biologiques. Mais ce chiffre de 98 % reste à relativiser.

Ces ressemblances ne portent en fait que sur nos gènes « codants », c’est à dire des gènes qui portent sur l’expression directe de protéines, que ne comptent que pour 1,5 % de notre ADN. Le reste de notre ADN, dit ADN non-codant a un rôle beaucoup plus complexe, il peut par exemple réguler l’activité de nos gènes, mais reste pour une majeur partie encore totalement inconnu. Nous n’avons donc en commun que 98 % de 1,5 % de notre ADN avec le chimpanzé.

Jumelles

Sœurs jumelles

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La transmission de gènes par les parents

En revanche, je partage beaucoup plus d’ADN en commun avec mon frère ! D’ailleurs tous les Hommes ont un grand pourcentage d’ADN en commun, environ 99,9 % ! Chaque individu possède environ 3 millions de bases d’ADN, sur un total de 3 milliards, qui diffèrent d’avec une personne d’une autre famille. Soit 0,1 % de différence… Ce qui reste une moyenne : le chiffre peut-être un peu plus faible entre deux frères ou plus élevé entre un Breton ou un Papou de Nouvelle-Guinée par exemple.

Mon point commun avec mon frère, c’est que comme lui, je partage 50 % de mon information génétique qui provient de ma mère, et 50% de mon père. Mais ces 50 % qui nous proviennent du même parent ne sont pas forcément identiques. Nos gènes existent en deux exemplaires (un provenant de la mère, l’autre du père) et occupent la même position sur chacun des deux chromosomes d’une paire. Tout dépend finalement de ce qui s’est passé lors des divisions cellulaires qui ont donné lieu aux spermatozoïdes et aux ovules de nos parents, c’est la loterie de la génétique !

Ainsi personne n’est identique à son frère sur un plan génétique (sauf les vrais jumeaux), mais néanmoins, il n’y a qu’une toute petite fraction de notre ADN qui est différent.

Paul Verdu, éco-anthropologue et ethnobiologiste au Musée de l’Homme

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