Pourquoi l'agriculture utilise des pesticides et est-ce dangereux ?

Les pesticides sont des molécules biocides (tuant le vivant) utilisées pour éliminer les espèces indésirables (pestes). Il peut s’agir d’un anti-puce pour les chiens, d’un anti-moustique ou d’un anti-poux pour les humains. Mais l’utilisation courante du terme concerne plutôt les pesticides agricoles autrement appelés produits phytosanitaires.

Si on sait que certaines substances (le soufre par exemple) étaient utilisées dès l’Antiquité, ce sont les progrès de la synthèse chimique au cours du XXe siècle qui ont mené à privilégier la lutte chimique pour protéger les cultures dans l’agriculture contemporaine. Aujourd’hui environ 400 molécules différentes sont autorisées, dont une quarantaine en agriculture biologique (sulfate de cuivre comme fongicide, pyrèthre comme insecticide; aucun herbicide).

Les pesticides sont aujourd’hui au cœur des débats sur les évolutions de l’agriculture.

  • La première raison est la santé des agriculteurs eux-mêmes, mais aussi leur dépendance économique à leurs fournisseurs.
  • Ensuite, l’omniprésence des pesticides dans l’eau et dans l’air, même à de faibles concentrations, suscitent des inquiétudes.
  • Enfin, les consommateurs sont tous exposés, là encore à de faibles concentrations dont on ne connaît pas aujourd’hui les effets à long terme, notamment lorsque plusieurs molécules se retrouvent associées dans l’organisme (effet « cocktail »). Il faut souvent une vingtaine d’années pour évaluer le risque réel d’une molécule, délai pendant lequel les agriculteurs et parfois la population générale sont exposés.

On a aujourd’hui des preuves de dangerosité pour quelques molécules pesticides, toutes interdites en France, mais pouvant rester dans l’environnement pendant plusieurs années après la fin des usages.

Quelles alternatives aux pesticides ?

Agroécologie d'asperges

Agroécologie d'asperges

© Y. Bernardi - Pixabay

Ceci explique que la plupart des tendances de l’agriculture prétendent à une réduction de l’usage de ces pesticides. Beaucoup de ces approches reposent sur l’idée que la protection des plantes peut aussi être réalisée par une lutte physique (des filets de protection par exemple), biologique (introduction de prédateurs des ennemis des cultures), agroécologique (favorisation de systèmes agricoles complexes dans lesquels les ennemis des cultures sont fortement régulés) ou agronomique (les rotations de culture par exemple limitent la persistance des bioagresseurs). Même si l’on ne s’interdit pas l’usage des pesticides, leur consommation peut être considérablement réduite par une meilleure observation des symptômes ou un meilleur choix dans l’alternance des cultures.

Samuel Rebulard, ingénieur agronome, agrégé de sciences de la vie et de la terre, enseignant à l’université Paris-Saclay

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