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Communiqué de presse

Une étude franco-chinoise confirme l’antiquité de la présence humaine en Chine

La datation de plusieurs gisements chinois majeurs a été entreprise en utilisant la combinaison des méthodes de la résonance de spin électronique et de l’uranium thorium (ESR/U-Th)1, grâce au soutien du programme EGIDE PHC Cai Yuanpei et de l’Ambassade de France en Chine. Une partie de cette étude, portant sur le site de Longuppo (Chongqing), a été récemment publiée dans la revue Quaternary Geochronology : les résultats préliminaires obtenus sur ce gisement confirment l’antiquité d’une présence humaine en Chine, il y a plus d’un million et demi d’années. Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de la thèse de doctorat de Han Fei, effectuée conjointement au Département de Préhistoire du Muséum national d’Histoire naturelle (UMR CNRS-MNHN 7194) sous la direction de Jean-Jacques Bahain, maître de conférences, et à la China Earthquake Administration de Beijing sous la direction du Professeur Yin Gongming.

Depuis une dizaine d’années, l’hypothèse d’un peuplement ancien de l’Eurasie dès le Pléistocène inférieur2 a été confirmée par plusieurs découvertes paléoanthropologiques majeures, tant en Europe qu’en Asie. Ainsi, une présence humaine ancienne sur le continent asiatique est signalée dès le Pléistocène inférieur, en particulier en Chine. Toutefois, il est la plupart du temps difficile de comparer les données publiées sur les sites chinois avec celles recueillies sur d’autres gisements asiatiques, africains ou européens, car le contexte chronologique de ses occupations anciennes n’y a pas toujours été clairement établi, faute de méthodes de datation adaptées. La compréhension de ce premier peuplement de la Chine passe donc par l’établissement d’un cadre chronologique cohérent des traces de présence humaine ancienne.

 Localisation du site Longuppo (Chine)

© Fei Han / MNHN / China Earthquake Administration de Beijing

Parmi les gisements étudiés, celui de Longuppo, sur le territoire de la municipalité autonome de Chongqing en Chine centrale, vient de faire l’objet d’une publication. Découvert en 1984, et lié par sa faune au Pléistocène inférieur, ce site est généralement rattaché à la première phase de peuplement humain de la Chine. Les fouilles menées en 2003 et 2006 par une équipe franco-chinoise codirigée par les professeurs Hou Yamei (Institute of Vertebrate Paleontology and Paleoanthropology de Beijing) et Eric Boëda (Université Paris X-Nanterre) ont permis de mettre au jour un certain nombre de dents d’herbivores qui ont été échantillonnées pour datation ESR/U-Th.

Les résultats préliminaires obtenus sur sept de ces dents prélevées dans différentes couches archéologiques du complexe stratigraphique inférieur du gisement confirment l’antiquité de ces restes paléontologiques et des industries lithiques préhistoriques qui leur sont associées. Ils permettent de proposer pour ces niveaux un âge minimum compris entre 1,4 et 1, 8 millions d’années. Cet âge, qui doit être précisé définitivement dans les prochains mois par une étude dosimétrique in situ du gisement, confirme donc clairement une présence humaine en Chine dès le Pléistocène inférieur et vient étayer les indices d’une telle présence observée dans le bassin de Nihewan, dans la province du Hebei, en Chine du Nord.

Site de Longuppo

© Fei Han / MNHN / China Earthquake Administration de Beijing

Notes

1. Méthode de datation utilisant les restes paléontologiques comme des dosimètres ayant enregistré la dose totale de radiations qu’ils ont reçue depuis leur enfouissement, c’est à dire proportionnellement à leur âge, et tenant compte du fait que ces restes incorporent de l’uranium au cours de leur histoire géologique.

2. Pléistocène inférieur : Période géologique allant de -2,6 million d’années à - 780 000 ans avant aujourd’hui.

Référence

Han et al., Quaternary Geochronology, 26 mars 2012

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