La mondialisation nous fera-t-elle devenir tous identiques ? 

Le métissage homogénéise les mutations entre les populations humaines mais n’a pas pour effet de nous rendre « tous identiques ». Au contraire, il augmente la variabilité de l’apparence humaine. L’uniformité génétique n’est donc pas d’actualité !

L’Homme se métisse mais ne s’uniformise pas

L’Homme n’a cessé de se métisser depuis qu’il est apparu sur Terre. Depuis très longtemps, il se déplace et migre fréquemment à de courtes ou grandes distances, comme l’atteste la Route de la Soie dans l’antiquité. « Depuis le XVIIIe siècle les grandes barrières géographiques peuvent aisément et rapidement être surmontées par les moyens de transport modernes, constate Paul Verdu, chercheur en anthropologie génétique au CNRS et au Musée de l’Homme. Mais cela ne veut pas dire que les sociétés s’uniformisent biologiquement ». L’environnement social, tout d’abord, joue pour beaucoup. En Inde par exemple, le système de caste est une vraie barrière aux métissages entre communautés à l’intérieur d’une même population.

Le métissage a pour effet d’homogénéiser les mutations entre des populations humaines isolées auparavant. Mais le résultat de ce métissage est une augmentation de la diversité génétique au sein de la population métissée. Concrètement, si des populations de couleur de peau différentes se métissent, elles ne vont pas « s’homogénéiser » et produire des individus ayant tous la même couleur de peau. Au contraire le métissage aura pour effet d’augmenter la variabilité de la couleur de peau des individus à la génération suivante. Et finalement, deux individus d’une même population métissée auront plus de chance d’être différent !

Femmes toutes origines

Femmes de toutes origines

© J. Lund - stock.adobe.com

Le hasard empêche l’uniforméité

« En théorie, pour que l’on soit tous identique, il faudrait que toutes les populations migrent et se métissent dans tous les pays au même moment ou presque, explique Paul Verdu. Mais en pratique les métissages se font toujours entre certaines populations à certains endroits et à certains moments, ce qui crée de nouveau des populations différentes à différents endroits du monde ». Enfin, chaque individu porte des mutations qui lui sont propres. Ces nouvelles mutations apparaissant au hasard à chaque génération ne permettront jamais une uniformité génétique des hommes.

Paul Verdu, antropologue biologiste au Musée de l’Homme

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