Sur 4 plongées sur le même site, les plongeurs ont côtoyé 2 fois le même cœlacanthe (Latimeria menadoensis), reconnaissable à la disposition unique de ses taches blanches sur le corps. Province Nord des Moluques, Indonésie orientale, 2024. © Alexis Chappuis
Recherche et expertise
Alerte presse

Première observation in situ de cœlacanthes de l'archipel des Moluques, en Indonésie

Une récente expédition menée par l’association française UNSEEN et ses partenaires scientifiques internationaux, dont le Muséum national d’Histoire naturelle à Paris, et locaux des Universités Pattimura et Udayana et de l’Agence Nationale Indonésienne pour la Recherche et l’Innovation, a pour la première fois identifié la présence de cœlacanthes dans la Province Nord des Moluques, en Indonésie orientale. Cette observation fait suite à plusieurs années de collaboration sur l’étude des écosystèmes coralliens mésophotiques (entre 30 et 150 mètres de profondeur) indonésiens et la recherche d’habitats propices aux cœlacanthes à des fins de conservation.

Observation in situ du premier cœlacanthe de l’archipel des Moluques, en Indonésie, fin 2024. Les cœlacanthes peuvent atteindre 2 mètres de long et sont reconnaissables à leurs nageoires charnues et leur queue se terminant par 3 lobes.

© Alexis Chappuis

Après avoir identifié un environnement prometteur au large des Moluques, fondé sur les connaissances acquises sur les habitats des populations de cœlacanthes connues et à l’étude minutieuse de cartes bathymétriques de cette région d’Indonésie, deux plongeurs experts en plongée profonde ont fait la rencontre tant attendue avec un cœlacanthe adulte. Ils ont rapporté les premières images (photos et vidéos) prises in situ par des plongeurs, par -145 mètres de profondeur, de ce cœlacanthe indonésien, Latimeria menadoensis. Cette espèce, découverte en 1997 à Sulawesi, est distincte de sa cousine africaine, Latimeria chalumnae, découverte en 1938 en Afrique du Sud.

Les Moluques seraient ainsi un lieu de passage ou un lieu de vie des cœlacanthes au cœur de l’Indonésie. Le lieu exact de cette observation est gardé confidentiel afin de protéger ces animaux d’éventuelles nouvelles pressions anthropiques, tout en permettant aux scientifiques et autorités locales de mettre en place de meilleures mesures de protection dans cette région isolée.

Il s’agit ici d’une excellente nouvelle pour la connaissance et la conservation des cœlacanthes en Indonésie. Cependant, il est à noter que L. menadoensis est déjà listée comme « Vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN. Ce statut est particulièrement préoccupant dans une région où l’exploitation minière et la déforestation associée, l’utilisation de méthodes de pêche destructives et la pollution plastique impactent profondément le milieu marin et les espèces qui y vivent et dont les communautés locales dépendent fortement.

Cette découverte permet également d’espérer le développement de nouvelles Aires Marines Protégées et l’application stricte de règles ambitieuses liées à la protection de la nature afin, entre autres, de préserver le royaume de l’un des plus lointains et emblématiques cousins aquatiques de l’Homme.

Cette mission a été rendue possible grâce au soutien de partenaires et notamment de Blancpain et de leur programme Ocean Commitment.

Référence : First record of a living coelacanth from North Maluku, Indonesia. Alexis Chappuis, I Gede Hendrawan, M. Janib Achmad, Gaël Clément, Mark V. Erdmann, Frensly D. Hukom, Julien Leblond, Gino V. Limmon. Scientific Reports. 2025.

DOI : https://doi.org/10.1038/s41598-025-90287-7

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