Qu'est-ce qu'un jardin botanique ?

Les jardins botaniques possèdent trois missions principales : éduquer la population, participer à la recherche en biologie et conserver la biodiversité végétale.

Il existe des jardins botaniques dans de nombreux pays. À Paris, le Jardin des Plantes est l’un des plus réputés. Dans ces espaces, des plantes du monde entier sont cultivées pour le plaisir des promeneurs, mais aussi pour remplir une mission scientifique.

L'héritage des savants naturalistes

Les premiers jardins de plantes médicinales

C'est à la Renaissance, au XVIe siècle, que les premiers jardins botaniques voient le jour dans le monde. À Pise, Padoue, Montpellier, des savants passionnés de sciences naturelles créent, souvent dans le cadre d'une université, ces espaces destinés à faire pousser des végétaux. Ils souhaitent non seulement observer et décrire les plantes vivantes, mais aussi les nommer, les classer, les répertorier. Ils s'intéressent surtout à celles qui possèdent des propriétés pharmacologiques.

Adam Pérelle, Veüe du Jardin Royal des Plantes Medecinales au fauxbourg St Victor, [1690]. Estampe sur cuivre, en noir. 225 x 300 mm. Muséum national d’Histoire naturelle, IC 3998

© MNHN

À l'origine du Jardin des Plantes...

À Paris, le roi Louis XIII fonde le Jardin royal des plantes médicinales en 1635 pour instruire, gratuitement, les médecins et les pharmaciens. C'est le futur Jardin des Plantes du Muséum national d'Histoire naturelle.

Naissance d'une science des plantes moderne

Au XVIIIe siècle, le mouvement encyclopédique gagne la botanique et les jardins scientifiques s'agrandissent. Ils accueillent de plus en plus de végétaux, qu'ils soient exploités pour leurs vertus médicinales ou alimentaires (fruits, légumes, tubercules) mais aussi pour l'industrie textile (fibres, pigments), la production de bois (construction, mobilier, instruments de musique, outils divers) ou même simplement pour leur beauté. Les collections végétales s'enrichissent des espèces exotiques ramenées par les grandes expéditions scientifiques autour du monde.

Le saviez-vous ?

Souvent implantés en ville, les jardins botaniques manquent de place pour accueillir les spécimens plus volumineux. À partir du XIXe siècle, on crée donc des arboretums, dédiés aux arbres. En France, celui de Versailles-Chèvreloup est fondé en 1922.

Des jardins à mission

Fête des sens 2022

Fête des sens 2022 - Visite "Nez au vent" dans le Jardin des Plantes

© MNHN - J.-C. Domenech

Aujourd'hui, les jardins botaniques remplissent trois missions principales : éduquer la population, participer à la recherche en biologie, et conserver la biodiversité végétale.

Éducation

Les jardins botaniques sont ouverts au public. La richesse de leur composition végétale suscite l'émerveillement. Ils sensibilisent à la nature et à sa protection. Ils permettent de s’initier à la botanique, grâce à l'étiquetage systématique des plantes et aux panneaux pédagogiques. Les écoles y organisent des visites pour stimuler la curiosité des plus jeunes. Tout au long de l'année, des manifestations et des expositions à thèmes permettent au public novice ou expert d'accroître ses connaissances.

Recherche

La diversité des espèces cultivées constitue une mine d'or pour les chercheurs en botanique. Ils peuvent observer finement les structures et le fonctionnement de plantes identifiées, répertoriées, et dont on connait tout le parcours depuis leur collecte dans la nature. Ils y trouvent des milieux contrôlés pour observer les interactions des plantes avec les insectes du sol, les pollinisateurs ou les champignons des racines, ou encore pour comprendre comment les fleurs développent leurs formes remarquables…

Jardin-école

Au Jardin des Plantes, une parcelle appelée « École de botanique » est plus spécifiquement destinée aux étudiants et amateurs de botanique. Environ 2 500 végétaux y sont ordonnés selon la classification scientifique. Cet arrangement permet de visualiser les liens de parenté entre les plantes et leur évolution depuis leur apparition sur Terre, il y a plus de 400 millions d'années. Une leçon à ciel ouvert !

École de Botanique

École de Botanique

© MNHN - F.-G. Grandin
Mains triant des graines

Tri de graines

© MNHN - A. Iatzoura

Conservation

Parmi les pensionnaires des jardins botaniques, on trouve notamment des spécimens rares d'espèces en voie de disparition. Leurs semences sont préservées dans une graineterie : un lieu dédié à la conservation de graines. Chaque année, les jardins botaniques éditent un Index Seminum, c'est-à-dire un catalogue de leurs semences, permettant d'effectuer des échanges entre jardins botaniques du monde entier.

Le Jardin dispose aussi d'un laboratoire de culture in vitro où les exemplaires uniques ou menacés d'extinction sont multipliés sous atmosphère aseptisée et en conditions contrôlées avant d'être replantés.

Plantations des carrés de la Perspective du Jardin des Plantes

Plantations des carrés de la Perspective du Jardin des Plantes

© MNHN - A. Iatzoura

Une panoplie d'experts

Pour remplir les missions des jardins botaniques, de nombreux spécialistes collaborent, qu'ils soient botanistes, paysagistes, médiateurs… Les jardiniers s’occupent de l'entretien et de la mise en valeur des jardins. Ils savent reconstituer les conditions de sol, d’exposition et d'humidité dans lesquelles leurs pensionnaires vont s'épanouir.

D'autres experts alimentent et entretiennent les bases de données qui les répertorient. Des techniciens de laboratoire multiplient les plants. Beaucoup d'autres professionnels collaborent à la vie d'un jardin botanique, des soudeurs qui entretiennent les structures de soutien des plantes aux guides qui mènent les visites.

Un réseau dédié au vivant végétal

De nos jours, les jardins botaniques sont organisés en réseau. Au niveau mondial, le BGCI (Botanic gardens conservation international) rassemble ainsi ceux présents dans plus de 100 pays. L'association des Jardins botaniques de France et des pays francophones regroupe quant à elle 82 jardins répartis sur 4 continents. Ces réseaux permettent de partager connaissances et savoir-faire, d'échanger semences et plants.

Jardin des Plantes, vue de la Grande Galerie de l’Évolution

Jardin des Plantes, vue de la Grande Galerie de l’Évolution

© MNHN - A. Iatzoura

Quatre jardins remarquables

Le Muséum national d'Histoire naturelle est à la tête de 4 jardins sur le territoire métropolitain. Chacun a sa spécialité : en plein Paris, le Jardin des Plantes abrite non seulement des espaces dédiés aux plantes du monde entier, mais aussi le siège du Muséum national d'Histoire naturelle, une ménagerie, des serres et des bâtiments d'exposition scientifique.

L’Arboretum de Versailles-Chèvreloup, situé dans l’enceinte de ce qui fut le domaine royal de Versailles (Yvelines), héberge sur 200 ha une collection de 2 500 espèces d’arbres originaires d’Europe, d’Asie et d’Amérique.

Dans le Vaucluse, à Sérignan-du-Comtat, on trouve l’Harmas Jean-Henri Fabre. Bien que Harmas signifie « terre en friche » en provençal, il présente une riche collection de plantes et d'arbres méditerranéens, en invitant à découvrir le lieu de vie et de travail du naturaliste.

Enfin, le Jardin botanique Val Rahmeh, à Menton (Alpes-Maritimes), explose des senteurs et couleurs d'une incroyable diversité d'espèces exotiques.

Vue de l'Arboretum en automne, des arbres aux feuillages verts, jaunes et rouges.

Arboretum de Versailles-Chèvreloup

© MNHN

Harmas de Jean-Henri Fabre

© MNHN - A. Iatzoura

Terrasse du Jardin botanique Val Rahmeh - Menton

© MNHN - A. Iatzoura
Arbre recouvert de fleurs roses au printemps.

Prunus en fleur - Arboretum de Versailles-Chèvreloup

© MNHN - S. Gerbault

Le saviez-vous ?

Dans les parterres ou les serres, les assemblages de plantes ne reflètent pas forcément leur aspect et leur environnement à l’état sauvage. Le jardin est un lieu travaillé par l’humain. Ici, les associations sont soigneusement réfléchies et agencées pour raconter une histoire et stimuler l'imagination.

Tour du monde végétal au Jardin des Plantes

Dans ces jardins, on voyage d'un point du globe à l'autre en quelques pas. Ainsi au Jardin des Plantes de Paris, où le visiteur est d'abord happé par la grande perspective, un alignement de parterres à thèmes où se succèdent plantes utiles aux humains et plantes ornementales. Il peut alors s'enfoncer dans des zones plus dépaysantes, comme le jardin alpin, qui héberge plus de 2 000 espèces ou variétés de plantes des montagnes du monde : Alpes, Pyrénées, Himalaya, etc. Il se laissera charmer par le jardin des iris et des plantes vivaces. Dans la roseraie, il apprendra comment les horticulteurs ont façonné la diversité des roses actuelles. Il s'aventurera dans les grandes serres. Là s'épanouissent cacaoyers, pieds de vanille, ficus, bananiers dans un climat chaud et humide, ou les cactus dans la serre des déserts.

Carrés de la perspective du Jardin des Plantes

© MNHN - P. Lafaite

Jardin des iris et des plantes vivaces - Jardin des Plantes

© MNHN - F.-G. Grandin

Grandes Serres du Jardin des Plantes

© C. Ficaja

Roseraie  - Jardin des Plantes

© MNHN - B. Jay
Photo de la végétation du jardin alpin au Jardin des Plantes

Jardin des plantes - Jardin alpin

© MNHN - F.-G. Grandin

Des arbres exceptionnels

Enrichis au fil du temps par l’activité des scientifiques, pendant parfois plusieurs siècles, les jardins botaniques hébergent souvent des individus à l'histoire remarquable.

Le « pistachier de Vaillant ». Semé en 1702, ce pistachier (Pistachia vera) a permis à Sébastien Vaillant (1669-1722) de démontrer que les plantes se reproduisent sexuellement, grâce au dépôt de pollen sur les fleurs.

Le « pistachier de Vaillant ». Semé en 1702, ce pistachier (Pistachia vera) a permis à Sébastien Vaillant (1669-1722) de démontrer que les plantes se reproduisent sexuellement, grâce au dépôt de pollen sur les fleurs.

© MNHN - B. Jay
Pin de Wollemi. Une centaine d'exemplaires de ce Wollemia nobilis ont été découverts en 1994 en Australie, dans une vallée maintenue secrète pour sauvegarder l'espèce. C'est dans ce but que des jardins botaniques ont entrepris de le cultiver. Celui de Paris a été planté devant la Galerie d'Anatomie comparée et de Paléontologie en 2006.

Pin de Wollemi. Une centaine d'exemplaires de ce Wollemia nobilis ont été découverts en 1994 en Australie, dans une vallée maintenue secrète pour sauvegarder l'espèce. C'est dans ce but que des jardins botaniques ont entrepris de le cultiver. Celui de Paris a été planté devant la Galerie d'Anatomie comparée et de Paléontologie en 2006.

© MNHN - J.-C. Domenech
Photographie d'un ginkgo biloba avec ses feuilles jaunes

L'arbre aux 40 écus. Un botaniste amateur français, M. de Pétigny, acheta cinq pousses de ce Gingko biloba pour 40 écus d’or en Angleterre en 1780. Son feuillage devient jaune d’or avant de tomber à l’automne.

© MNHN - P. Lafaite
Le Sophora du Japon. Doyen des sophoras en Europe, il arriva en 1747 sous forme de graines envoyées par un religieux, jésuite, en mission en Chine. On ne sut que plus tard qu'il s'agissait d'un Styphnolobium japonicum.

Le Sophora du Japon. Doyen des sophoras en Europe, il arriva en 1747 sous forme de graines envoyées par un religieux, jésuite, en mission en Chine. On ne sut que plus tard qu'il s'agissait d'un Styphnolobium japonicum.

© MNHN - F.-G. Grandin
Le Toromiro de l'île de Pâques L’Arboretum de Versailles-Chèvreloup conserve un rare exemplaire de Sophora toromiro, rescapé d'une espèce d'arbuste endémique de l’île de Pâques, d’où il a disparu en raison de la surexploitation de l'île.

Le Toromiro de l'île de Pâques. L’Arboretum de Versailles-Chèvreloup conserve un rare exemplaire de Sophora toromiro, rescapé d'une espèce d'arbuste endémique de l’île de Pâques, d’où il a disparu en raison de la surexploitation de l'île.

© MNHN - C. Joulin
Le Robinier faux-acacia. Devant la Galerie de Botanique subsiste un des plus vieux arbres de Paris, un Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) planté en 1636.

Le Robinier faux-acacia. Devant la Galerie de Botanique subsiste un des plus vieux arbres de Paris, un Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) planté en 1636.

© MNHN - B. Jay

Dossier rédigé en mars 2023. Remerciements à Isabelle Glais, directrice des jardins botaniques du Muséum national d'Histoire naturelle et à Frédéric Achille, chargé de conservation des collections végétales du Muséum national d'Histoire naturelle.

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