Recherche scientifique

Les Sauroptérygiens, ces reptiles marins qui peuplaient les mers il y a plus de 200 millions d’années !

Au Trias (- 252 à - 201 millions d’années), les mers et océans étaient peuplées par une faune riche. Parmi elle, on remarquera les Sauroptérygiens. Ces animaux, dont il n’existe aucun descendant vivant à ce jour, sont bien connus par leurs fossiles découverts en Europe centrale et en Chine. Un jeune chercheur espagnol, Carlos de Miguel Chaves, viendra d’ici peu au Muséum national d’Histoire naturelle, pour étudier des spécimens récemment découverts dans la Péninsule ibérique.

Les Sauroptérygiens constituent un clade1, aujourd’hui éteint, de reptiles aquatiques qui ont vécu pendant le Mésozoïque, de - 245 à - 66 millions d’années. Ils font leur apparition pour la première fois au début du Trias et se diversifient rapidement à la fois en morphologie et dans leurs modes de vie. Pendant des millions d’années, les mers du Trias étaient habitées par des Sauroptérygiens piscivores et par des animaux durophages2 dont le corps était recouvert de carapaces, de brouteurs d’algues et de grands prédateurs. Le registre fossile global des Sauroptérygiens du Trias ne cesse de s’accroître, et il est particulièrement abondant en Europe centrale et en Chine. Des restes de Sauroptérygiens de cette même époque ont également été découverts en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Amérique du Nord.

L’un de ces Sauroptérygiens est le nothosauroïdé Simosaurus gaillardoti, découvert en Europe et au Moyen-Orient, dans des sites datant du Trias moyen et supérieur. C’était un reptile marin de taille moyenne (environ 3-4 m de long), qui appréciait les lagons et les eaux côtières. Il se nourrissait de proies plutôt coriaces telles que des crustacés, quelques mollusques et des poissons holostéens3.Simosaurus fut découvert au milieu de XIXe siècle non loin de Lunéville. Depuis, de nombreux restes fossiles de ce reptile ont été découverts en Europe, majoritairement en Allemagne.

L’holotype de Simosaurus gaillardoti a été perdu, mais le Muséum national d’Histoire naturelle conserve le néotype4 de ce sauroptérygien, ainsi que les restes d’autres spécimens de Simosaurus et de Sauroptérygiens fossiles provenant de la même localité que le type de Simosaurus gaillardoti.

Contrairement aux autres pays d’Europe, le registre fossile ibérique de ces reptiles était généralement assez pauvre et fragmentaire. Il se composait principalement d’éléments isolés ne fournissant que peu d’informations et ne permettant pas de détermination taxonomique précise. Toutefois, quelques spécimens complets et bien conservés ont été découverts dans certaines localités telles que le site du Mont-ral-Alcover (Catalogne, Espagne). De plus, de récentes découvertes de sites fossilifères en Espagne ont également apporté des éclaircissements concernant la diversité et l’évolution des Sauroptérygiens de Trias de la Péninsule ibérique.

Les recherches de Carlos Miguel de Chaves se concentrent sur un site du Trias en Espagne où l’on a récemment découvert des squelettes bien conservés de sauroptérygiens. Les travaux préliminaires ont révélé les affinités simosauriennes de ce matériel. Grâce à cette visite scientifique au Muséum national d’Histoire naturelle, dans le cadre du programme européen Synthesys, Carlos Miguel de Chaves pourra d’une part mieux comprendre et étudier ce nouveau matériel. D’autre part, ce travail permettra une meilleure définition et une description plus précise du clade des Simosauridés du Trias.

Portrait de Carlos de Miguel Chaves

© MNHN

Carlos Miguel de Chaves est doctorant à l’Universidad Nacional de Estudios a Distancia, Département de Physique mathématique et des fluides, Groupe de Biologie évolutive, à Madrid. Il a débuté sa thèse de doctorat il y a presque trois ans, et ses travaux portent sur les Sauroptérygiens du Trias de la Péninsule ibérique.

Crâne de simosaurus

© MNHN

Notes

1. Clade: ensemble d’organismes possédant un ancêtre commun.
2. Durophage : Qui se nourrit de proies dures par rapport à ses dents et devant être broyées.
3. Holostéen : Poissonactinoptérygiendestructureintermédiaireentreleschondrostéens, moinsossifiés, etlestéléostéens, plusévolués, telsquelelépisostéeetl'amie, ainsiquedenombreuxgenresfossilesdel'èreprimaire.
4. Néotype : spécimen défini comme spécimen de référence d’une espèce dont le spécimen de référence d’origine (holotype) a été perdu ou détruit.