Les bibliothèques du Muséum au cœur de la science ouverte

Le 19 avril, le Muséum a accueilli la réunion annuelle du consortium Biodiversity Heritage Library, qui met en ligne la bibliothèque numérique du même nom à laquelle collaborent de nombreuses bibliothèques spécialisées en sciences naturelles. Alice Lemaire, directrice des Bibliothèques et de la Documentation, revient sur les enjeux de l’ouverture des données grâce au numérique.

Qu’a représenté pour le Muséum le fait d’accueillir la réunion annuelle du consortium Biodiversity Heritage Library (BHL) ?

Alice Lemaire : C’est évidemment une grande fierté. Chaque année, un membre différent co-organise ce rendez-vous. Cette année, il s’agissait de la première vraie rencontre depuis la crise Covid. C’était aussi la première fois que l’événement se déroulait en Europe continentale. Au Muséum, nous contribuons à ce consortium depuis 2016. L’enjeu est grand car cette plateforme représente un véhicule important de diffusion de nos données pour la communauté scientifique internationale. Toutes les publications historiques du Muséum sont en effet partagées au sein de cette bibliothèque numérique, 100 % gratuite et en libre accès.

Dans ce cadre, s’est tenu le 19 avril avec ce consortium une journée d’étude sur la question de l’ouverture des données des bibliothèques numériques. Pourquoi ce thème ? En quoi est-il porteur pour le secteur des sciences naturelles ?

A. L. : Ce sujet renvoie à l’un des enjeux clés en histoire naturelle aujourd’hui : la connexion des bases naturalistes (c'est-à-dire des bases qui recensent et décrivent des espèces ou des spécimens conservés dans les musées d’histoire naturelle) et des bases documentaires (où l’on trouve les publications, les manuscrits ou encore l’iconographie). À l’heure actuelle, les données de ces bases ne communiquent pas. Traditionnellement, nous allons chercher des références bibliographiques d’un côté, et des informations sur les spécimens de l’autre. Or, les évolutions technologiques nous ouvrent aujourd’hui de nouvelles perspectives en permettant d’augmenter de façon spectaculaire la quantité de données disponibles pour la recherche. C’est pourquoi nous pouvons parler désormais de « spécimen étendu » qui lie la version numérisée du spécimen à l’ensemble des informations numériques associées. Un chercheur, professionnel ou amateur, peut dès lors trouver sur une seule plateforme le spécimen, les publications le mentionnant, certaines analyses complémentaires (par exemple ADN), le résultat des prélèvements réalisés, etc. Cela représente une piste d’avenir pour les sciences naturelles, dans laquelle les bibliothèques sont un acteur essentiel.

En quoi la valeur patrimoniale des bibliothèques s’en trouve-t-elle prolongée, voire enrichie ?

A. L. :& Les bibliothèques du Muséum conservent le patrimoine documentaire et artistique de l’établissement depuis ses origines : livres, revues, archives, images et œuvres d’art… la numérisation ne crée pas seulement des équivalents en ligne, mais de nouvelles formes de collections, qui offrent des possibilités d’exploitation inédites. C’est par exemple le cas pour les publications scientifiques éditées par le Muséum depuis 1802 : leur équivalent numérique est enrichi de nouvelles informations nécessaires à la recherche. Ainsi, nos bibliothèques ont un rôle de diffusion autant que de conservation, et ce depuis la création du Jardin du Roi au XVIIe siècle ; sans compter qu’elles se nourrissent elles-mêmes des productions des chercheurs. Aujourd'hui, nous sommes impliqués aussi bien dans l’archivage que dans la diffusion des données des sciences naturelles, en travaillant à leur « interopérabilité », afin de les redistribuer sur de multiples plateformes numériques. Les bibliothèques sont ainsi fermement ancrées dans ce mouvement de la science ouverte, qui correspond pleinement aux missions du Muséum.

Pour en savoir plus sur le consortium Biodiversity Heritage Library, rendez-vous sur le site biodiversitylibrary.org.

    Quoi de neuf au muséum ?
    Retrouvez nos actualités et nos dossiers thématiques pour mieux comprendre l'humain et la nature.