La hausse du niveau marin : une menace pour les zones humides méditerranéennes
Une équipe de scientifiques coordonnée par le Centre d’Écologie et des Sciences de la Conservation (Muséum national d’Histoire naturelle, CNRS, Sorbonne Université) et l’institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes de la Tour du Valat publie de nouveaux résultats dans Conservation Biology, sur l’impact des changements climatiques à venir sur la biodiversité du bassin méditerranéen.
L’étude s’intéresse à 938 zones humides côtières de 8 pays du pourtour méditerranéen importantes pour l’hivernage des oiseaux d’eau. Elle évalue le risque de submersion marine pour ces zones humides, selon différents scénarios de hausse du niveau marin à l’horizon 2100 du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), afin de localiser les plus menacées par la montée de la mer où mettre en place des mesures d’adaptation en priorité. Les chercheurs ont ainsi pu mettre en évidence les risques importants qui pèsent sur ces milieux à fort enjeu de conservation de la biodiversité et plus particulièrement sur les oiseaux d’eau qui en dépendent fortement.
Plus de 320 zones humides côtières (soit près d’un tiers de celles étudiées) sont menacées par la hausse du niveau marin à venir, y compris dans les scénarios climatiques les plus optimistes. Parmi les plus exposées au risque de submersion marine, figurent les zones humides considérées comme d’importance internationale pour les oiseaux d’eau et celles bénéficiant d’un statut de protection. Le Parc naturel régional de Camargue, qui abrite la plus grande zone humide française, pourrait par exemple subir la submersion d’une surface de terres équivalente à quatre fois la superficie de Paris. Parmi les espèces les plus à risques, on retrouve notamment des oiseaux des lagunes côtières tels que l’emblématique Flamant rose (Phoenicopterus roseus).
Les résultats de cette étude soulignent l’urgence de lutter contre le changement climatique et d’élaborer des stratégies d’adaptation à la hausse du niveau marin limitant son impact sur la biodiversité. Ces deux défis peuvent être relevés par la mise en oeuvre de Solutions fondées sur la Nature, telles que la restauration des zones humides côtières.
Références :
Verniest, F., Galewski, T., Boutron, O., Dami, L., Defos du Rau, P., Guelmami, A., Julliard, R., Popoff, N., Suet, M., … & Le Viol, I. (2024). Exposure of wetlands important for nonbreeding waterbirds to sea-level rise in the Mediterranean. Conservation Biology.
DOI : https://doi.org/10.1111/cobi.14288
Fabien Verniest a remporté le 7 mai le deuxième prix ex æquo de thèse du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il s'agissait de la première édition de ce prix créé à l'occasion de la Fête de la science pour renforcer les liens entre le monde scientifique et l’administration au bénéfice de l’action publique, et récompenser l’excellence de travaux en la matière. Les travaux de Fabien Verniest portent sur les apports des méthodes d’évaluation de l’exposition aux changements climatiques et d’usage des sols à la planification des aires protégées et se penchent sur le cas des oiseaux d’eau hivernant en Méditerranée. Une partie de ces recherches font l'objet de cette publication scientifique Exposure of wetlands important for nonbreeding waterbirds to sea-level rise in the Mediterranean dont Fabien Verniest est le premier auteur.
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