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Ouvrage
Manifeste du Muséum. Un océan en commun
Dégradation, pollution, surexploitation… l’océan est menacé de toutes parts. La consommation de poisson a doublé en 50 ans, près de 80 % des échanges commerciaux se font par voie maritime, les mers sont traversées par des câbles de communication, envahies par des déchets plastiques et autres polluants chimiques. Le changement climatique vient encore assombrir le tableau. Le Muséum tire la sonnette d’alarme dans son dernier Manifeste dédié au sujet.
À paraître le 28 novembre 2024
Gigantesque réserve d’eau et de biodiversité, voie de communication, source d’inspiration culturelle de longue date pour les sociétés humaines, l’océan est infiniment précieux. Il abrite une très grande variété d’organismes, rend des services inestimables à l’espèce humaine, régule le climat. Cette vaste étendue bleue, qui couvre plus de 70 % de la surface du globe, est aujourd’hui fragilisée. La préserver est une responsabilité collective.
Une expertise pluridisciplinaire
Lancés en 2017, les Manifestes du Muséum contribuent à enrichir certains débats de société contemporains en apportant l’éclairage de l’histoire et des sciences naturelles. À la veille de la Conférence des Nations unies sur l’océan, alors qu’une prise de conscience s’impose à tous, l’établissement consacre à ce sujet le nouvel opus de cette collection. Fort d’une expertise de longue date, conjuguée à une implantation sur le littoral via les stations marines de Concarneau et de Dinard, l’institution entend diffuser des connaissances sur cette problématique et dessiner les perspectives d’un avenir souhaitable, équitable et durable.
Pour cet ouvrage, elle a mobilisé un comité composé de chercheuses et de chercheurs du Muséum et d’invités extérieurs, associant anthropologue, archéologue, océanographe, juriste, biologiste, écologiste, historien ou encore économiste pour appréhender l’océan dans toutes ses dimensions et sur une large échelle de temps.
Un seul océan…
Les auteurs rappellent que, s’il est décliné sur les cartes de géographie sous les noms d’Atlantique, Indien, Pacifique, Arctique et Antarctique, l’océan est une entité unique et diverse. Il y a environ 250 millions d’années, les continents étaient rassemblés en un seul bloc, la Pangée, et l’océan formait lui aussi une seule masse, appelée Panthalassa. Puis, au fur et à mesure de la dérive des continents, celle-ci s’est progressivement segmenté, dessinant le paysage marin que l’on connaît aujourd’hui, tout en préservant des liaisons entre chaque grand bassin. Sur des temps certes très longs, toutes les eaux sont ainsi amenées à visiter chaque région du globe, du fait des courants océaniques.
Les services rendus par l’océan aux sociétés humaines sont nombreux. En absorbant l’excès de chaleur et de CO2 émis à la surface de la Terre, il nous protège du réchauffement de l’atmosphère. Mais cela se fait désormais aux dépens de ses propriétés et de sa biodiversité, avec la montée des eaux, la perturbation des courants, l’acidification, la disparition d’espèces marines… Sa contribution va pourtant bien au-delà des ressources fournies pour notre alimentation via la pêche et l’aquaculture : circulation des biens et des personnes, tourisme, protection des côtes et des populations qui y vivent grâce aux récifs coralliens, découvertes scientifiques majeures liées aux caractéristiques originales des espèces marines, mise au point de molécules actives, mais aussi bio-inspiration issue de la diversité du vivant.
Au-delà de ces multiples interactions qui unissent les humains à l’océan, il faut également considérer la place de celui-ci dans les mythologies autant que les émotions qu’il suscite. L’océan a aussi une valeur intrinsèque, pour lui-même, sa biodiversité, ses caractéristiques physico-chimiques, et cela en dehors de tout lien avec les humains.
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Partager durablement et protéger
Le changement climatique, les pollutions, l’exploitations de l’océan s’intensifient et entraînent des perturbations globales qui touchent toutes les populations humaines, du nord au sud. Dans ce contexte, ne faudrait-il pas limiter l’utilisation des ressources et réguler les activités humaines pour un accès plus équitable et durable à l’océan ? Cette question suscite aujourd’hui des débats et fait l’objet de la dernière partie du Manifeste, qui dresse les contours d’un avenir souhaitable pour les futures générations. Il s’agit aussi d’un enjeu de justice environnementale entre les pays du « Nord », principaux responsables de l’exploitation des ressources et des émissions de polluants, y compris les gaz à effet de serre, et ceux du « Sud », qui en subissent les conséquences.
De nouvelles réglementations mondiales sont en effet nécessaires pour préserver l’océan. Actuellement, la pêche maritime est déjà encadrée au sein de l’Union européenne et de nombreuses organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) travaillent sur des accords de ce type de par le monde. Il existe également une volonté d’intégrer de nouveaux cadres de régulation et de corriger ceux, actuels, qui parfois se contredisent ou demeurent incomplets. L’Union européenne tente notamment de croiser les enjeux de développement économique, de préservation écologique et de transition énergétique. Enfin, l’idée d’octroyer une personnalité juridique à l’océan, pour faire face aux menaces environnementales croissantes, fait son chemin. Bientôt, la nature aura peut-être elle aussi des droits…
Au cœur de l’actualité
La santé de l’océan est une préoccupation mondiale. Les Nations unies ont ainsi déclaré la période 2021-2030 « Décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable ». Et la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 2025), organisée par la France et le Costa Rica, aura lieu dans l’Hexagone en juin 2025. En parallèle, un traité international, lancé en 2023 pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine (BBNJ, pour « Biodiversity Beyond National Jurisdiction »), a déjà été ratifié par 90 États. La France a déclaré 2024-2025 « Année de la mer », pour accélérer la sensibilisation et la transmission des connaissances sur l’océan. Le Muséum reste également très mobilisé. À l’occasion de la parution de son nouveau Manifeste dédié au sujet, il organise une Tribune en décembre 2024. Sa série de podcasts sur les océans, Pour que nature vive, est par ailleurs toujours accessible, avec 28 épisodes commentés par des scientifiques issus de plusieurs disciplines.
Dossier rédigé en octobre 2024 pour le magazine La Girafe n°14
Manifeste du Muséum. Un océan en commun
Manifeste du Muséum. Un océan en commun
- À paraître le 28 novembre 2024
- Édition bilingue avec un cahier iconographique central
- collectif, coordonné par Frédérique Chlous, anthropologue, professeure du Muséum, et Sylvie Dufour, biologiste, directrice de recherche émérite du CNRS au Muséum
- broché à rabats
- 10,5 × 18,5 cm
- 76 pages
- 8,50 € TTC
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