Marie Phisalix, biologiste et féministe

La recherche fondamentale trouve des applications salvatrices et nourrit des vies glorieuses. Le parcours de Marie Phisalix (1861-1946) est celui d’une pionnière. Agrégée de sciences en 1888, elle est l’une des premières femmes à réussir ce concours et, en France, à devenir médecin.

Marie Phisalix jeune en 1895

Marie Phisalix jeune en 1895

Domaine public

C’est pourtant dans l’ombre de son époux, Césaire Phisalix, qu’elle commence sa carrière exceptionnelle de scientifique. Elle croise ce médecin et professeur de zoologie médicale à l’école de médecine et de pharmacie de Besançon. Puis le rejoint au Muséum national d’Histoire naturelle, où il est assistant à la chaire de Pathologie comparée. C’est là qu’il découvre en 1894 la sérothérapie contre le venin de vipère, grâce aux recherches menées avec le biochimiste Gabriel Bertrand, grillant ainsi la politesse à Albert Calmette, de l'Institut Pasteur de Lille, qui travaille sur celui du Cobra.


À la mort prématurée de son mari, Marie reprend le flambeau. En 1900, sa thèse concernant les « Recherches histologiques, embryologiques et physiologiques sur les glandes à venin de la salamandre terrestre » lui vaut une médaille d’argent de la Faculté de Paris. Dès sa réception au doctorat en médecine, son nom est associé et restera lié pour tous les biologistes du monde à l'étude des venins et de leurs animaux producteurs.

Charles Fichot, Auguste Tilly,  « Nouvelles constructions du Jardin des Plantes. Pavillon des reptiles. Vue extérieure. Salle des reptiles venimeux. Salle des amphibies », 1874, estampe, 322x222 mm, IC 384

© MNHN
Antoine Chazal, Vipère à queue courte, Echidna arietans

Antoine Chazal, Vipère à queue courte, Echidna arietans, d'après le vivant, 1848, aquarelle sur vélin, 460x330 mm, portefeuille 88, folio 49

© MNHN

Désireuse d’étudier les Reptiles vivants, elle s'installe en 1910 au laboratoire d'herpétologie du Muséum. Parmi ses sujets de recherches : l'anatomie comparée des appareils venimeux ; la physiologie et la pathologie de l'envenimation ou encore l'étude spéciale de l'immunité naturelle et de ses mécanismes. Autant de travaux fondateurs, à la base de l'emploi thérapeutique des venins.

L’herpétologue réputée est aussi une militante féministe. Nommée vice-présidente de l’Association pour l’amélioration du sort de la femme en 1935, elle préside le 14 avril 1945 une réunion de la Ligue française pour le Droit des femmes sur le rôle des électrices dans la reconstruction du pays. 

Couverte d’honneurs, Marie décroche deux fois le Prix Bréant de l'Académie des Sciences (1916 et 1922) puis, en 1928, le grand prix Lasserre (sciences) du ministère de l'Instruction publique. Admise au grade de chevalier de la Légion d'Honneur en 1923, elle pousse l’audace jusqu’à se présenter aux suffrages de l'Académie de Médecine… où elle échoue. L’institution de la rue Bonaparte a raté à l’époque l’entrée de sa première femme académicienne !

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