Frelon asiatique à pattes jaunes
Vespa velutina nigrithorax
Venu de Chine, le frelon asiatique est considéré aujourd’hui comme une Espèce Exotique Envahissante. En effet, il affaiblit les colonies d’abeilles européennes qui ne savent pas se défendre.
Une espèce sociale
Comme l’abeille domestique, le frelon asiatique vit en colonie. Celle-ci est composée d’une reine (une femelle reproductrice), d’ouvrières (femelles stériles), et durant la période de la reproduction, de mâles et de femelles sexuées (que l’on appellera au printemps les fondatrices). Comme une reine ne vit qu’un an, les colonies sont annuelles, et ce sont les nombreuses fondatrices qui permettent la dispersion de l’espèce sur près de 80 km chaque année. C’est à cause de ses capacités d’invasion et ses nuisances à la pratique de l’apiculture qu’il est considéré comme une "Espèce Exotique Envahissante".
Un insecte reconnaissable
Le frelon asiatique se distingue aisément parmi les autres guêpes : son corps est entièrement noir à l’exception d’un anneau et de la tête qui sont orange, et de ses pattes qui sont jaunes. Son nid, aussi, est très caractéristique : c’est la seule guêpe européenne dont le nid a une ouverture sur le côté et non sur le dessous.
Le nid du frelon
Comme tous les nids des guêpes sociales, le nid du frelon asiatique est constitué de fibres de bois. S'agrandissant au fur et à mesure que la colonie se développe, le guêpier peut finir par mesurer jusqu'à 80 cm de large ! On le trouve généralement en hauteur accroché aux branches d'un arbre, sous des charpentes et plus rarement dans des cavités. Selon la nature opportuniste du frelon, on retrouve son nid aussi bien dans des bâtiments que sur des végétaux.
Construction du nid
Le premier nid d’une colonie de frelons asiatiques est construit par une fondatrice seule, proche du sol, entre les mois de mars et de juin. D'abord de forme sphérique, il grandira de plus en plus vite avec l’apparition des ouvrières et leur augmentation en nombre. Courant août, la plupart des colonies vont déménager vers un nouveau nid construit à plus de 10 mètres de haut dans un arbre. Toute la colonie va y déménager et abandonner progressivement l’ancien nid. Ce deuxième nid se situe à moins de 200 mètres du premier nid. Chaque printemps, les nouvelles fondatrices reconstruisent chacune un nouveau nid, sans jamais utiliser un ancien nid.
Un prédateur d'abeilles
Comme la plupart des frelons, le frelon à pattes jaunes est friand d’abeilles. Certaines espèces d’abeilles (notamment asiatiques) réussissent à se défendre contre les frelons. Lorsqu’un frelon arrive trop proche de la ruche, les abeilles asiatiques forment une boule autour de lui et font monter la température à 45° C en faisant vibrer les muscles de leur thorax sans battre des ailes, ce qui cuit le frelon. Malheureusement, les abeilles européennes n’ont pas cette capacité de défense, essentiellement car elles n’ont jamais eu à se défendre ainsi.
Des proies très diverses
Pour se nourrir en protéines, le frelon chasse diverses proies. Parmi elles, on compte surtout des abeilles, guêpes et mouches. Les frelons asiatiques font des boules à partir de ces proies, boules qu’ils apporteront à leurs larves. Celles-ci, après ingestion, régurgiteront un liquide riche en protéines dont se nourrissent les frelons adultes. En milieu urbain, les frelons ne sont pas confrontés à une grande diversité de proie, ils consommeront donc en grande majorité des abeilles, source de nourriture la plus commune et disponible dans ce milieu. Pour les attaquer, les frelons attendent leur retour en se positionnant en vol stationnaire dos à la ruche. C’est cette présence qui affaiblit considérablement la ruche car les abeilles réduisent leurs sorties. En effet, si elles sortent moins, elles rapportent moins de pollen et de nectar ; leurs réserves risquent alors d’être insuffisantes pour passer l’hiver.
Invasion du frelon asiatique
C’est en 2004 que l’on trouve pour la première fois une colonie de frelons asiatiques vers Agen, en Nouvelle-Aquitaine. Des femelles fondatrices seraient arrivées au printemps dans une cargaison de poteries provenant de Yixing à l’ouest de Shanghai. À cette période propice de l’année, les colonies ont pu se développer normalement. Au printemps de l’année suivante, l’espèce avait commencé à s’étendre sur le territoire français. Fin 2006, les frelons asiatiques s’étaient déjà installés dans 13 départements du Sud-Ouest. Il colonise progressivement les pays voisins, l’Espagne depuis 2010, en 2016 c’est en Angleterre qu’on découvre un nid. En 2023, il est présent dans toute la France hors Corse, du Portugal à l’Angleterre à l’Ouest et de l’Italie aux Pays-Bas à l’Est.
Peut-on se débarrasser du frelon asiatique ?
L’État finance la recherche et l’évaluation de méthodes de lutte contre le frelon asiatique, mais les actions de lutte en elles-mêmes sont renvoyées aux collectivités et organismes apicoles. Pour pallier cette invasion, de nombreuses inventions ont été créées et de méthodes développées, mais aucune n'a encore été démontrée efficace. De plus, certaines d’entre-elles représentent un vrai danger pour la biodiversité car elles tuent souvent des milliers d’autres insectes qui ne sont pas nuisibles.
Ainsi, si l’observation est faite entre juin et octobre et que vous souhaitez détruire ce nid, pensez à le signaler à votre organisme local de lutte. Si vous êtes en Corse, signalez ce nid sur la plateforme ALIEM. Enfin, à toute autre période, si vous ne souhaitez pas détruire le nid, utilisez l’application INPN Espèces pour informer les spécialistes de sa présence sans agir.
En réalité, tous les frelons viennent d’Asie !
Il existe en Asie de l’Est 22 espèces de frelons. Venant de cette région, Vespa crabro (frelon européen) s’est dispersée en Asie du Nord puis en Europe, tandis que Vespa orientalis (le frelon oriental) a conquis le nord de l’Afrique et le sud de l’Europe.
"Trois piqûres tuent", vraiment ?
Non ! Contrairement à la rumeur, trois piqures de frelon asiatique ne causent pas la mort d’un être humain. Il faudrait 50 piqûres pour que cela soit dangereux, et environ 500 piqûres pour tuer quelqu’un. Seule, une piqûre est douloureuse, mais pas dangereuse. Evidemment, pour les personnes allergiques, c’est autre chose : une seule piqure est suffisante et nécessite d’aller à l’hôpital. Dans tous les cas, le frelon asiatique n’est pas un danger sanitaire pour l’humain ; mais pour la pratique de l’apiculture, il représente une réelle menace.
Article rédigé en septembre 2023. Remerciements à Quentin Rome, Responsable "Frelon asiatique et Hyménoptères" à PatriNat au Muséum national d’Histoire naturelle, pour sa relecture et sa contribution.