Mousses, herbier Tournefort

Ces mousses récoltées en région parisienne, probablement par Sébastien Vaillant, furent intégrées dans l’herbier de Joseph Pitton de Tournefort. Cette collection de plus de 9000 plantes fut léguée au Cabinet du Roi et conservée dans son classement d’origine.

Après des études médicales à Montpellier, Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) voyagea dans les Pyrénées et l'Espagne (1681). Nommé "Assistant" de Guy Fagon au Jardin du Roi (1683) puis professeur de Botanique (1693-1708), il s’appuya sur la morphologie de la corolle pour classer les plantes à fleurs. Il publia en langue française plusieurs ouvrages notamment Eléments de Botanique en 1694, développé en latin en 1700 et Histoire des Plantes qui naissent aux environs de Paris qui inclut de nombreuses herborisations. Tournefort forma ainsi un herbier de plus de 9000 plantes récoltées par lui-même en France, autour du bassin méditerranéen lors de son voyage au Levant entre 1700 et 1702 (Crète, Arménie…) ou encore reçues d’autres naturalistes. Fontenelle dans son éloge funèbre de Tournefort s’exprima ainsi : « La botanique n’est pas une science sédentaire et paresseuse qui se puisse acquérir dans le repos et l’ombre d’un cabinet…».

Et pourtant, c’est à Paris, près de ce qui deviendra le Jardin des Plantes, des suites d'un accident de la circulation, que Tournefort décéda en 1708. Après sa mort, sa collection fut léguée au Roi par testament. Cette décision est inédite à une époque où les herbiers sont considérés comme la propriété des botanistes qui les constituaient, et quittaient de ce fait, lors du départ ou de la mort de ces derniers, le Jardin Royal. Il fut ainsi le premier à permettre la constitution d’un herbier à demeure au Jardin Royal des Plantes Médicinales (aujourd’hui Muséum National d’Histoire Naturelle) représentant en quelque sorte l’embryon de ce qui est aujourd’hui la plus grande collection de ce type au monde !

Ces spécimens de Muscus furent très probablement récoltés en région parisienne par Sébastien Vaillant (1669-1722), son élève devenu lui aussi botaniste au Jardin du Roi. Sur les étiquettes mentionnant Fontainebleau et Versailles, les noms des plantes prennent la forme de véritables phrases en latin (polynômes) décrivant les différents caractères de la plante. Depuis le milieu du dix-huitième siècle, sous l’impulsion de Linné, le nom de la plante comprend deux mots en latin (binôme) : le nom du genre et l’épithète qualifiant l’espèce. Avec une collection telle que celle de Tournefort, un travail de mise en correspondance des nomenclatures pylynôminale et binôminale est nécessaire pour étudier les spécimens.

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