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Les falaises blanches de Normandie et du Pas-de-Calais
Immortalisées par de nombreux peintres dont Monet et Boudin, les falaises en craie blanche de Normandie et du Pas-de-Calais ne cessent de provoquer l’émerveillement. Mais, comment se sont-elles formées exactement ? Ces immensités sont en fait dues… au minuscule plancton.
Comment se forme la craie ?
La craie est une roche sédimentaire calcaire. Elle se forme par empilement de très fines couches successives au fond des océans, grâce à des micro-organismes.
En effet, dans l’océan vit du plancton. Les petits organismes qui le constituent possèdent une coquille faite soit de silice, soit de carbonate soit de phosphate. Le plancton se trouvant en bas de la chaine alimentaire, il est régulièrement mangé par des prédateurs, qui le digèrent et qui expulsent dans leur déjections la matière non digérée. Dans les excréments de ces prédateurs se trouvent donc… les éléments minéraux qui constituaient le squelette du plancton. Ces selles tombent au fond de l’océan et forment des couches qui forment à plus de 90 % la craie.
On retrouve ainsi dans la craie des restes d’organismes macroscopiques (comme les bivalves, les éponges ou les oursins), mais aussi microscopiques (comme les foraminifères). Enfin, l’essentiel de cette roche est composé de restes d’organismes nanoscopiques : les coccolithophoridés.
Du fond de l’océan à la surface terrestre
Mais alors, comment se fait-il que nous voyions la craie à la surface de la Terre, et sous forme de falaises ?
En fait, avec le temps, le paysage change : le niveau marin et les continents montent ou descendent, sans compter la tectonique des plaques qui vont se chevaucher, se confronter, et parfois faire remonter le fond de l’océan à la surface.
De fragiles falaises
L’aiguille creuse, symbole de l’érosion
Si les falaises d’Étretat sont si connues, c’est notamment grâce à l’aiguille creuse, cette falaise percée en son centre qui laisse voir la mer à travers.
Sous la pression des éléments naturels (vent, pluie, tempêtes…), la craie s’effrite et laisse tomber de larges pans de roche au sol. Cette altération, lente mais certaine, renforce l'érosion et fragilise les strates de calcaires.
Le recul de la côte
La baie de Somme et son alignement de falaises blanches est également un bon exemple lorsqu’il faut illustrer l’érosion. En effet, à force de chutes de blocs rocheux, la ligne des falaises recule. À Ault, on mesure à 30 cm par an en moyenne cette érosion.
Relecture et contribution
Patrick De Wever
Géologue, professeur émérite au Muséum national d'Histoire naturelle
Date
Article rédigé en juillet 2024.
Références scientifiques
- DE WEVER Patrick, Histoires secrètes de cailloux, Belin, 2021
- DE WEVER Patrick, CORNÉE Annie, Roches à tout faire, Edp sciences, 2020
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