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Découverte du premier bambou « succulent », une plante capable de stocker de l’eau pendant des mois

Une équipe internationale coordonnée par des chercheurs de l’Institut de Systématique Évolution et Biodiversité (Muséum national d’Histoire naturelle – CNRS – Sorbonne Université – EPHE – Université des Antilles) décrit pour la première fois un bambou dit « succulent », le Laobambos calcareus. Cette étude paraît dans la revue Phytokeys et permet d’apporter un nouvel éclairage sur ce groupe de plantes célèbre mais mal connu.

Les bambous, emblématiques des paysages tropicaux, poussent naturellement sur tous les continents à l’exception de l’Europe et de l’Antarctique. Comptant environ 1600 espèces, ces représentants des Poaceae (famille anciennement connue sous le nom de « Graminées ») sont les parents du riz, du blé ou du maïs. Plante utile par excellence (construction, médecine, alimentation, etc.), ses morphologies les plus extrêmes sont pourtant moins connues : bambous géants de 40 mètres poussant d’un mètre par jour, bambous herbacés nains ne dépassant pas quelques centimètres, bambous lianes s’enroulant aux grands arbres des forêts pluviales d’Asie tropicale, voire bambous adaptés au feu sur le continent américain. En dépit de cette diversité remarquable, jamais un bambou « succulent » n’avait pourtant été décrit.

Comme d’autres plantes succulentes (cactus, aloès, agaves, euphorbes…) Laobambos peut stocker de l’eau dans ses tissus. Il est donc particulièrement adapté à l’extrême saisonnalité du climat tropical de son habitat naturel dans les rochers du massif du Khammouane, au Laos, avec une période de mousson quasi continue et une période de sécheresse intense.

Depuis sa récolte en 2012, Laobambos calcareus n’a jamais été observé en fleur. De ce fait on ignore tout de la durée et de la périodicité de son cycle de floraison, se comptant sans doute en dizaines d’années, comme c’est le cas pour d’autres bambous. L’absence de fleurs ne permet théoriquement pas sa description (il n’est pas d’usage de décrire un bambou sans avoir observé ses fleurs et ses fruits) ; c’est la comparaison récente de son ADN avec celui d’autres bambous qui a permis de confirmer son originalité au sein de la phylogénie des bambous. 

Cette nouvelle espèce est une telle exception qu'il a été nécessaire de lui créer un genre nouveau, Laobambos, dont elle est la seule représentante.

Référence

Haevermans.T, Mantuano.D, Zhou.M-Y, Lamxay.V, Haevermans.A, Blanc.P, Li.D-Z (2020). Discovery of the first succulent bamboo (Poaceae-Bambusoideae) in a new genus from Laos› karst areas, with a unique adaptation to seasonal drought. Phytokeys. Doi: 10.3897/phytokeys.@.51636

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