Bourdon butinant dans une fleur
Recherche et expertise
Communiqué de presse

Biodiversité : où sont les pollinisateurs ? Le programme de sciences participatives SPIPOLL apporte une première réponse

Le Suivi Photographique des Insectes POLLinisateurs (SPIPOLL), programme de sciences participatives associant citoyens, naturalistes et chercheurs, vient de livrer ses premiers résultats. Créé en 2010 par le Muséum national d’Histoire naturelle et l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie), SPIPOLL rassemble aujourd’hui plusieurs centaines d’observateurs partout en France. Menés par les chercheurs du laboratoire « Conservation des espèces, restauration et suivi des populations » (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/UPMC) et les entomologistes de l’Opie, ces travaux montrent que les 4 principaux ordres d’insectes participant à la pollinisation (coléoptères, diptères, lépidoptères et hyménoptères) ne se distribuent pas de manière homogène dans les paysages urbains, agricoles et naturels de France. Les résultats de cette étude sont publiés aujourd’hui dans la revue scientifique PLOS ONE.

Excepté pour quelques espèces d’abeilles solitaires, les paysages urbains sont en général hostiles aux pollinisateurs. Ils accueillent plutôt des communautés d’insectes très différentes et moins diverses que celles de la campagne.

Beaucoup de pollinisateurs répandus et abondants, tels que la mouche automnale ou les halictes (cf. photo), sont des espèces typiques des paysages agricoles. La préservation de ces milieux représente donc un double-enjeu : la conservation des pollinisateurs et le service de pollinisation rendu aux cultures (tournesol, fruits et légumes…).

Enfin, on trouve dans les milieux naturels, très peu exploités par l’Homme, la plus grande diversité de pollinisateurs, notamment les plus rares. Néanmoins ces milieux, habités en partie par d’autres espèces que les milieux agricoles, sont peu susceptibles de jouer le rôle de réservoir pour alimenter ces derniers en pollinisateurs.« Ce qui est nouveau, c’est d’avoir une vue d’ensemble de la distribution des pollinisateurs ordinaires. Cela est possible grâce aux observateurs qui s’intéressent à toutes les espèces et à tous les milieux avec le même protocole. Ce suivi permet d’avoir des données comparables et donc de dresser ces premières conclusions » précise Romain Julliard, l’un des auteurs, chercheur au Muséum et responsable scientifique du SPIPOLL.

En effet, depuis sa création, le SPIPOLL, observatoire du programme de sciences participatives VigieNature, bénéficie d’un réel engouement. En témoignent les centaines de participants, extérieurs au monde de la recherche et dont certains se sont initiés à l’entomologie par ce biais. Gilles Boeuf, Président du Muséum national d’Histoire naturelle, en fait le bilan : « Un peu plus de deux années se sont écoulées depuis le lancement de cet observatoire participatif et cette publication confirme l’intérêt fort d’une collaboration entre entomologistes, tant amateurs que professionnels » (lire l’interview complète sur le blog Vigie-Nature).

« Avec l’automne devant eux, les 894 « Spipolliens » atteindront probablement les 70000 photos-données, offrant ainsi de formidables perspectives d’analyses permettant d’améliorer nos connaissances sur les communautés de pollinisateurs », conclut Mathieu De Flores, co-auteur de l’étude, responsable du SPIPOLL à l’Opie.

Halictidae

© Nicolas - observateur SPIPOLL

Référence

Deguines N, Julliard R, De Flores M, Fontaine C (2012) The Whereabouts of Flower Visitors: Contrasting Land-Use Preferences Revealed by a Country-Wide Survey Based on Citizen Science. PLOS ONE, 20 septembre 2012
 

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