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Le genre : des origines préhistoriques ?
Des œuvres figuratives montrent une différence des sexes manifeste dès le Paléolithique supérieur. Comment interpréter ces traces ?
Dans notre quotidien, le genre est omniprésent. Pourtant, cette notion attise des discussions parfois houleuses, des débats qui permettent aussi de la questionner.
Nous serions tentés, par exemple, de nous demander à partir de quand est-ce que la différence des sexes a-t-elle été représentée. En effet, on retrouve des traces dès la Préhistoire, en particulier dans les œuvres d’art. Mais surtout, quelle relation peut-on y lire avec l'apparition du genre ? Il est difficile de dater son émergence de façon précise.
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Les vénus : icônes de la Préhistoire
Comment parler d’œuvres préhistoriques sans évoquer les « vénus » ? Du point de vue strictement numérique, ces représentations féminines dominent dans les sociétés paléolithiques.
Une centaine de statuettes datées du Gravettien (-34 000 à -26 000 ans) ont été découvertes des Pyrénées à la Sibérie. Leur particularité ? Leur structure en losange et leurs formes (hanches, poitrine et fesses) volumineuses, comme la Vénus de Lespugue. Cette communauté de formes s’est diffusée pendant plusieurs milliers d’années.
Au Magdalénien (-21 000 à -14 000 ans), changement de style ! Les formes de ces statuettes se font de plus en plus schématiques et leur silhouette devient de plus en plus filiforme, comme la « Vénus dite impudique ».
Mais qu’elles proviennent de la période gravettienne ou magdalénienne, ces sculptures ont tout de même un point commun : elles n’ont pas de visage. Comment comprendre l’absence de cet élément ? Difficile à dire ! De même que pour ce qui est d’affirmer si ce sont des femmes ou des hommes qui les ont réalisées. Le rôle que ces sculptures ont pu jouer demeure également assez flou…
Toujours est-il qu’au Paléolithique leur supériorité numérique est sans équivoque. Il faut attendre le Néolithique pour que, dans l’art pariétal, les représentations masculines deviennent plus nombreuses. Généralement, ces peintures représentent des scènes de chasse ou de guerre.
Pourquoi une telle différence numérique dans les représentations ? Pour l’heure, nous n’avons aucune clé pour comprendre et interpréter cet écart.
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Le mythe de l’homme-chasseur et de la femme-cueilleuse
Les préhistoriennes et les préhistoriens se doivent de garder une certaine prudence dans l’analyse de cette fascinante période. D’une part, parce qu’il y a des traces éparses difficiles à interpréter, d’autre part, parce que cette science est particulièrement perméable à l’air du temps.
Le contexte politique, social et culturel dans lequel les scientifiques travaillent peut biaiser leur interprétation. C’est ainsi que des mythes ont été produits.
Les préhistoriens ont d’abord mis en avant la figure de l’homme-chasseur puis les préhistoriennes ont amené l’idée que les premières sociétés humaines ne tournaient pas autour de la chasse mais de la cueillette, faisant émerger la figure de la femme-cueilleuse.
L’émergence du patriarcat ?
Cette répartition des tâches entre femmes et hommes était-elle aussi nette ? La vigilance reste de rigueur puisque nos représentations de la division genrée du travail dépendent étroitement du regard que nous portons sur ces sociétés.
Mais il existe quelques exemples de dépôts d’armes dans des sépultures féminines, ce qui a pu suggérer que certaines femmes n’étaient pas exclues de leur maniement.
Les travaux de recherche contemporains insistent aussi beaucoup sur la distinction entre Paléolithique et Néolithique. Ils soulignent que la sédentarisation est allée de pair avec l’agriculture, l’augmentation du nombre d’enfants, le tout aboutissant à l’émergence du patriarcat. Une division genrée du travail se serait alors accentuée. Mais cela ne signifie pas qu’elle était inexistante auparavant.
Lire le nouveau Manifeste du Muséum « Aux origines du genre »
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Manifeste du Muséum : Aux origines du genre
Manifeste du Muséum : Aux origines du genre
Coédition : Muséum national d’Histoire naturelle / Reliefs Éditions.
Parution : 24 novembre 2022.
Bilingue français / anglais - 98 p.7,50 € TTC.
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