Depuis quand mange-t-on des fruits de mer ?

De très nombreux sites côtiers sur tous les continents témoignent de la consommation de fruits de mer et de poissons.

Aux origines de la pêche aux mollusques

Il y a plusieurs millions d’années, sur le bord du Lac Turkana au Kenya, et il y a 500 000 ans sur le bord du fleuve Solo en Indonésie, les Hommes* ont consommé des mollusques, poissons, tortues aquatiques ou crocodiles. Ces faits archéologiques sont pour l’instant assez rares, reflétant certainement l’état de la recherche. C’est à partir de 200 000 ans que les preuves deviennent plus nombreuses, en particulier sur les sites côtiers africains (Sapiens) et européens (Néandertal). Les qualités nutritives des poissons et des fruits de mer ont peut-être joué un rôle dans la diversification et l’amélioration de l’alimentation des populations préhistoriques.

Récolte et stockage, anticipation et gestion des ressources marines sont des comportements constatés et induits par la pêche à pied. Celle-ci est, en effet, marquée par une forte saisonnalité et implique une bonne connaissance des rythmes des marées. Le statut des mollusques, en particulier, est multiple : aliment, matière première pour fabriquer des outils ou des hameçons et supports d’objets symboliques. On considère que les plus anciens bijoux de l’humanité ont 100 000 ans. Il s’agit de petits coquillages, les nassarius, récoltés dans un but symbolique et toujours associés à la récolte alimentaire d’autres mollusques, moules ou patelles, par exemple. Les circulations (ou échanges) de certaines coquilles à valeur symbolique témoignent de territoires culturels dépassant des centaines de kilomètres.

  • *du genre Homo

Le boom du fruit de mer

Parure en coquillage de face sur fond blanc

Parure en coquillage (face et revers), Cambodge, Samrong Sen, Age du bronze, IIe millénaire av. J.C., donateur : Henry Mansuy

MNHN

À partir de - 10 000 ans, de très nombreux sites côtiers sur tous les continents témoignent d’une intensification spectaculaire de la consommation de fruits de mer et de poissons. Cela se traduit par des « amas coquillers », qui peuvent atteindre plusieurs mètres d’épaisseur, et permet d’identifier une organisation complexe et hiérarchisée des groupes humains.

Roland Nespoulet, préhistorien au Muséum national d’Histoire naturelle

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