L’espèce humaine va-t-elle disparaître ?

Disons-le tout de suite : oui, notre espèce va s’éteindre. Mais pas de panique : tout est une question d’échéance. Guillaume Lecointre, systématicien et professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, nous explique.

L’être humain a du mal à se représenter les échéances. Les sciences, et notamment l’astronomie, nous enseigne que notre étoile, le Soleil, a une espérance de vie de 10 milliards d’années. Âgé de 4,6 milliards d’années, le Soleil en est donc presque à la moitié de sa durée.

Il faut savoir que sa luminosité va croître de 10 % tous les milliards d’années. De plus, son destin stellaire est de passer par un stade de « géante rouge », avec un rayon qui va passer de 700 000 kilomètres actuellement à 170 millions de kilomètres.

Mercure, Vénus et la Terre finiront donc absorbés dans le rayon du soleil dans 4 à 5 milliards d’années environ. C’est l’équivalent de l’âge de la vie sur Terre.

Le Soleil par Atmospheric Imaging Assembly (AIA)

© Domaine public

La vie a encore de beaux jours devant elle…

… Même si la Terre deviendra inhabitable pour le vivant bien avant cette échéance, notamment en raison des températures extrêmes, de l’évaporation des océans, ou encore de la perte de l’atmosphère.

Concernant ces échéances lointaines, comparons avec ce que nous savons : la vie sur Terre date de 3,7 milliards d’années, les animaux n’ont que 800 millions d’années, et parmi eux les vertébrés ont 500 millions d’années d’âge.

L’espèce humaine a 300 000 ans, et les paléontologues nous disent qu’une espèce de vertébré est morphologiquement stable dans le registre fossile durant un million d’années maximum.

Par conséquent, même si l’humain se croit exceptionnel, deux destins peuvent s’offrir à lui. Soit son lignage s’éteint purement et simplement, ce qu’il finira forcément par faire un jour car nul lignage du vivant n’a jamais été éternel ! Soit il se scinde en deux ou en trois, c’est-à-dire que les branches généalogiques filles seront inter-stériles entre elles.

Dans ce cas, la convention de nom que nous devrions poser sur ces branches filles ne seraient plus Homo sapiens, mais Homo « autre-chose ». Homo sapiens aura alors disparu en tant qu’espèce, c’est-à-dire en tant que segment généalogique unitaire.

Et si on déménage sur Mars ?

Vue de la planète mars.

Assemblage de 102 images de Mars prises en orbite 1,334, 22 février 1980 (Viking 1 Orbiter, MG07S078-334SP)

 

© NASA

Faisons une expérience de pensée. Imaginons qu’une colonie humaine parvienne à s’installer sur Mars. Aucun système économique n’a été assez prospère assez longtemps pour faire face à des coûts à la hauteur de ceux induits par des navettes régulières avec Mars sur de longues durées : les civilisations sont faillibles, et tôt ou tard, les navettes cesseront.

Les langues finiront par diverger très vite (des différences sont notables déjà en quelques siècles seulement, et même du centre-ville à la banlieue). Dès lors, l’isolement des deux populations humaines commencera (c’est une règle biologique : les variations dans les populations ne se produisent pas de manière concertée), et aboutira à une inter-stérilité.

Si, à une époque ultérieure ces populations devaient se rencontrer à nouveau, et si elles étaient disposées à utiliser les mêmes conventions qu’aujourd’hui, un même langage courant pour nommer les espèces, alors elles devraient constater la disparition d’Homo sapiens. Les nouvelles populations devraient porter un autre nom, par exemple Homo terrestris et Homo marsensis.

Quel que soit le scénario, Homo sapiens aura disparu, au terme de quelques millénaires. A fortiori de millions ou de milliards d’années.

    Aller plus loin
    Quoi de neuf au muséum ?
    Retrouvez nos actualités et nos dossiers thématiques pour mieux comprendre l'humain et la nature.