La conservation des collections de zoologie

Les collections de zoologie du Muséum sont bichonnées par des équipes de professionnels tout au long de l'année. Entre travaux de taxidermie (ou naturalisation) ou travaux de restauration, beaucoup d'entre elles sont conservées dans la zoothèque, au sein même du Jardin des Plantes.

La taxidermie

La taxidermie est la seule technique de préservation en volume applicable aux animaux terrestres, qui s’avère spectaculaire à la fois par sa mise en œuvre complexe, et par l’ampleur des productions qu’elle permet de réaliser.

La taxidermie est une technique moderne, née du besoin qu’avaient savants et érudits de la Renaissance de préserver les organismes qu’ils décrivaient et comparaient. Si garder une plante, ou même un insecte, s’avère assez facile par la technique de la mise en herbier (on essaiera aussi l’herbier de poissons au début du XVIIIe siècle), presser des Vertébrés que l’on souhaite garder entiers entre des couches de papier s’annonce malaisé !

Dérivés de recettes et méthodes de la momification orientale, élaborée essentiellement entre les XVIIe et XVIIIe siècles, il ne reste presque rien des premières productions, hors quelques spécimens spectaculaires : un crocodile du Nil en Italie, daté de 1530 et une série de chevaux, en Hollande et Allemagne, entre 1600 et 1690.

La Grande Galerie de l’Évolution présente un rhinocéros, longtemps considéré comme le plus vieux en Europe, mais sa taxidermie (on parle aussi de naturalisation) ne remonte « qu’à » 1793. Les collections du Muséum national d’Histoire naturelle recèlent tout de même des spécimens plus anciens : quelques dizaines d’oiseaux et de mammifères provenant de l’ancien Cabinet du roi, c’est-à-dire avant la Révolution. La taxidermie sera la grande méthode, tout au long des XIXe et XXe siècles pour montrer les richesses et les finesses du monde animal, en sciences ou dans d’autres domaines (cynégétique, puis art contemporain aux XXe et XXIe siècles). Ainsi, en quelque deux siècles, des générations successives de préparateurs ont naturalisé environ 90 000 spécimens rien qu’au Muséum national d’Histoire naturelle.

Aujourd’hui, les naturalisations présentées dans la Grande Galerie de l’Évolution ont été fabriquées spécialement pour le parcours de visite (la ferme de la domestication, par exemple) ou ont été restaurées, dans le cas de spécimens plus anciens. Ces travaux sont accomplis dans les ateliers du Muséum, par des taxidermistes rompus aux spécificités des collections muséales. Si la naturalisation donne d’excellents résultats pour une restitution réaliste des mammifères, des oiseaux et de la plupart des reptiles, les poissons en revanche sont le plus souvent des artefacts sculptés, car leur peau trop fine se conserve peu longtemps.

Les méthodes contemporaines s’inspirent toujours du corpus technique ancien, même si la chimie des polymères a permis de grands progrès, pour un réalisme accru et une meilleure pérennité des créations.

Découvrir le métier de taxidermiste

La restauration

La restauration des biens culturels est une démarche ancienne, dont les bases intellectuelles et théoriques ont été développées essentiellement à la fin du XIXe siècle. Elle n’a longtemps concerné que les collections des Beaux-Arts, pour se tourner vers l’Histoire naturelle depuis peu.

La Grande Galerie de l’Évolution représente un des chantiers majeurs sur ses collections que le Muséum national d’Histoire naturelle a connu durant le XXe siècle. Ce chantier a montré que les rénovations d’ampleur étaient possibles pour des musées et des collections de science. Il a surtout été l’occasion d’envisager la restauration de collections anciennes, qui n’étaient pourtant pas réputées pour durer. Cependant, le souhait de pouvoir restituer les collections telles que les visiteurs les avaient connues a motivé cette démarche de rénovation des spécimens.

Si la question se pose moins de nos jours, la restauration des collections naturalistes et en particulier des montages de taxidermie s’est longtemps avérée chose délicate, voire impossible, tant la technique était fluctuante d’une production à l’autre.

Rénovation, restauration, quelle différence, après tout ? Entre ces deux termes se glisse l’épaisseur d’une étude préalable au geste : étude des matériaux constitutifs, compréhension des dégradations, réflexions sur les actions à mener selon la valeur des spécimens et de la manière dont ils peuvent et doivent être exposés. Mais ces études, menées parfois avec les appareillages d’investigation les plus performants, ne peuvent jamais se passer du regard et du toucher du taxidermiste : technologie et expérience d’atelier s’allient au service des spécimens.

La restauration des naturalia a acquis ses lettres de noblesse, grâce aux équipes de taxidermistes du Muséum qui ont accueilli, encadré, enseigné à de nombreux étudiants spécialisés, mais aussi échangé, écouté et complété leurs savoirs pratiques en équipes venant d’horizons variés. Le regard sur les animaux naturalisés a considérablement changé au fil de temps : auparavant perçus comme les trophées poussiéreux d’un passé colonialiste et cynégétique sanglant, ils sont compris de nos jours comme le socle historique et fondateur de nos connaissances actuelles en matière d’environnement : la restauration ne soigne pas que la seule matière, mais également le sens que chaque société et époque donne à son patrimoine.

Découvrir les coulisses de la restauration de la Grande Galerie de l'Évolution

Photo d'une restauration d'un jaguar

Restauration et nettoyage des espèces

© MNHN - J.-C. Domenech
Photo de la restauration d'un jaguar empaillé

Restauration et nettoyage des espèces

© MNHN - J.-C. Domenech
Photo de la restauration d'un jaguar empaillé

Restauration et nettoyage des espèce

© MNHN - J.-C. Domenech
Photo de la restauration d'un jaguar empaillé

Restauration et nettoyage des espèces

© MNHN - J.-C. Domenech
Photo de la restauration d'un jaguar empaillé

Restauration et nettoyage des espèces

© MNHN - J.-C. Domenech

La zoothèque

La zoothèque du Muséum national d’Histoire naturelle est un bâtiment souterrain inauguré en 1986. Élaborée pour le déménagement et la rénovation de la Galerie de Zoologie, devenue Grande Galerie de l’Évolution en 1994, elle est aujourd’hui un espace de réserves.

L’ancienne Galerie de Zoologie, bâtie entre 1877 et 1889, témoignait d’une muséologie des sciences propre au XIXe siècle. Cette Galerie servait tout à la fois de lieu de visite pour le grand public, de « réserves » pour toutes les collections, et de lieu d’étude pour les chercheurs. Le projet de rénovation des années 1980 n’incluant pas cette multiplicité d’activités et de spécimens dans le futur espace, le déménagement s’imposait.

Diverses raisons ont décidé de la création de cet espace de stockage à l’intérieur même du Jardin des Plantes. Le projet et les financements ont été acquis en 1975, mais les travaux ne commencent qu’au début de 1980, et durent jusqu’en 1984. Le déménagement de la Galerie de Zoologie a ensuite requis 2 ans d’efforts, mêlant scientifiques, techniciens, vacataires et prestataires extérieurs.

La zoothèque est un bâtiment de 3 étages, totalisant 6 300 m2 de surface, dont près de 4 000 m2 consacrés à la conservation des collections. Le reste est partagé entre maintenance climatique, salles de travail, circulations. Le lieu est ouvert aux personnels gestionnaires des collections et aux chercheurs, mais pas au grand public, n’ayant pas été dimensionné pour cela : la fin des années 1970 ignorait le concept de réserve visitable.

Les collections sont conservées (certains spécimens sont au Jardin des Plantes depuis 1740 !) dans un climat maintenu à 16°C et 55 % d’hygrométrie à l’année, et sécurisées. Vingt salles regroupent ichtyologie, herpétologie, arthropodes terrestres sauf l’entomologie, une grande partie des collections d’invertébrés marins, des mammifères et des oiseaux, de petits ensembles de minéralogie et parasitologie, au total près de 8 millions d’individus, fraction des quelque 65 millions de lots ou de spécimens préservés au Muséum national d’Histoire naturelle.

La zoothèque s’affirme aujourd’hui encore comme un maillon indispensable à l’acquisition du savoir scientifique : la conservation des collections est le préalable au travail de recherche.

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