
Les statues du Jardin des Plantes
Au cœur de Paris, le Jardin des Plantes abrite une collection exceptionnelle de statues réalisées aux XIXe et XXe siècles. Partez à leur découverte !
En se promenant dans les allées du Jardin des Plantes, les passants côtoient sans le savoir un précieux patrimoine de bronze, de marbre et de pierre. Une trentaine de statues se nichent ici et là sur les 26 hectares de cet ancien jardin royal.
Elles sont représentatives de la « statuomanie » de la fin du XIXe et début du XXe siècles. À cette époque, la France veut rendre hommage à ses grandes figures historiques. Le Muséum sollicite alors régulièrement l’État dans le but d’obtenir quelques-unes de ces œuvres. Personnages illustres du Muséum, nymphes et vénus, figures naturalistes, allégories et enfin statuaire animalière forment ainsi de nouveaux agréments pédagogiques et esthétiques !
Découvrez dans ce dossier l’étonnante histoire de certaines de ces œuvres !
NYMPHE TOURMENTANT UN DAUPHIN (1868), JOSEPH FÉLON
Avez-vous déjà remarqué, non loin de l’entrée de la Ménagerie, au cœur du Jardin des Plantes, la statue de la « Nymphe tourmentant un dauphin » réalisée par Joseph Félon en 1868 ?
Destiné à orner l’ancien bassin des otaries, ce grand bronze a enchanté les critiques de l’époque, au point de valoir au sculpteur une confirmation de sa médaille de troisième classe, distinction décernée aux artistes particulièrement talentueux !
La « Nymphe tourmentant un dauphin » fait partie des œuvres typiques de la tradition décorative de l’art des jardins.

Nymphe tourmentant un dauphin
© MNHN - F.-G. GrandinBUFFON ASSIS DANS SON FAUTEUIL (1909), JEAN-MARIUS CARLUS
Impossible de la manquer : la statue de « Buffon assis dans son fauteuil », réalisée par Jean-Marius Carlus en 1909, trône littéralement devant la Grande Galerie de l’Évolution. Mais savez-vous qui était Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon ?
Nommé grand intendant du Jardin royal en 1739, il l’administra et le développa pendant près de cinquante ans. S’entourant de naturalistes de talent, il réorganisa et agrandit le Cabinet du Roy, enrichissant ses collections pour en faire un véritable musée ouvert au public !
Malgré son approche très personnelle de la description de la nature, il est considéré comme l’un des précurseurs des théories de l’évolution.

Buffon assis sur son fauteuil
© MNHN - J.-C. DomenechMONUMENT À BERNARDIN DE SAINT-PIERRE (1904), LOUIS-JOSEPH HOLWECK
Le « Monument à Bernardin de Saint-Pierre » a été réalisé par Louis-Joseph de Holweck en 1904.
Aux pieds de l’écrivain sont assis les héros de son roman le plus célèbre : les amoureux Paul et Virginie, avec leur chien Fidèle. Si le talent de Bernardin de Saint-Pierre lui a valu un fauteuil à l’Académie française, il était aussi brillant botaniste… et a été le dernier surintendant du Jardin Royal, de 1792 à 1793 !

Monument à Bernardin de Saint-Pierre
© MNHN
Monument à Bernardin de Saint-Pierre
© MNHNOURS BRUN (1938), GEORGES-LUCIEN GUYOT
Cette statue d’ours brun, aujourd’hui installée dans la Ménagerie du Jardin des Plantes, a été commandée en 1938 à Georges-Lucien Guyot. Le sculpteur n’a pas été choisi au hasard : Guyot était passionné par les animaux et fin connaisseur de leur anatomie !
Il s’est inspiré de l’ours Martin, véritable star de la Ménagerie de 1868 à 1901. Ce géant de 2 m 28 de haut était très apprécié des enfants qui venaient lui apporter toutes sortes de gâteries…

Ours brun
© MNHN - A. IatzouraLION DE MÉNAGERIE BAILLANT, UN CHIEN ENTRE LES PATTES (1857), HENRI-ALFRED JACQUEMART
À la fin du XVIIIe siècle, Woira, le lion de la Ménagerie du Jardin des Plantes partageait son enclos avec… un chien !
Les deux compères, qui avaient grandi ensemble dans une ferme, étaient inséparables. « Le lion prodiguait au chien les plus tendres caresses et celui-ci les recevait et les rendait sans crainte et sans défiance », racontait-on à l’époque.
C’est cette histoire qui aurait inspiré à Henri-Alfred Jacquemart son œuvre « Lion de ménagerie baillant, un chien entre les pattes », visible au Jardin des Plantes !

Statue d’un lion et d’un chien
© MNHN - M. CohenVÉNUS GENITRIX (1818), CHARLES-LOUIS DUPATY
La « Venus genitrix » de Charles Dupaty est la plus ancienne statue du Jardin des Plantes : le plâtre a été exposé au Salon de 1812, et le marbre installé au Muséum en 1818.
Cette Vénus est représentée approchant son flambeau du globe céleste : c’est pourquoi elle est aussi connue sous son autre nom de « Vénus animant l’univers ».

Venus genitrix
© MNHN - A. IatzouraDÉNICHEUR D’OURSONS (1886), EMMANUEL FRÉMIET
Bronze de 500 kg avec un socle de 4 tonnes, le « Dénicheur d’oursons » d’Emmanuel Frémiet est loin d’être un petit gabarit !
Installé au Jardin des Plantes en octobre 1886, il traite d’un sujet cher à cet illustre sculpteur animalier : la lutte entre l’Homme et l’animal. Quel sera le vainqueur du combat ?
Observez le grand soin que l’artiste a apporté au rendu de la fourrure et du pelage de l’ourse et de son ourson…

Dénicheur d’oursons
© MNHN - P. Lafaite
Dénicheur d’oursons
© MNHN - P. LafaiteMONUMENT À LAMARCK (1908), LÉON FAGEL
Jean-Baptiste Lamarck est l’un des personnages les plus illustres du Muséum.
Professeur d’histoire naturelle des insectes, vers et animaux microscopiques, il passa plusieurs années à établir une classification raisonnée des invertébrés. Il fut également l’un des premiers naturalistes à employer le terme de biologie, l’un des précurseurs des théories de l’évolution et l’un des inventeurs de la météorologie moderne !

Statue de Lamarck et façade de la Grande Galerie de l’Évolution
© MNHN - P. LafaiteMONUMENT À EMMANUEL FRÉMIET (1924), HENRI-LÉON GREBER
Le sculpteur sculpté !
Vous reconnaîtrez peut-être sur ce monument la version miniature d’une autre sculpture du Jardin des Plantes, le « Dénicheur d’oursons » : Emmanuel Frémiet, exceptionnel sculpteur animalier, est ici représenté en train de façonner son œuvre.
Le socle est d’ailleurs orné de deux autres statues de Frémiet : le « Monument à Jeanne d’Arc » et le « Chasseur ».

Statue de Fremiet en train de sculpter le dénicheur d’ourson dit Monument à Fremiet
© MNHNCHARMEUR DE SERPENTS (1864), CHARLES-ARTHUR BOURGEOIS
À l’entrée de la Ménagerie, non loin du bâtiment des reptiles, vous découvrirez le célèbre « Charmeur de serpents » de Charles-Arthur Bourgeois, également appelé « Danseur nubien ».
Le thème du charmeur de serpents était en vogue sous le Second Empire, aussi bien dans la peinture que dans la sculpture, reflétant le goût de l’époque pour l’exotisme.
Son pendant est le « Chasseur de crocodiles », du même sculpteur, mais plus tardif (1886).

Le charmeur de serpent par Charles-Arthur Bourgeois
© MNHNAdopter une statue
Les statues du Jardin des Plantes représentent un précieux patrimoine qui témoigne de l’histoire du Muséum, c’est pourquoi, leur sauvegarde est essentielle. Votre soutien permettra au Muséum national d’Histoire naturelle de préserver toutes les statues du Jardin des Plantes.
Dossier rédigé en octobre 2019