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Communiqué de presse

La pollinisation par les insectes existait déjà au temps des dinosaures

Une étude internationale pluridisciplinaire démontre pour la première fois de manière directe la pollinisation des plantes par les insectes dès le Mésozoïque et indique l’apparition de la socialité chez les insectes Thysanoptères du Crétacé inférieur. Les scientifiques ont en effet identifié dans des morceaux d’ambre plusieurs spécimens d’insectes minuscules couverts de grains de pollen. Les résultats ont été publiés la semaine dernière dans la revue Proceedings of the National Academy of Science (PNAS). Ces découvertes remarquables permettent de mieux comprendre l’origine et la mise en place de la biodiversité.

L’étude à laquelle ont contribué André Nel, paléoentomologiste, et Patricia Nel, spécialiste des Thysanoptères (laboratoire « Origine, structure et évolution de la biodiversité » (MNHN/CNRS)) démontre pour la première fois de manière directe la pollinisation des plantes dominantes du Crétacé inférieur, les Gymnospermes1, par des insectes.

Ces travaux réalisés à partir d’inclusions conservées dans l’ambre et utilisant notamment la tomographie à rayons X assistée par informatique - réalisée au Synchrotron de Grenoble (ESRF) par Paul Tafforeau et son équipe-, indiquent également l’existence de comportement social. Les découvertes suggèrent en effet que les insectes identifiés transportaient le pollen pour nourrir leurs larves (soin aux jeunes, forme de comportement appelé subsocial).

  • 1plantes qui produisent des graines, comme les conifères.

Gymnopollithrips sp. et pollens sur soies spécialisées. Reconstruction 3D par tomographie X

© P. Tafforeau - ESRF

Ce phénomène est mis en évidence par l’existence de soies spécialisées avec une structure en anneau qui retiennent et permettent le transport du pollen. Les insectes étudiés, les thrips, sont de minuscules représentants2 de l’ordre des Thysanoptères qui sont aujourd’hui encore impliqués dans la pollinisation des Cycadales (comme les Cycas) et de plantes à fleurs (Angiospermes). Le spécimen le plus représentatif a été étudié en tomographie à rayons X synchrotron à l’ESRF pour explorer la distribution des grains de pollen sur le corps de l’insecte, en trois dimensions et à très haute résolution.

Les échantillons exceptionnels qui ont permis cette découverte proviennent des gisements d’ambre du Bassin Basque-Cantabrique du nord de l’Espagne (Crétacé inférieur, -100 M.a.), qui ont fourni des centaines d’inclusions. Une fois de plus, l’intérêt des inclusions dans l’ambre pour la paléobiologie et les sciences de l’évolution est souligné. Le territoire français comporte également de nombreux gisements d’ambre du Crétacé, que les chercheurs étudient patiemment à la recherche de trésors scientifiques comme celui-ci.

  • 2Moins de 2 mm de long

Gymnopollithrips sp. et pollens

© E. Penalver / IGME

Référence

Peñalver, E., Labandeira, C.C., Barrón, E., Delclòs, X., Nel, P., Nel, A., Tafforeau, P. and Soriano, C. 2012. Specialized setae, subsociality, and thrips pollination of Mesozoic gymnosperms. Proceedings of the National Academy of Science, 15 Mai 2012

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