Ouvrage

Manifeste du Muséum. Humains et autres animaux

Du point de vue de l'Histoire naturelle, nous sommes des animaux. Mais les humains ont acquis sur les autres espèces une emprise démesurée, au point de menacer leur devenir. Face aux émotions suscitées par la remise en cause, parfois violente, de cette relation dissymétrique, ce manifeste propose d'analyser et redéfinir notre place dans le monde vivant auquel nous appartenons.

Statuette de divinité à corps humain et tête de chat.

Baster, Égypte, époque ptolémaïque (664-30 av J.-C.), Bronze

© The Metropolitan Museum of Art

« Les humains sont des primates, lesquels sont des mammifères, lesquels sont des vertébrés, lesquels sont des animaux », rappelle en préambule Bruno David, président du Muséum. À contre-courant de l'héritage des religions du Livre, et animée de la seule démarche scientifique, l'Histoire naturelle moderne ne constate pas de différence de nature entre les humains et les autres membres du règne animal. Ils partagent une mosaïque de caractéristiques anatomiques, génétiques ou comportementales, avec toute une série d’espèces comme la capacité à utiliser des outils.

La notion d'espèce elle-même ne constitue qu’une convention de langage scientifique, et n'attribue pas de valeur ni de droits aux groupes qu'elle définit.

Couverture du livre du Manifeste du Muséum Humains et autres animaux

Manifeste du Muséum. Humains et autres animaux

  • Coédition Muséum national d’Histoire naturelle / Reliefs Éditions
  • Auteurs : collectif, sous la direction de Guillaume Lecointre, zoologiste, systématicien et professeur du Muséum
  • Bilingue français / anglais
  • 2019
  • 84 p.
  • 8,50 €
Dessin d'un cerf avec des caractéristiques humaniodes : visage, mains, pieds...

Être composite, dit « Le Sorcier », gravé et peint dans la grotte des Trois-Frères, (France, Ariège, Montesquieu-Avantès), période magdalénienne, (relevé par H. Breuil)

© MNHN

Bien-être animal

Il convient désormais de tenir compte de ce que l’animal ressent. Difficile quand on ne dispose, pour décrire les états mentaux, que de concepts développés pour l'humain : sensibilité, émotions, conscience.

En 2015, l'Anses définissait le bien-être animal comme « l’état physique et mental de l’animal qui découle de la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux essentiels et de ses capacités à s’adapter à son milieu ». Elle donne des pistes pour améliorer les conditions de vie des animaux dans les parcs animaliers, les élevages, les laboratoires de recherche...

Maquette d'une étable en bois contenant des figurines d'humains et de bovins.

Maquette d’étable trouvée dans la tombe de Méketrê, (Haute-Égypte, Thèbes), (vers 1981-1975 av. J.-C.), Bois plâtré et peint, craie

© The Metropolitan Museum of Art

Une exploitation raisonnée

Les humains exploitent depuis des millénaires les autres espèces, pour se nourrir, se déplacer, s'habiller, mais aussi se divertir (parcs, zoos, corrida...) ou tester des médicaments. Cela suscite de plus en plus d'opposition, qui se traduit par exemple par l'adoption du végétalisme.

En effet, si la viande apporte des nutriments essentiels à la santé, les populations occidentales en consomment en moyenne plus que nécessaire. Il faut donc limiter les apports carnés, trouver des protéines ailleurs (légumineuses, etc.), et favoriser les technologies diminuant l'impact écologique de la production de viande. Car « il faut, au plus, 6 kg de protéine végétales pour obtenir 1 kg de protéines de mammifères selon les méthodes traditionnelles. »

Groupe d’hommes et de taureaux en déplacement, gravé et peint, Tassili-n-Ajjier, (Algérie, Sahara central), Néolithique, (relevé par Henri Lhote), Gouache et aquarelle sur carton

© MNHN - J.-C. Domenech

Une extinction à grande vitesse

En modifiant les habitats, en développant des moyens de transport, en contrôlant la reproduction des espèces d'élevage, les humains influencent la répartition et le devenir des autres espèces animales. « Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d'au moins 20 % ». Et le phénomène s’accélère. Une extinction des espèces est en route, à une vitesse inédite.

Or les humains ne sont qu’une des composantes de la vie animale dont tous les éléments, des individus aux écosystèmes, dépendent les uns des autres. L’humain doit réapprendre « à vivre avec » les autres espèces. Cela passe par de la conservation in-situ, en définissant des aires protégées, en légiférant, et en impliquant les populations humaines locales. Mais aussi par une conservation ex-situ, par exemple en élevant des espèces menacées pour déployer leur diversité génétique, de manière à en renforcer les populations.

Pour assurer cette protection, la législation a été adaptée, et les autres animaux ne sont plus considérés comme des biens, mais comme des êtres sensibles. Car il faut désormais « penser l'avenir des humains avec les autres espèces et donc en partie pour elles ».

Labour, (Pflügende Ochsen, bœufs labourant) (1868), Huile sur toile, Zurich, collection particulière

© DR
© MNHN
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