Kinkajou dans un arbre yayamadou-montagne dans la forêt guyanaise
Recherche et expertise
Alerte presse

La compensation de la dispersion de graines d'arbres en fruit par le kinkajou est cruciale pour la préservation des forêts guyanaises

Une équipe de recherche de l’Unité « Mécanismes adaptatifs et évolution » (MECADEV) du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN - CNRS) et des arboristes de la Société HEVEA publient des résultats inédits sur la fréquentation des arbres en fruit par le kinkajou, un mammifère carnivore nocturne en forêt guyanaise. Grâce à un dispositif de pièges photographiques placés dans les couronnes en fruit des arbres yayamadou-montagne, les biologistes ont pu mettre en lumière l’importance de cet animal pour la régénération et la diversité des espèces végétales, et in fine, la dynamique des forêts anthropisées et appauvries.

L’objectif initial de l’étude, réalisée en Guyane, est d’analyser l’impact de l’ouverture d’une route nationale entre Régina et Saint-Georges-de-l’Oyapock sur la diversité de la faune de vertébrés mammifères non-volants et des oiseaux. L’équipe de chercheurs et de grimpeurs a ainsi disposé des pièges photographiques dans la canopée d’une dizaine d’arbres yayamadou-montagne du massif forestier à proximité des corridors écologiques de la route. Cette installation a permis de mettre en évidence, au cours de la saison de fructification des arbres équipés, la fréquence élevée du kinkajou, une espèce de frugivore et carnivore nocturne, jusqu’alors peu étudiée dans les Guyanes : la diversité des espèces de fruits qu’il consomme invite en effet à le considérer comme un important disséminateur de graines, complémentaire d’autres animaux également disséminateurs, mais de plus grande taille en forêt guyanaise. Si les animaux frugivores arboricoles et volants représentent les principaux agents de dispersion de graines dans les régions néotropicales, on sait cependant que les espèces nocturnes de la canopée sont peu étudiées. La taille des graines dispersées par les animaux frugivores observés dans les yayamadou-montagne suggère ainsi que le kinkajou, pourtant de faible poids (2-5 kg), peut compenser la perte des autres vertébrés frugivores plus gros et diurnes (5-10 kg) de la canopée. Les pièges photographiques permettent aussi de remarquer que la morphologie du kinkajou lui permet de se déplacer dans la couronne du yayamadou-montagne et d’y saisir les fruits sur les branches. Ces informations sont vitales pour la conservation, car la compensation de la dispersion des graines par les petits frugivores est cruciale dans le contexte d’une augmentation croissante de l’anthropisation des forêts néotropicales, et en Guyane en particulier avec une forte demande en bois et en biomasse.

Référence

Seguigne, M., Coutant, O., Picart, L., Bouton, B. Guilbert, E. & Forget, P.-M. (2022) Arboreal camera trap reveals the frequent occurrence of a frugivore-carnivore in neotropical nutmeg trees. Scientific Reports, DOI : Sci Rep 12, 7513 (2022). https://doi.org/10.1038/s41598-022-11568-z

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